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The Marvels : Bob Iger attribue l'échec du film à ''un manque de supervision'' du fait d'un tournage en plein COVID

The Marvels : Bob Iger attribue l'échec du film à ''un manque de supervision'' du fait d'un tournage en plein COVID

NewsCinéma

C'est désormais une certitude : le film The Marvels va entrer dans l'histoire comme l'échec le plus conséquent de la saga Marvel Studios, dans une période plutôt compliquée pour l'usine à super-héros du groupe Disney. Et dans ce genre de cas de figure, les studios ont tendance à chercher un responsable. Prenez le cas d'Ant-Man & the Wasp : Quantumania, par exemple. Après la sortie du dernier film de Peyton Reed sur le héros miniature et sa petite troupe de copains, les têtes pensantes du groupe avaient décidé de mettre la faute sur le dos... de Victoria Alonso, ex tête couronnée de la maison Marvel Studios en charge de la supervision des effets visuels. 

Celle-ci avait été mise à la porte de l'entreprise suite à l'échec de ce dernier produit, et de nombreux spécialistes de l'industrie avaient alors pointé du doigt cette stratégie du "fusible", utile pour éviter de remettre en question tout un modèle de production en passe de sérieusement s'essouffler. Pour The Marvels, Disney avait déjà amorcé une sorte de campagne de dénigrement à mots couverts autour de Nia DaCosta, en laissant filtrer dans la presse plusieurs déclarations des producteurs de chez Marvel Studios à charge contre la réalisatrice, accusée de ne pas avoir assisté à la post-production du film. Comme pour préparer le terrain, en amont d'un échec déjà amorcé par les faibles réservations et les premières estimations décevantes.

Finalement : c'est la faute au COVID

Cette tactique du doigt pointé contre la salariée en poste sur cette dernière commande a effectivement évolué vers un discours plus global. Bob Iger, président général du groupe Disney, a récemment été interrogé sur l'échec de The Marvels lors d'un sommet couvert par la rédaction du New York Times, entre autres sujets d'actualité. L'homme fort du conglomérat, rappelé au pouvoir pour naviguer l'appareil productif à travers une tempête particulièrement menaçante (avec l'objectif de remettre l'entreprise à flot, après la présidence de Bob Chapek, l'énorme dépense engendrée par les investissements dans la plateforme Disney+, l'échec consécutif de plusieurs franchises importantes en l'espace de quelques mois, etc), admet une part de responsabilité des producteurs dans cette catastrophe récente... à certains degrés.
 
Iger a effectivement expliqué que Disney avait peut-être un peu trop tiré sur la corde des suites. Il explique que s'il ne compte pas "s'excuser" d'avoir suivi cette stratégie, dans la mesure où  "certaines d'entre elles ont très bien fonctionné sur le plan économique, et quelques unes étaient même très bonnes", il fallait aussi voir "par-delà les règles du commerce" et qu'au global, le groupe avait validé "trop de suites" au fil de ces dernières années.
 
"Ca ne veut pas dire que nous allons arrêter d'en faire. Nous travaillons en ce moment sur plusieurs films de cette catégorie, d'ailleurs (ndlr : Inside Out 2, Mufasa, La Reine des Neige 3, Toy Story 5, les nombreuses suites de films Marvel Studios...). Mais dorénavant, nous ne validerons la mise en place d'une suite que lorsque nous estimerons que celle-ci aura un réel intérêt."

Une façon intéressante d'admettre que de très nombreuses productions Disney de ces dernières années n'avaient aucun intérêt en dehors de la nécessité économique du moment. Pas de surprise à l'horizon : en bon conglomérat, l'enseigne n'a jamais dissimulé cette réalité. En revanche, ce discours qui voudrait que les prochains projets soient guidés par un impératif de qualité ou d'utilité est évidemment une nouvelle parade marketing - dans les faits, le groupe va surtout mesurer avec plus de précautions les projets susceptibles d'être rentables d'ici à un avenir immédiat. Et il n'est même pas nécessaire de déformer les propos de Bob Iger pour en attester : le président du groupe a lui-même admis en amont de cette année que, face à la crise, les différents studios du consortium allaient se recentrer sur les valeurs sûres, bien établies, et éviter de prendre des risques pour le moment. Pour plus de détails, voir la petite liste formulée dans le paragraphe supérieur.
 
