L'échec est colossal. Après avoir déjà démarré en dessous des estimations, et loin des objectifs fixés au départ, The Flash enregistre une chute record pour son deuxième weekend d'exploitation en salles. Aux Etats-Unis, le film n'a réussi à générer qu'un modeste ensemble de 15 millions de dollars (ce qui représente une baisse de 72% de la fréquentation d'une semaine sur l'autre), et 26 millions à l'international. Ce qui porte ce second weekend à un score de 41 millions, et un ensemble cumulé de 210 millions depuis la sortie du long-métrage d'Andy Muschietti.
Avec un budget estimé à 220 millions de dollars, et une campagne de promo' chiffrée à plus de 100 millions par les experts du secteur, il est aujourd'hui assez certain que The Flash représentera une perte nette de capital pour le groupe Warner Bros. Discovery. Un échec qui pourrait même s'avérer supérieur à celui du Black Adam de Dwayne Johnson. Très mauvaise nouvelle pour le conglomérat, actuellement à la recherche d'argent frais pour remplir les caisses. Pour rappel, les problèmes d'argent de la nouvelle structure WBD avaient déjà poussé les têtes pensantes du groupe à annuler le film Batgirl (pour profiter d'exonérations fiscales) et a repousser certaines grosses sorties, à défaut d'avoir les moyens d'assurer deux campagnes de promotion onéreuses sur un espace temps trop serré.
The death of a universe... in a Flash
La rédaction des Toiles Héroïques, toujours à la pointe sur l'analyse des chiffres du box office, constate l'étendue des dégâts : cette baisse de fréquentation de 72% accuse un coup de fatigue historique pour le petit milieu du cinéma des super-héros. Le film d'Andy Muschietti devient ainsi le deuxième de la catégorie à s'être effondré aussi vite, juste derrière le Morbius de Sony Pictures (73,8% de pertes d'une semaine sur l'autre), et à quelques points d'Ant-Man & the Wasp : Quantumania (69,9%).
Notons au passage que ce genre de contre-performances n'est pas nécessairement indicateur de mauvaise qualité - dans la mesure où cette liste des films vite digérés, peu consommés intègre également le long-métrage The Suicide Squad de James Gunn (71,49%), accueilli favorablement par le public et à l'origine de plusieurs spin-offs. De la même façon, si de nombreux spectateurs n'ont pas été convaincus par le travail d'Andy Muschietti, The Flash n'est pas à considérer comme un échec critique formel. Actuellement, le film reste mieux représenté sur l'agrégateur RottenTomatoes que nombre de productions costumées avec 65% d'avis favorables dans les critiques formulées par la presse professionnelle. Ce consensus reste donc très supérieur à celui de Black Adam (38%) ou d'Ant-Man & the Wasp : Quantumania (46%), deux oeuvres considérées comme des échecs à différents niveaux de gravité.
En attendant de pouvoir faire un bilan plus officiel de la catastrophe qui s'annonce, les premières raisons les plus évidentes sont aujourd'hui d'ordre public : les différentes affaires relatives à l'attitude d'Ezra Miller dans le civil, la mort annoncée de l'ancien univers DC Films et l'incapacité du public à se projeter dans l'avenir, le ridicule avoué de cette drague des anciens fans à coups de référents très appuyés au Batman de Tim Burton (au moment où une partie du public commence à se détourner de cette méthode du tout-fanservice), et la stratégie de communication de Warner Bros. et de David Zaslav qui n'ont pas hésité à survendre le projet à coup d'arguments laudatifs extrêmement exagérés.
Sur ce sujet, là où beaucoup estimaient que
Warner Bros. ne pouvait pas "se permettre" d'annuler la sortie de
The Flash dans la foulée du feuilleton médiatique autour d'
Ezra Miller l'année dernière, en définitive, il sera peut-être temps de refaire le match d'ici quelques semaines. Le film d'
Andy Muschietti risque d'avoir énormément de mal à atteindre les 300 millions de dollars de recettes. Or, si les studios livrent des estimations de budget peu ou prou officielles, le cas de
Black Adam a été l'occasion, pour beaucoup de fans,
de découvrir que les financiers ont souvent tendance à maquiller la réalité. Les grands groupes préfèrent généralement annoncer une fourchette basse (voire très basse) pour ne pas effrayer les actionnaires. D'ici quelques années, le budget de production réel de
The Flash finira par être lâché par un organe de presse - voire même le budget publicitaire, tant qu'à ouvrir les comptes.
Et alors, peut-être pourra-t-on constater de l'état de la vautre. S'il manquait 100 à 150 millions de dollars à
Black Adam pour atteindre un point d'équilibre, difficile de ne pas se dire que
Warner Bros. avait besoin d'au moins 400 ou 500 millions de dollars de recettes pour rentrer dans ses frais avec
The Flash. Quand le président d'un groupe de la taille de
WBR tente lui-même de vous convaincre de la qualité d'un projet, comme pour vous persuader d'aller au cinéma, quand le réalisateur va spoiler les caméos prévus au programme
pour générer un peu de bruit médiatique, vous pouvez imaginer qu'ils ont vraiment, vraiment besoin que le film fonctionne et fasse rentrer de l'argent. En définitive, cette sortie va surtout contribuer à écorner l'image de
Warner Bros. Discovery, de
David Zaslav, et même de
James Gunn, contraint de participer à l'effort promotionnel de par ses activités de président de
DC Studios au point de décevoir pas mal de ses propres fans.