Démarrage difficile en vue. Quand, il y a quelques semaines, les équipes de Box Office Pro pariaient sur un lancement à 70 millions de dollars pour le film The Flash d'Andy Muschietti, les observateurs spécialisés dans l'étude du marché du cinéma aux Etats-Unis s'étaient déjà fait leur avis. Avec ce score, en delta d'une campagne de promo' incantatoire (les équipes de Warner Bros. n'ont eu de cesse de chanter les louanges du long-métrage, depuis de longues semaines), le coup de poker a visiblement eu du mal à prendre sur le grand public.
A l'aube de son premier weekend, The Flash devrait arriver de justesse à toper le score de 70 millions, autrement dit, seulement 3 millions de plus que l'ouverture du Black Adam de Dwayne Johnson. Plus exactement, un montant de 58 à 60 millions entre vendredi et dimanche, et 70 millions d'ici lundi (il s'agit d'un weekend de quatre jours aux Etats-Unis, ce qui a tendance à favoriser les succès au box office pour les gros lancements).
Echec relatif ou succès modéré ?
La rédaction du Hollywood Reporter envisage ce premier montant approximatif, après une première journée de vendredi chiffrée à 24 millions de dollars aux Etats-Unis, dont 9 millions sur les séances en avant-première. Reste maintenant à ajouter les recettes glanées à l'international pour évaluer le démarrage global du film de Muschietti, et les semaines prochaines pour constater de l'érosion probable sur le temps long.
Quant à estimer la qualité de ces 70 millions, plusieurs facteurs rentrent en considération : d'une part, le budget assez important de cette production. 220 millions de dollars, sur la création du film seulement, hors coûts publicitaires. Si l'habitude veut que les studios investissent généralement la moitié du budget de tournage dans les coûts publicitaires (110 millions, donc, à l'aveugle), Warner Bros. a tenté de donner toutes ses chances à The Flash en organisant en amont une projection spéciale à la CinemaCon, avant de promener Michael Keaton dans différents pays pour accompagner le circuit des avant-premières. Avec la part captée par l'exploitation, les taxes, les coûts d'impression pour les copies, les résiduels et les frais annexes, on imagine que The Flash ne sera pas rentable avant d'avoir atteint le seuil des 400 millions de dollars, voire des 500.
Pour comparaison, il est aujourd'hui avéré que le
Black Adam de
Dwayne Johnson (avec ses 260 millions de dollars de budget de production) a perdu de l'argent (entre 50 et 100 millions)
malgré ses 393 millions de dollars de recettes. Accessoirement, dans l'économie moderne du cinéma, l'érosion des entrées en salle d'une semaine sur l'autre a tendance à se poser comme un coup de poignard dans les objectifs de rentabilité - la plupart du temps, une grosse sortie aura tendance à paumer 50% de spectateurs d'un weekend sur l'autre. D'où l'utilité de démarrer vite, et de démarrer fort, pour avoir s'assurer d'une certaine endurance à long terme. A voir donc si
The Flash sera considéré comme un échec relatif... ou comme un petit succès, compte tenu du cas particulier de ce long-métrage hors norme.
Avec huit ans de développement, un énorme scandale public autour de l'interprète principal(e), le public des fans de l'ancien "DCEU" qui sait parfaitement que le film n'aura pas d'effet sur la suite de l'univers... Peut-être que, malgré l'enthousiasme déployé par les équipes de Warner Bros., le studio pouvait en fait difficilement espérer mieux.