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Marvel annonce deux mois de variantes Miracleman pour l'automne (en prévision du retour de Neil Gaiman)

Marvel annonce deux mois de variantes Miracleman pour l'automne (en prévision du retour de Neil Gaiman)

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Enfin un mois thématique de couvertures variantes intéressant ! Pas tellement pour l'accumulation de numéros ou les commandes que les libraires auront à passer, en écrasant comme chaque fois le marché à coups de covers inutiles. Non, cette fois, l'intérêt est moins la fumée que le départ de feu : depuis quelques années, Marvel nous a habitués à cette tactique de mise en avant, où des dizaines de couvertures variantes envahissent les séries en cours de parution à l'effigie de tel ou tel personnage, pour faire la promotion de certaines nouveautés.

Par exemple, Alien et le Predator ont eu droits à leurs propres mois thématiques. L'anniversaire de Spider-Man a mobilisé un événement équivalent, et le Hellfire Gala y a également droit en ce moment même. En somme, les couvertures variantes éparpillées en une poignée de semaine font partie de l'arsenal promotionnel du Marvel moderne, et l'annonce d'un double-mois Miracleman a donc tout d'une confirmation à mots couverts. La série annoncée depuis des années, par Neil Gaiman et Mark Buckingham, devrait enfin finir par voir le jour après une longue attente.

It's a Bird, it's a Plane, It's A Miracle

Difficile de résumer le fastidieux feuilleton de parution de Miracleman à travers les époques. Prenons les choses dans l'ordre. Apparu pendant l'âge d'or, celui que l'on appelle aujourd'hui Miracleman débute sa carrière en 1954 sous le nom "Marvelman", ou Micky Moran dans le civil, au sein de la compagnie L. Miller & Son. Il se présente au départ comme décalque venu d'Angleterre du Captain Marvel de Fawcett Comics (le personnage qui deviendra, plus tard, Shazam). Il s'agissait en fait d'un authentique plagiat : un jeune homme, journaliste, capable de se transformer en super-héros en entonnant un cri de guerre ("Kimota"), avec sa propre petite fratrie de personnages clonés, comparable à la famille Marvel (Mary, Freddy) d'Otto Binder
 
Le héros fut même très ouvertement inventé avec cet objectif en tête : pallier à l'absence soudaine de Captain Marvel, une nécessité urgente pour les éditions L. Miller & Son suite au procès qui opposa les compagnies Fawcett à DC Comics entre 1939 et 1951. Ce litige, particulièrement long, s'achèvera en effet sur une victoire définitive du groupe DC Comics/National et une situation de quasi-banqueroute pour la maison Fawcett. L'enseigne fut condamnée par les tribunaux pour avoir plagié le personnage de Superman, et dut renoncer du même coup à publier de nouveaux comics Captain Marvel.
 
 
 
 
 
Or, sur le vieux continent, L. Miller & Son éditait justement les aventures de Billy Batson pour le lectorat britannique, avec des réimpressions en noir et blanc des séries Fawcett. Le personnage, très populaire, constituait l'une des principales sources de revenu de cette petite enseigne. Privée de son gagne-pain, les responsables durent alors innover. L'idée fut trouvée de plagier Captain Marvel en inventant le personnage de Marvelman - dont le titre "Marvel" avait été conservé, pour guider l'oeil des jeunes lecteurs devant les rayonnages des kiosques. Le héros appliqua la formule jusqu'au bout avec sa Marvel FamilyYoung Marvelman et Kid Marvelman, et un ensemble basé sur les routines de scénario des séries Fawcett. Cette première itération vécut une série d'aventures dans les codes de son temps, fonctionnant comme un héros conventionnel de l'âge d'or : candide, courageux, soucieux de bien faire, entouré de ses amis justiciers, jusqu'au milieu des années soixante lorsque la compagnie L. Miller & Son dut à son tour déposer le bilan. 
 
