Avec le bon carnet de chèque, on a rarement besoin de s'embarrasser en frais d'avocats. Et si cette équation ne semble pas particulièrement rentable, sur le plan financier, force est d'admettre que celle-ci s'est imposée comme une sorte d'habitude du point de vue du groupe Disney depuis quelques années. A chaque fois qu'un potentiel conflit embarrassant se présageait à l'horizon, le conglomérat a eu tendance à accepter de payer. Souvent, pour acheter le silence d'ancien(ne)s employé(e)s, une façon d'admettre un tort en s'évitant le coup de semonce d'un arbitrage juridique. Victoria Alonso, habituée de la maison et ancienne du groupe Marvel Studios, a pu faire l'expérience de cette "méthode douce", à l'amiable.
Rupture Conventionnelle
Flanquée à la porte récemment, la productrice aura passé plus de quinze ans dans les locaux de
Marvel Entertainment, avant et après la migration des propriétés intellectuelles du groupe vers le portefeuille
Disney. Quelques mois après la sortie d'
Ant-Man & the Wasp : Quantumania, les employeurs avaient pris la décision de la licencier. Au motif d'un contrat de travail qui lui interdisait de produire pour les sociétés concurrentes - hors,
Victoria Alonso aura justement participé à la création du long-métrage
Argentina, 1985, sous la houlette d'
Amazon Studios. Un projet passion pour cette ressortissante de la nation argentine. Le film obtiendra un
Golden Globe et une sélection aux
Oscars lors de la récente saison des cérémonies aux Etats-Unis.
Alonso avait expliqué que
Disney lui avait donné son accord pour cette participation hors contrat, et que la date de son licenciement ne semblait pas particulièrement coller avec l'horizon de production du long-métrage (déjà sorti, exploité en salles et salué par la critique et les réseaux de spécialistes au moment de sa mise à pied). En somme, le groupe se serait dans ce cas servi de ce motif pour justifier le départ d'
Alonso, faute d'avoir une meilleure excuse à proposer à la presse. Après avoir mené l'enquête, plusieurs rédactions spécialisées ont estimé de leur côté que la productrice, connue pour superviser les départements des effets spéciaux pour
Marvel Studios, avait été sanctionnée pour les performances chaotiques du film
Ant-Man & the Wasp : Quantumania. Echec commercial et critique, ce-dernier aura notamment été attaqué pour la qualité de ses visuels. La théorie en vigueur voudrait, donc, que
Victoria Alonso aura servi de fusible pour donner l'impression que l'enseignement a été tiré après l'échec du film de
Peyton Reed - quelques semaines avant un sommet actionnarial très attendu, et dans un moment où le groupe
Disney se devait de rassurer ses investisseurs.
D'autres motifs
avaient aussi été envisagés, mais le résultat est le même : les avocats de
Victoria Alonso avaient été prompts à contre-attaquer en expliquant que le motif de son licenciement était absurde et infondé, et que la dame ne comptait pas en rester là. Or, pour en revenir à la solution du carnet de chèque, la rédaction de
Deadline sonne (déjà) la fin du match. Les avocats de
Disney et d'
Alonso se sont entendus sur un accord à l'amiable en dehors des tribunaux, et selon les sources des journalistes, pour un montant de plusieurs millions de dollars versés à la productrice. En échange de quoi, celle-ci renoncera aux poursuites pour licenciement abusif, et acceptera de se taire sur les raisons réelles de sa mise à pied. Dans ce genre de litiges, les parties concernées ont de toutes façons pour consigne de tenir secrets les termes de l'accord signé (par le prisme magique des clauses de confidentialité), ce qui signifie que nous n'en saurons donc pas plus. Du moins, pas officiellement.
En définitive, une séance de plus dans cet espèce de cirque des prises de paroles et des coups de pression par avocats interposés qui s'achève de la même façon, comme cela avait été le cas au moment du conflit entre Scarlett Johansson et Marvel Studios au sujet du film Black Widow. Là-encore, Disney avait accepté de dédommager la vedette, autrement dit, de reconnaître la difficulté de l'emporter au pénal si un juge finissait par se saisir de l'affaire, pour préférer payer directement et ne pas avoir à ouvrir les coulisses en cas de secrets honteux. Les versements de ce genre de sommes passent donc pour de sympathiques aveu d'échecs pour le conglomérat - à voir si la méthode parvient encore à berner les actionnaires.