Tout juste libéré de ses obligations chez DC Comics, le bon Chip Zdarsky s'autorise un retour aux sources. Dans tous les sens du terme, d'ailleurs. Surtout connu pour son travail chez Marvel (en dehors de ses nombreuses prestations sur le marché indépendant), le scénariste va finalement revenir en héros dans la maison familiale, pour reprendre les commandes de la série Captain America. Et pour cette fois, les encombrements de routine semblent avoir été dégagés du chemin. Déjà, le bonhomme n'aura pas besoin de composer avec les impératifs qui accompagnent le poste de scénariste en chef du comics Batman. Sans avoir besoin de piloter toute une ligne, ou de répondre aux impératifs urgents d'une communauté particulièrement féroce, Zdarsky va peut-être enfin pouvoir retrouver sa zone d'expertise : la périphérie.
Les fans l'auront probablement oublié (parce que sa série Daredevil a probablement eu l'effet d'un trompe-l'oeil collectif), mais c'est pourtant un constat que l'on peut poser sur l'ensemble de sa carrière : d'ordinaire, ce scénariste est simplement meilleur sur les plus petits personnages (Howard the Duck, Star-Lord) ou lorsqu'on lui laisse la possibilité de s'amuser avec des idées plus inhabituelles, plus expérimentales, ou simplement, libérées de l'impératif canonique (L'Ombre du Symbiote, Spider-Man : Life Story, Avengers Twilight, etc). Et même si le personnage de Captain America passe généralement pour l'une des mascottes essentielles du catalogue Marvel, de fait, le personnage offre suffisamment de dérivatifs potentiels pour dégager un large choix de perspectives aux scénaristes qui en ont la charge. Et en l'occurrence, Chip Zdarsky compte bien en profiter pour se dégager du canon utile et immédiat : la nouvelle série remonte aux origines... ou plus exactement, aux origines une fois le héros libéré de la glace.
En compagnie de l'artiste Valerio Schiti, l'auteur compte manifestement s'orienter sur l'idée d'un Steve Rogers "hors du temps". Celui-ci vient tout juste d'être décongelé, et s'aperçoit rapidement que le monde autour de lui a énormément changé depuis la Seconde Guerre Mondiale et les années quarante. Les variables du bien et du mal ne sont plus alignées sur les conceptions d'autrefois, les guerres secrètes opèrent dans les ombres, et un mystérieux dictateur vient de prendre d'assaut une nation toute entière en Europe de l'Est. On imagine bien que Chip Zdarsky compte profiter de cette parabole pour explorer certains sujets du présent (en un sens, dans la même veine que ce que Joe Michael Straczynski avait proposé tout récemment), mais pour l'heure, la promesse repose surtout sur l'idée d'un Captain America : Year One, faute de meilleure accroche.
"Tandis que Captain America était encore plongé dans un sommeil profond au milieu de la glace, le monde changeait, à la fois pour le meilleur, mais aussi pour le pire. Steve Rogers va maintenant se réveiller dans une réalité où les guerres évoluent depuis les ténèbres, entre les secrets et les subterfuges, et où les adversaires sont devenus difficiles à identifier. Mais lorsqu'un aspirant dictateur (nommé Victor von Doom) entreprend de conquérir l'état de Latvérie, Steve se retrouve confronté face à un choix crucial: devoir s'adapter à ces guerres d'un genre nouveau... ou bien faire ce qu'il a toujours fait jusqu'ici."
Captain America #1 est attendu pour ce mercredi 2 juillet 2025 avec une couverture de l'artiste Ben Harvey.