Bien plus tard, le magazine Warrior de Dez Skinn (1982) se porta volontaire pour ramener d'entre les morts Micky Moran et sa clique. Un jeune scénariste relativement prometteur (un certain "Alan Moore", bon ?) s'attaquera à cette réinvention moderne sous un angle bien plus sombre et désespéré - lente déconstruction des principes fondateurs du surhomme, dont l'héritage formera une base thématique utile à bien d'autres renversements négatifs de la logique manichéenne des justiciers d'antan. A ses côtés, Garry Leach et Alan Davis se chargeront des dessins. Le titre est aujourd'hui considéré comme l'un des chefs d'oeuvre mésestimés de la bibliographie d'Alan Moore, et a eu droit à une édition française chez Panini Comics il y a de cela quelques années.
 
Une fois que Moore eut fini de s'engueuler avec son éditeur à l'époque, la série fut toutefois abandonnée en cours de route. Dez Skinn, fondateur de Warrior, décidera alors de louer les droits d'édition du personnage de Marvelman à Pacific Comics, puis, après une autre banqueroute, à Eclipse Comics. Une fois sur place, Micky Moran deviendra officiellement le Miracleman, un nouveau nom choisi pour éviter toute forme de conflit avec les éditions Marvel et leur propre Captain Marvel, apparu entre la mort de L. Miller & Son et la création du magazine Warrior au Royaume-Uni (les problématiques de copyright ne semblaient pas avoir posé de problème d'un continent à l'autre jusqu'ici, mais Eclipse opérant aux Etats-Unis, l'envie de s'épargner une pénible bataille juridique motivera ce changement de nom). 
 
Après une première période basée sur différentes réimpressions du travail de Moore, assorties de quelques nouveautés, la série mise en chantier par Eclipse mobilisera un autre scénariste prometteur du vieux continent (un certain "Neil Gaiman", bon ???) en compagnie de l'artiste Mark Buckingham sur les planches, pour un nouveau run pensé pour le long terme.
 
 
 
 
Gaiman avait alors prévu d'étaler son histoire sur trois grandes périodes, pour représenter l'évolution de Miracleman depuis sa curieuse origine jusqu'au présent contemporain des comics de super-héros, devenus entre temps plus cruels et plus violents. Le titre aurait ainsi dû se découper sur les périodes The Golden Age, The Silver Age et The Dark Age, avec six numéros prévus à chaque fois. Les premiers singles commencèrent à paraître, emportant une large adhésion critique, pour la période The Golden Age.
 
Mais, le destin tourmenté de Micky Moran pouvait difficilement s'épargner une nouvelle banqueroute, un nouveau procès, et une nouvelle réinvention. La société Eclipse finit effectivement par déposer le bilan en 1994. Todd McFarlane, fondateur de la jeune maison d'édition Image Comics tentera alors de s'accaparer les droits de Miracleman pour introduire une lecture dérivée du personnage dans la série Hellspawn, et Neil Gaiman n'eut pas d'autre choix que d'attaquer en justice son ancien collaborateur pour l'empêcher de conserver à demeure cette propriété intellectuelle, sur laquelle il n'était alors plus capable d'opérer. Le conflit immobilisera le run du scénariste sur Miracleman pendant une période de treize ans, entre 1996 et 2009.
 
En définitive, McFarlane fut débouté devant les tribunaux, et Marvel finira par s'offrir les droits du justicier anglais en allant directement s'adresser au créateur original, Mick Angelo, pour mettre tout le monde d'accord. Ce qui était à peu près logique : l'éditeur avait déjà financé indirectement le procès intenté à McFarlane par Neil Gaiman en rémunérant généreusement le scénariste pour la série 1602. Et puis, tout ce qui est Marvel trouve sa place chez Marvel, même lorsque l'entreprise n'a pas vocation à utiliser les concepts.
 