Dans le même ordre d'idée, il a aussi admis, à l'échelle de cette année, que le modèle global de production ne pouvait plus fonctionner à l'aune des nouvelles réalités du marché du cinéma depuis la fin de la pandémie. A mots couverts, mais l'on devine assez facilement de quoi parle Bob Iger entre les lignes : les productions à 300 millions de dollars de budget, comme Indiana Jones 5 ou La Petite Sirène, n'ont plus de raison d'être dans un monde où il est devenu plus difficile d'atteindre le milliard de dollars au box office sur une exploitation globale.
 
"Je veux dire, nous en étions arrivés à un point où si un film n'empochait pas le milliard, nous étions déçus ! C'est un degré d'exigence irréaliste, et je pense que nous devons apprendre à devenir plus raisonnables."
 
En somme, le président directeur général semble avoir retenu quelques unes des leçons de cette année, et faire amende honorable sur certains points... mais pas tous. Pour justifier l'échec de The Marvels, Bob Iger a deux explications qui lui viennent naturellement - et qui n'ont évidemment rien à voir avec la lassitude du public pour la formule calibrée, sans surprise et sans risque de Marvel Studios, ni avec l'échec général de la Phase 4 et l'incapacité de Kevin Feige à relancer un univers fédérateur et enthousiasmant. Non, au contraire : si le film s'est planté, c'est parce que Feige n'était pas capable d'être là à chaque heure du jour derrière Nia DaCosta pour lui dire quoi faire... à cause du COVID !
 
"The Marvels a été tourné pendant la pandémie. Il n'y a donc pas eu de vraie supervision sur le plateau de tournage, pour ainsi dire, où on a généralement des producteurs qui peuvent surveiller ce qui se fait au jour le jour."
 
En résumé, The Marvels ne se serait pas vautré à cause de l'uniformisation lassante du cinéma des super-héros, mais plutôt parce que le génie à l'origine du modèle ne pouvait pas empêcher l'artiste de faire son propre film ? Cette excuse paraît difficile à entendre, dans la mesure où le projet ne ressemble pas vraiment aux autres films de Nia DaCosta, avec un déroulé docile, fidèle au cahier des charges en vigueur, et sans réel point de vue artistique tranché ou susceptible de le distinguer d'une autre production Marvel Studios prise au hasard.
 
Il est même assez curieux de voir Bob Iger dégainer ce motif de justification, lorsque l'on sait que Doctor Strange in the Multiverse of Madness, souvent cité comme l'un des films les plus convaincants de ces dernières années chez Marvel Studios (avec des idées qui semblent tout droit sorties de la tête de son réalisateur, Sam Raimi), a justement profité du "manque de supervision" de Kevin Feige pour se permettre quelques libertés... et empocher 955 millions de dollars au box office au moment de sa sortie. Dans le même ordre d'idées, Black Panther : Wakanda Forever a aussi été tourné en pleine pandémie, avec les problèmes que l'on connaît, et pourtant le film s'en est aussi mieux tiré au box office. En somme, cet argument plutôt idiot à entendre semble plutôt accompagner l'idée d'une vendetta personnelle envers Nia DaCosta, comme pour appuyer le fait que la réalisatrice n'était pas en mesure de tourner son film toute seule sans l'assistance bienveillante de Feige et de sa troupe de contrôleurs des travaux finis.

Tant qu'à faire, Bob Iger aurait aussi pu accuser les régisseurs, les éclairagistes, la pluie ou la marque de café utilisée sur les plateaux de tournage ("Dégueulasse ! Dégueulasse ! Comment vous voulez bosser convenablement quand les équipes s'enfilent cette saloperie d'arabica du Franprix avant d'allumer les bécanes ? Bah voilà, c'est pas notre faute. Et paf."), mais tant qu'à donner dans le consensuel, on a qu'à dire que c'était la pandémie. Après tout pourquoi pas : la pandémie, on n'y peut rien. La pandémie, c'est la faute à pas de chance. Et en plus, la pandémie, c'est le fusible qu'on peut accuser sans devoir verser des indemnités de licenciements. Pratique, utile. Merci, Bobby.
 
Corentin
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