A mesure que s'approche la sortie de Joker, de premiers signes (encourageants) seraient à analyser du point de vue de la qualité potentielle du projet de Todd Phillips, ou bien, plus prosaïquement, de son éventuelle réussite commerciale. Les analystes de BoxOfficePro ont, comme à leur habitude, dépoussiéré leur boule de cristal pour l'occasion, dansé en cercle autour d'un feu rituel et interprété le vol des oiseaux pour invoquer l'esprit totémique du pognon hollywoodien, et estimer les entrées du weekend d'ouverture de Joker aux Etats-Unis.
Force est de constater que le cabinet d'analyse aura souvent vu juste sur les dernières sorties du répertoire super-héros ou comics en général - que l'on pense à Captain Marvel, Hellboy ou Spider-Man : Far From Home, à titre d'exemple, où les chiffres leur auront régulièrement donné raison.
Le cas particulier de
Joker pourrait cependant se révéler plus complexe, tant le film tendrait à fédérer ou désunir les communautés de fans de pop culture et de cinéphilie sélective, en ne proposant pas l'habituelle formule du blockbuster explosif et
en se tournant vers les institutions du cinéma d'auteur dans son lent parcours promotionnel. Si beaucoup sont encore fébriles, personne ne semble encore avoir d'avis tranché sur l'énigme de ce projet, à part dans les tableurs excels de
Warner Bros. et l'opinion publique.
BoxOfficePro liste donc les pour et les contre d'un démarrage, avec une majorité de facteurs positifs pour une très bonne première période. D'après les experts (supposés), Joker devrait s'ouvrir à un score estimé à 60 à 90 millions de dollars sur le sol américain. A titre de comparaison, Shazam avait démarré à 53 millions sur son pays d'origine, tandis qu'Aquaman s'était, lui, taillé un honnête 67 millions après avoir enseveli l'Asie.
La différence est tout de même énorme :
avec 55 millions de dollars de budget annoncé, le film de
Phillips serait ainsi rentable sur sa seule exploitation aux Etats-Unis et en seulement trois jours, si ces chiffres s'avéraient exacts. Et ce même en additionnant les coûts promotionnels - que l'on évalue généralement à la moitié du budget de production, 27 millions en l'occurrence, quoi qu'il soit aussi possible que la
Warner ait été plus loin pour vendre ce projet
dans lequel elle place beaucoup d'espoirs. Dans l'ensemble, le film aurait cependant besoin de moins de 100 millions pour gagner son premier dollar en tout état de cause, et le studio serait donc à même de tenir son pari, avec un film moins cher, plus intéressant pour les lassés de la formule
Marvel Studios, et même capable de lui ramener quelques prix.
Dans un Hollywood où
Disney représente désormais 40% de part de marché,
Warner Bros. pouurait ainsi avoir trouvé une solution pour se sortir de la course aux films à milliards - dépenser moins pour être plus rentable au coup par coup, une stratégie
également déployée sur Birds of Prey et qui, espérons le pour la diversité du genre, portera ses fruits.
Joker est attendu sur nos côtes pour le 9 octobre prochain.