Sorti il y a déjà quelques années, le film Brightburn de Brian Gunn et Mark Gunn devrait avoir droit à une suite. La rédaction de Deadline a évoqué le projet, dans le cadre d'une chronique consacrée aux objectifs immédiats de la société de production The H Collective (ou "THC"), à l'origine du premier volet, et en charge du développement de ce second long-métrage.
Dans le même article, plusieurs autres produits avaient été évoqués, et sur un plan plus général, l'entreprise fait surtout les gros titres pour avoir affiché son intention de piocher dans les dernières technologies en vogue (nominativement, l'intelligence artificielle, les canaux du Web3 associées aux contenus crypto', et le "métaverse") dans les plans de financement et la fabrication de ses prochaines productions. Les locaux de THC sont installés à Dubai, et la société est financée en majorité par des capitaux britanniques, singapouriens et hongkongais. L'enseigne entend monter son propre pôle de divertissement mixte, H3 Entertainment.
Brightburned
L'annonce tombe dans un moment de tension conséquent à Hollywood, où deux des trois grands groupes syndicaux traditionnels (la
Writers Guild of America et la
Screen Actors Guild)
mènent une grève de grande envergure contre les studios représentés au sein de l'alliance des producteurs (
AMPTP). La liste des revendications à l'origine de la discorde incluent, notamment, les dangers qui pèsent sur l'emploi des scénaristes, comédiennes et comédiens d'ici les années à venir à l'aune des technologies relatives à leur intelligence artificielle, et leur intégration dans les pipelines de production. Récemment, l'
AMPTP avait ouvert la porte à la possibilité de scénarios de cinéma réalisés par des logiciels d'IAs, et plusieurs sources concordent quant à l'utilisation de processus de restitution virtuelle
pour les métiers de la figuration.
Dans ce contexte extrêmement tendu, et à l'aube d'un débat de fond sur le remplacement de compétences intellectuelles par les intelligences artificielles génératives d'ici les années à venir, THC revendique l'utilisation du procédé comme un progrès nécessaire. Les deux fondateurs de la compagnie, Mark Rau et Kent Huang, se sont exprimés dans les colonnes de Deadline.
"Le but est d'introduire de nouvelles sources de revenus via le Web3 et le Métaverse, pour créer un modèle de partage des profits pour le divertissement plus juste et plus inclusif pour celles et ceux qui participent à l'écosystème, les fans, les créatifs, les propriétaires d'IP incités à participer et à en tirer profit. Egalement, THC développe des méthodes d'utilisation de l'IA pour utiliser les données du divertissement et pour introduire un usage responsable des éléments de l'IA dans le processus créatif."
L'article de Deadline ne précise pas si ce communiqué de presse a été rédigé par ChatGPT.
Les deux fondateurs développent un discours d'apparence rassurant, sans doute pour dévier les critiques éventuelles du public au sujet du danger pour l'emploi. Rau et Huang assurent en effet que cette méthode "complémentera et améliorera la main d'oeuvre humaine plutôt que de la remplacer." Une parade discursive en passe de devenir une sorte d'argument irrévocable de la part des financiers, qui présentent généralement l'IA comme un "outil", en promettant à chaque fois que l'objectif n'est pas de rogner sur les coûts ou la masse salariale. Récemment, la société de production Method Studios, spécialisée dans les effets spéciaux, avait avancé un discours du même ordre lors de la série Secret Invasion.
Le public s'était en effet aperçu que le générique du nouveau feuilleton des entreprises
Kevin Feige avait été réalisé avec l'assistance de l'intelligence artificielle. A l'époque, les porte-paroles avaient assuré
que cet exercice n'avait pas engendré de destructions concrètes d'emplois humains et salariés. Quelques jours plus tard, les internautes avaient alors fait le calcul : entre le générique de
Ms. Marvel, créé en suivant les méthodes traditionnelles de l'animation, et celui de
Secret Invasion, produit avec l'assistance de l'IA, la masse salariale avait été diminuée aux trois quarts. A voir combien de temps l'argumentaire de "l'outil" pourra encore durer si ce genre d'opérations devait être amenée à se répéter d'ici les années à venir.
En l'occurrence, l'ajout des variables "Web3" et "métaverse" auraient tendance à poser un autre problème, compte tenu du nombre d'escroqueries débusquées dans ces deux domaines de compétence par des start-ups douteuses au fil des seize derniers mois. Remarquez, qui n'aurait pas envie de faire confiance à deux gars qui ont choisi de nommer leur propre compagnie d'après les trois lettres de la molécule du cannabis ?
La rédaction de Deadline précise au passage que James Gunn, producteur sur le premier Brightburn, détient une partie des droits de cette propriété intellectuelle au regard de la loi américaine. A l'époque, le metteur en scène avait décidé de donner un coup de pouce à Brian Gunn et Mark Gunn (respectivement, son frère et son cousin), en participant à ce projet de réinvention morbide de l'enfance de Superman. Pour celles et ceux qui ne l'auraient pas vu, Brighburn s'intéresse en effet à une version maléfique de Clark Kent - un enfant extra-terrestre recueilli et élevé par un couple d'agriculteurs dans la ruralité des Etats-Unis. Mais là où le vrai Superman était animé de bonnes intentions à l'égard des humains, malgré sa très grande puissance, l'enfant de Brightburn aurait plus à voir avec un monstre envoyé par les aliens pour éradiquer l'espèce dominante sur Terre.
Deadline ne précise pas si James Gunn est impliqué dans ce projet de suite, encore à un stade extrêmement précoce à l'heure de rédaction de cet article.
