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La grève de la SAG-AFTRA en passe de se conclure ? Les négociations reprennent en ce début de semaine

La grève de la SAG-AFTRA en passe de se conclure ? Les négociations reprennent en ce début de semaine

NewsCinéma

Au terme d'une bataille plus féroce que prévue, le syndicat des comédiens (Screen Actors Guild/SAG-AFTRA) et l'alliance des producteurs (AMPTP) se sont réunies en fin de semaine pour mettre à plat certains des derniers dossiers conflictuels, dans le cadre de la signature des nouveaux accords de branche relatifs aux métiers des acteurs à Hollywood. La SAG-AFTRA, en grève depuis quatorze semaines, comptait au départ sur une résolution rapide après la victoire du syndicat des scénaristes (WGA) au début du mois d'octobre. Au point de forcer la chance, en poussant certaines revendications difficiles, et notamment, un intéressement sur le succès des productions pensées pour le streaming pour les principaux interprètes. Entre autres choses. 

Le point de friction le plus conséquent reste, encore et toujours, le sujet des intelligences artificielles, des "doubles virtuels" susceptibles d'être générés par algorithmes pour reproduire l'image des comédiens et comédiennes de la SAG-AFTRA à l'aune de la prolifération de ces technologies dans les pipelines de production à Hollywood. Selon la rédaction de Deadline, ce point serait en passe d'être résolu, lors des récents pourparlers.

La lutte finale ?

Le site spécialisé organise un suivi en temps réel des récentes conversations. Ce weekend, les délégués syndicaux de la SAG-AFTRA, représentés par la présidente du collectif, Fran Drescher, ont émis de premiers signaux positifs. Une source interne évoque même la possibilité d'une victoire mesurée sur la demande d'intéressement général aux consultants des productions sur les plateformes de streaming. Ce trophée particulier, s'il devait être obtenu par la SAG-AFTRA, représenterait une victoire conséquente pour les salariés du cinéma américain en règle générale, et une première fissure dans la politique totalitaire pratiquée par les géants de la VOD, qui ont dicté les nouvelles règles du marché à Hollywood au fil des quatre dernières années. 
 
Bien sûr, le syndicat des comédiens devra se contenter d'une victoire partielle : si la SAG-AFTRA avait au départ exigé qu'une part de l'argent généré sur les abonnements aux plateformes soit directement reversé aux acteurs syndiqués (à hauteur de 57 centimes par abonnés). Ted Sarandos, le président de Netflix, a émis un refus catégorique à cette exigence féroce de partage de la valeur. Mais, la stratégie de Drescher et de ses troupes a visiblement porté ses fruits, dans la mesure où cette demande considérée comme "extravagante" par les présidents de studio aura eu le mérite de les amener à proposer une contre-offre : augmenter de 7% les bonus minimums sur les productions en streaming pour les comédiens. Le syndicat des acteurs a visiblement accepté cette main tendue, en proposant en échange de monter ce chiffre à 9%. Le cas échéant, le montant obtenu pour les professionnels de la comédie et de l'art dramatique serait supérieur à ce qu'avaient pu récupérer la Directors Guild of America et la Writers Guild of America lors de leurs propres séquences de négociations. Une nounou d'enfer on vous dit.
 
Pendant que certaines vedettes poursuivent le combat, en expliquant fréquemment que la SAG-AFTRA reste fédérée autour de cette lutte commune, le syndicat aurait toutefois intérêt à se dépêcher de signer un accord. D'une part, parce que les différents professionnels de l'industrie ont visiblement eu du mal à s'entendre sur la réponse coordonnée à apporter face aux événements survenus récemment en Israël, aux massacres du 7 octobre 2023 et aux bombardements sur la Bande de Gaza. Certains ont encouragé l'état d'Israël, d'autres ont pris la défense des civils palestiniens, et le retentissement global des différentes positions adoptées a pu participer à fragiliser l'entente générale au sein des membres de la SAG-AFTRA.
 
Dans le même temps, le collectif IATSE, une autre organisation syndicale qui représente les professions associées aux métiers techniques à Hollywood (machinaux, régisseurs, techniciens, etc) ont aussi tenté de faire avancer les choses en allant plaider leur cause auprès des pouvoirs publics de l'état de Californie. La grève a évidemment eu un impact sur tous ces corps de métier, incapables de travailler dans une situation où les plateaux de tournage ont globalement été désertés par les comédiennes et les comédiens. Or, ce "chômage" forcé signifie aussi que les membres de IATSE doivent réduire dans leurs dépenses journalières, ou accepter de vider leurs économies pour pouvoir continuer à se nourrir et à se loger pendant la grève. 
 
Récemment, la rédaction de Forbes avait proposé une estimation globale au coût de ce mouvement social et à l'obstination de l'AMPTP - selon eux, sans même entrer dans les détails des pertes pour l'activité des grands groupes attachés à l'économie du cinéma américain, l'état de Californie, donc l'activité dépend en partie des productions à Hollywood, pourrait essuyer une perte nette de 4 milliards de dollars une fois la poussière retombée. Les instances locales commencent donc à s'inquiéter de voir l'AMPTP prolonger les négociations, après avoir pourtant déjà cédé à la Writers Guild of America pour remettre une partie des chantiers de pré-production sur les bons rails.  
 
Aux dernières nouvelles, la SAG-AFTRA a communiqué auprès de ses membres sur l'état actuel des négociations :
 
"Au cours de ce weekend, nous avons discuté avec l'AMPTP de l'ensemble des points encore ouverts à la négociation, notamment sur le sujet de l'intelligence artificielle. Les deux parties vont travailler indépendamment ce lundi pour étudier ce qui a été dit, et la conversion reprendra à la fin de la journée. Nous appelons les membres à rejoindre les piquets de grève et à faire entendre leurs voix en cette période cruciale !"

Au terme des deux grèves consécutives, les studios ont déjà dû encaisser plusieurs centaines de millions de dollars de pertes, et repoussé plusieurs productions importantes au début de l'année prochaine (voire à plus loin, pour les tournages qui n'avaient pas encore été bouclés en amont du mouvement de colère générale). A l'approche de l'hiver, l'AMPTP devra nécessairement compter sur ses vedettes pour défendre les dernières grosses sorties du début de l'année, et si les grands studios restent visiblement obsédés par l'envie de produire des clones numériques de stars d'ici les années à venir pour tirer les coûts vers le bas, la stratégie du coup de force a visiblement eu du mal à porter ses fruits. En définitive, les deux parties commencent à manquer de temps et de moyens pour poursuivre la guerre, et la résolution semble donc devoir s'imposer, avec des concessions d'un côté comme de l'autre.
 
Corentin
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