 
 
 
Effectivement, sur le papier, la Maison des Idées n'a pas franchement cherché à exploiter le personnage de Micky Moran. Celui-ci eut même droit à une sorte de cas à part, compte tenu de son statut d'icône très particulier - ou alors, Marvel avait peut-être simplement la trouille de finir à son tour en banqueroute, attendu que Miracleman a développé démontré de sa capacité à tuer les entreprises qui tentaient vainement de le mettre à l'effort. L'éditeur préféra donc attendre - attendre le retour de Neil Gaiman, attendre la suite du run, en laissant Micky Moran dans son coin. Un genre de mécénat inhabituel de la part de l'éditeur, en faveur d'un auteur qui était redevable à la compagnie : en bons termes, Gaiman en profitera pour céder à Marvel le personnage d'Angela, obtenu suite à une autre bataille juridique avec le malchanceux Todd McFarlane. Ceci est une autre histoire.
 
Suite à l'habituelle séquence de réimpressions, devenue une tradition à force de générations concordantes, l'éditeur annonçait, il y a presque dix ans, que la série de Gaiman et Buckingham allait bel et bien finir par reprendre là où elle s'était arrêtée. C'est à dire, à ce moment là, après presque vingt ans de pause forcée. D'autres annonces suivirent, avec des horizons de sortie variés : 2014, pour une première salve modeste de modernisation et d'hommages, puis 2017 et 2019, jusqu'à ce que les vingt ans se transforment en une quasi-trentaine d'années passées à patienter. 
 
On accueille donc avec un certain enthousiasme ce double-mois thématique, prévu pour s'étendre sur tout le mois de septembre 2022. Et ce même s'il comprendra plus d'une vingtaine de couvertures variantes, au cas où Marvel tiendrait à nous rappeler que les bonnes actions ont aussi un coût. Officiellement, l'éditeur explique qu'il s'agit surtout de fêter les quarante ans du personnage (qui en a réalité soixante dix-huit, mais la période Warrior correspond aussi au passage du dessinateur Garry Leach, mort récemment, ce qui justifierait de partir de ce début particulier) mais glisse également dans le communiqué de presse un clin d'oeil aux plus patients, en promettant que de nouvelles histoires sont bel et bien en chemin. Kimota !
 
"Cette année, Marvel honorera les quarante ans de la période moderne de Miracleman avec une année de transformation pour le héros de légende. En plus des éditions collectées à venir de la série originale, les fans ont pu assister à un progrès monumental dans le numéro Timeless #1 de l'année dernière : le retour du Hérault de Miracleman. En préparation de la suite de la saga, une nouvelle collection de couvertures variantes présente le héros se battant aux côtés des personnages de Marvel pour la toute première fois."
 
  • 7 septembre : Captain America: Sentinel of Liberty #4 par Mark Bagley, Moon Knight #15 par Declan Shalvey, Wolverine #25 par John Cassaday 

  • 14 septembre : X-Force #32 par Peach Momoko 

  • 21 septembre : Captain America: Symbol of Truth #5 par Salvador Larroca

  • 28 septembre : Miles Morales: Spider-Man #42 par Brian Stelfreeze, Shang-Chi And The Ten Rings #3 par Pepe Larraz, X-Men #15 par Terry Dodson & Rachel Dodson

  • Octobre : Amazing Spider-Man #11 par Patrick Gleason, Amazing Spider-Man #12 par Gabriele Dell'otto, Avengers #61 par Humberto Ramos, Black Panther #10 (à définir), Captain Marvel #42 par Jamie Mckelvie, Carnage #7 par Leinil Francis Yu, Daredevil #4 par Marco Checchetto, Fantastic Four #48 par Mark Buckingham, Genis-Vell: Captain Marvel #4 par Jim Cheung, Hulk #11 par Mahmud Asrar, Immortal X-Men #7 par Sara Pichelli, Iron Man #24 par Kubert (?), She-Hulk #7 par Jen Bartel, Doctor Strange #7 par Alan Davis, Thor #29 par Kaare Andrews, Venom #12 par Ryan Stegman 

  • Novembre : Ghost Rider #8 par Bryan Hitch
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Corentin
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