Dans l'épilogue d'un long feuilleton comparatif, la sortie du film The Suicide Squad de James Gunn mobilise sur un autre front. La communautés (motivée) de la Zack Snyder's Justice League entend aujourd'hui forcer la main de Warner Bros. pour une nouvelle correction de tir, en faveur de l'autre metteur en scène castré des premières années de DC Films. Les partisans d'une hypothétique "Ayer Cut" se mobilisent, en lâchant quelques informations ou éléments de productions effacés du montage original.
Venue d'Ayer
Dans la foulée de la sortie du premier film
Suicide Squad, le
Hollywood Reporter avait publié une longue enquête revenant sur le calvaire de production de cette commande censée mettre en avant l'équipe de super-méchants. Script en retard, montage arraché au réalisateur, réécritures commandées par le studio, une trajectoire différente pour le personnage de
Harley Quinn et davantage de
Joker, en résumé,
le fantasme d'un meilleur film planqué dans les cartons des locaux de
Warner Bros., quelque part entre de vieilles photographies du mulet de
Nicolas Cage et un prototype en plastique de la
Batmobile-calamar de
Darren Aronofsky.
Sur les réseaux sociaux, le compte "Release the Ayer Cut Suicide Squad" publie depuis quelques jours différents morceaux de production. L'identité des fans à l'origine de cette initiative n'est pas connue, mais il paraît aujourd'hui assez certain que les organisateurs ont reçu un coup de main de David Ayer, qui partage la plupart de leurs posts et interagit avec cette communauté. Incapable de faire fuiter les éléments du premier film lui-même sous peine de se faire taper sur les doigts, le cinéaste a manifestement opté pour cette méthode afin d'alimenter le mouvement. Dans le tas, on tombe déjà sur quelques images.
Plus loin, des éléments de l'intrigue coupée au montage. Plusieurs choses avaient déjà été évoquées.
Harley Quinn devait bien s'émanciper de l'emprise du Joker en cours de film, comme
David Ayer l'avait toujours répété. Cela étant, l'héroïne ne prenait pas forcément la route du célibat qui ouvrait le
Birds of Prey de
Caty Yan : dans le
Suicide Squad original,
Harley serait restée dans l'équipe pour finir avec
Deadshot. En témoigne un extrait de script et une image du baiser qui aurait marqué le premier pas de ce début de relation inattendu, et dont demeurent quelques scènes de flirt dans le montage de la version cinéma.
Manifestement, le projet devait toutefois garder la même scène finale, avec le Joker qui pénètre dans la prison de Belle Reve pour une dernière confrontation avec Harley. Il est probable que leur échange était un peu moins enthousiaste que celui de la version cinéma.
Le personnage du Joker était lui-aussi un peu plus présent. Dans le montage proposé pour les salles, celui-ci disparaît après le crash de son hélicoptère et ne réapparaît que pour la dernière scène du film. Chez David Ayer, le clown survit immédiatement à la chute de l'hélico', et retrouve l'équipe après le combat final. Pointant un flingue sur la tempe de Harley Quinn, celle-ci refuse de lui obéir, et le méchant accepte de la laisser partir en quittant les lieux. Le gimmick du violet devait être aussi un peu plus présent : en plus de la lambo', le script décrit des flingues violets et des couteaux violets un peu partout.
Certaines scènes étaient aussi un peu différente. Le personnage de Monster T (Common) devait au départ se suicider dans la scène du club de strip-tease, poussé à s'ôter la vie par le Joker qui reproche à Harley d'avoir trop attiré son attention. La scène de la transformation de la psychiatre, déjà aperçue dans la première version longue de Suicide Squad, avait aussi quelques répliques supplémentaires. Une autre séquence coupée au montage devait expliquer comment Joker avait retrouvé la piste de Harley et de son incarcération à Belle Reeve, en menaçant le juge qui siégeait au procès de la jeune femme.
Quelques autres scènes se promènent dans le tas : un
Killer Croc plus bavard et intelligible qui propose à
Deadshot de travailler pour lui, comme pour rappeler le passé de super-méchant de ce personnage très largement ignoré au montage, quelques scènes de flirts entre
Deadshot et
Harley, quelques blagues et quelques éléments de la bataille finale, au cours de laquelle
Enchantress aurait apparemment pris en volume et hérité d'une grosse épée. L'
Enchantress devait aussi contrôler certains des membres de l'équipe pour les pousser à s'affronter, parmi lesquels
Katana et
Killer Croc. Voilà voilà.
Dans l'ensemble, le projet ne varie pas si diamétralement de la version cinéma, et on peine encore à trouver les fameuses scènes soulignant le racisme de Captain Boomerang. On notera toutefois que le personnage de Diablo n'était pas censé mourir dans le scénario original, survivant à son affrontement contre l'Incubus.
Interrogé, le metteur en scène promet que l'ensemble des scènes coupées au montage ont bel et bien été tournées et, à l'exception du combat contre l'
Enchantress, probablement pas terminé en post-production, on imagine assez facilement que la version originale
serait facile à mettre en boîte. Sur le papier, l'ensemble des coupes effectuées par
Warner Bros. restent toutefois largement moins importantes que pour la
Justice League de
Joss Whedon. Si le public paraît avoir envie de rendre aux premiers réalisateurs de
DC Films les moyens de leurs projets, il n'est pas certain que le résultat sera, cette fois, si différent. Le différentiel se jouerait peut-être davantage sur le plan de la version cinéma et de la version longue de
Batman V Superman, en termes de tonalité.
De son côté, Warner Bros. a fait le choix de sortir The Suicide Squad, pour tourner la page. Avec la série The Peacemaker en visuel, il n'est pas certain que le studio acceptera de céder cette fois-ci, compte tenu des problèmes posés par la Zack Snyder's Justice League pour la canonicité du film New Gods, sacrifié par peur d'irriter les adorateurs du Darkseid de la "Snyder Cut".