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Joker : Folie à Deux devrait engendrer plus de 150 M$ de pertes chez Warner Bros.

Joker : Folie à Deux devrait engendrer plus de 150 M$ de pertes chez Warner Bros.

NewsCinéma

Le constat est désormais à considérer comme une garantie : Joker : Folie à Deux ne rentrera pas dans ses frais, et devrait probablement compter comme l'un des échecs les plus conséquents de cette année à l'échelle des productions américaines. Comme souvent dans ce genre de cas de figure, les experts du web spécialisés peuvent désormais s'amuser à contextualiser, rationnaliser, argumenter sur les causes profondes du désastre. C'est une habitude du secteur : à chaque fois, on dégaine les spécialistes, les analystes, les professionnels du marché, avec leurs théories et leurs commentaires de champions. En somme, tous ces gens qui nous avaient pourtant expliqué que Joker : Folie à Deux allait démarrer à 60, 70 ou 120 millions de dollars quelques semaines (voire quelques jours) avant le weekend de lancement. Mais ce n'est pas grave : ce qui compte, c'est d'avoir raison au moment utile.

Un échec de Folie

Dans la pelletée de raisons avancées, on pioche une boule au hasard et on regarde si ça colle. Certains évoquent le genre même du film de Todd Phillips : les comédies musicales, ça ne vend pas, sauf en Inde, à Broadway et pour les biopics de chanteurs célèbres. Un argument qui s'entend, même si cet élément n'est pas apparu d'un néant ou d'un caprice de réalisateur. En réalité, le premier film Joker comprenait déjà son lot de scènes dansantes, de musiques populaires rétro', avec une parabole sur le monde de la scène, des émissions de variété et du stand up. D'autres préfèrent croire que les critiques ont eu leur mot à dire sur le destin économique de Joker : Folie à Deux

Pendant que vous penchez la tête en arrière pour vous marrer un grand coup, une piqûre de rappel à toutes fins utiles : l'histoire du cinéma des blockbusters regorge de productions massacrées dans la presse et largement rentables du point de vue du public. Au hasard, le premier film Venom est un bon exemple (30% sur RottenTomatoes pour les professionnels, 850 millions de dollars au box office). Idem pour le remake en images réelles du Rion Lion, pour Godzilla X Kong, ou de Jurassic World : Dominion. Bien sûr, chaque franchise a sa vérité, et peut-être que le public consent un degré de qualité inférieur dans l'écriture en échange d'une promesse de grand spectacle, mais sur le papier, les critiques du premier film Joker étaient loin d'être unanimes sur la qualité de cet opus fondateur (si vous aviez passé une tête dans les communautés cinéphiles des réseaux sociaux à l'époque, vous vous en étiez probablement rendu compte). Quant à l'argument de la "fatigue" des super-héros, ou l'envie générale de voir de nouvelles franchises émerger au sein du grand public, non seulement l'argument est stupide, mais il vient se cogner contre une dure réalité : même en mettant Deadpool & Wolverine et son déluge de nostalgie de côté, à l'échelle du box office mondial, les dix performances les plus conséquentes de l'année sont toutes à rangers dans la catégorie des suites et des reboots. Vice-Versa 2, Beetlejuice Beetlejuice, Moi Moche et Méchant 4, Bad Boys 4, Twisters, etc.

Ceci dit, personne n'avance l'explication la plus simple : peut-être que le premier film Joker n'appelait pas à une suite directe. Au contraire, les différents experts ont même tous l'air d'accord pour dire que Warner Bros. avait raison d'aller poursuivre ce filon, même si la question du budget (presque quadruplé d'un volet sur l'autre) revient fréquemment dans les conversations.

La rédaction de Variety a des chiffres à avancer sur le sujet : Joker : Folie à Deux a coûté 200 millions de dollars, avec au moins 100 millions de dollars pour le marketing. Ces chiffres sont à contextualiser, en particulier pour les coûts publicitaires : éparpillée sur plus d'un an, la campagne de promo' a probablement dû coûter un peu plus cher que la norme des productions de ce genre. On imagine que le site se repose surtout sur l'adage populaire : en moyenne, un studio investit généralement l'équivalent de 50% du budget de production sur la campagne marketing, donc 200 millions pour le film et 100 millions pour la publicité dans le cas présent. Cette enveloppe représente donc un ensemble cumulé de 300 millions, et en l'état actuel, Joker : Folie à Deux ne totalise que 165 millions de dollars au global, après une chute vertigineuse des entrées en salles sur ses dix premiers jours d'exploitation.

Selon les sources de Variety, le produit aurait besoin d'engranger 450 millions de dollars pour rentrer dans ses frais (pour rappel, le chiffre d'affaires au box office est partagé avec les salles de cinéma). Chez Warner Bros., d'autres voix s'élèvent pour proposer un objectif plus facile d'accès : selon le studio, Joker : Folie à Deux pourrait atteindre un point d'équilibre à 375 millions de dollars. On comprend bien que l'objectif de cette estimation plus mesurée s'adresse directement aux actionnaires du groupe. Pour minimiser la panique, planquer la poussière sous le tapis, et éviter de sonner le tocsin d'un échec qui pourrait bien atteindre les 200 millions de dollars pour une seule sortie.

L'estimation globale reste la même : le film de Todd Phillips devrait encaisser une perte sèche de 150 à 200 millions de dollars, et ne reste à Warner Bros. que le mince espoir d'une meilleure carrière sur le marché chinois pour amoindrir la facture. Le bilan devrait globalement rester négatif, dans le cadre d'une année où Joker : Folie à Deux pouvait encore passer jusqu'à récemment pour la carte maitresse du studio. Avec un premier film sorti lauréat du club des productions capables de générer un bon milliard de dollars, et sur un ensemble de douze mois où la compagnie n'a pas remporté de victoires décisives (à l'exception de Dune 2 et de Godzilla X Kong), le déficit de Joker : Folie à Deux risque donc d'être assez mal vécu en interne, et pendant que les experts cherchent une explication, les actionnaires vont sans doute tenter de désigner un responsable. A commencer par celui qui a décidé de transformer une franchise à petit budget en un blockbuster extrêmement coûteux. Pour rappel, le premier Joker n'avait coûté que 55 millions de dollars à produire. On peut même se demander si celui-ci n'aurait pas (déjà) été rentable avec les 165 millions au box office générés par Joker : Folie à Deux

Reste à voir si cette piètre prestation aura un impact durable sur les productions du groupe. Une chose est sûre : le film devrait fournir un nouveau clou à planter dans le cercueil des comédies musicales de cinéma, puisque, faute de mieux, le système des studios fera tout son possible pour éviter de reproduire une telle catastrophe. Quitte à accuser ceux qui n'ont rien demandé.

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Corentin
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