La mise en scène orchestrée par les studios Warner Bros. Discovery pour pousser le film The Flash, dans l'espoir de retrouver les bons chiffres des productions super-héros d'avant Justice League, a-t-elle rempli son objectif ? Pas sûr. La rédaction du Hollywood Reporter s'appuie sur ses sources, basées dans le circuit de l'exploitation aux Etats-Unis, pour avancer une première estimation chiffrée. Selon elles, le film d'Andy Muschietti devrait s'ouvrir sur un ensemble cumulé de 70 millions de dollars au box office domestique, pour son premier weekend.
Une estimation à contextualiser, mais qui reste somme toute assez faible compte tenu du battage médiatique de ces derniers mois. Le studio, après l'échec consécutif de Black Adam et de Shazam : La Rage des Dieux, espérait un succès tonitruant - en se reposant sur l'angle "No Way Home" de cette production, qui emprunte à d'anciens films de l'historique DC Comics pour jouer sur l'économie de la nostalgie - et misait sur un discours publicitaire anormalement laudatif. L'idée étant de créer la surprise.
Le Dernier des Six
Pour contexte, si cette somme de 70 millions devait se vérifier, le film The Flash ne représenterait pas de franche amélioration en comparaison des échecs financiers de ces derniers mois. Black Adam s'était lancé avec 67 millions de dollars, avant de freiner très nettement pour aboutir à une défaite commerciale conséquente (et largement engloutie par le budget de production réel de cette tentative de lancement de franchise). Or, si le film de Dwayne Johnson avait coûté cher - très cher même - celui d'Andy Muschietti ne serait pas en reste, avec une enveloppe estimée à 220 millions de dollars pour la fabrication du long-métrage. A cela devront s'ajouter les frais publicitaires, probablement plus importants que les deux précédentes productions de DC Studios.
Warner Bros. aura davantage compté sur
The Flash en ne lésinant pas, cette fois, sur les moyens. Le feuilleton public des frais de
Black Adam avait au moins eu l'intérêt
de mettre des sommes précises sur les frais réels des productions à Hollywood (derrière le fantasme du budget de production, un arbre qui cache la forêt des nombreuses coûts supplémentaires derrière le moindre blockbuster). A savoir, à l'époque, un budget de 260 millions pour le tournage et les
reshoots, et 145 millions pour la campagne de promotion et les frais incompressibles (paiements résiduels, versements aux sociétés de productions annexes et aux partenaires, distribution vidéo sur le long terme, etc). Si
The Flash a effectivement coûté 220 millions de dollars, on imagine que le seuil de rentabilité se situerait donc, au moins, au-delà des 400 millions de dollars de recettes, voire des 500 millions, sur l'exploitation en salles.
A cela devront s'ajouter des calculs supplémentaires (la part captée par les cinémas pour la diffusion du film, les taxes,bref, la tambouille habituelle).
Autrement dit : dans un marché où l'intérêt du public a tendance à vite s'éroder d'une semaine sur l'autre,
Warner Bros. Discovery ne peut pas se permettre de démarrer mollement. Le studio l'a très bien compris, en construisant un discours officiel enthousiaste autour du long-métrage d'
Andy Muschietti. Présenté par
David Zaslav comme "le plus grand film de super-héros de tous les temps",
celui-ci a été présenté à la CinemaCon, en avance, salué par une partie de la presse, et encouragé par un bruit médiatique bien huilé (prise de parole de
James Gunn, encouragements de
Tom Cruise) pour participer à façonner l'impression d'un événement de grande ampleur. Récemment,
Muschietti s'est même amusé
à spoiler un caméo surprise, comme un signal de détresse face à ces prévisions plus faibles que prévu.
Face à ses propres contradictions, le studio doit donc appuyer l'effort pendant les trois prochaines semaines. Il serait intéressant de se demander si les maigres efforts de produire de bons films (Wonder Woman : 1984, Black Adam et Shazam : La Rage des Dieux) n'ont pas fini par écorner la marque DC Studios - ou si le public a simplement envie de se déplacer pour assister aux derniers jours d'un univers mourant et déjà condamné à disparaître. Le comportement d'Ezra Miller, et l'envie apparente des exécutifs de mettre la poussière sous le tapis, impose aussi au studio de faire campagne sans mettre en avant la principale figure de proue de son étrange produit. Une partie du public s'était de toutes façons montrée ferme sur le sujet : hors de question de soutenir le film compte tenu des frasques de l'interprète de Barry Allen, et l'absence générale de discours sur le sujet de la part de Warner Bros.. A voir maintenant si cette part aura un impact réel, sur l'accueil ou les débats qui suivront la sortie du long-métrage.
The Flash est attendu pour le 14 juin 2023 dans les salles françaises.
