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Grève de la Screen Actors Guild : pas de sortie de crise en vue après la reprise des discussions

Grève de la Screen Actors Guild : pas de sortie de crise en vue après la reprise des discussions

NewsCinéma

C'était (hélas) trop beau pour être vrai. Avec la reprise des négociations entre la SAG-AFTRA et l'AMPTP, dans la foulée de la victoire du syndicat des scénaristes, une partie du public s'attendait à ce qu'un accord soit signé rapidement. Malheureusement, ces nouvelles conversations se sont encore une fois soldées par un échec. La Screen Actors Guild a quitté la table des négociations après avoir entendu la dernière offre de l'Alliance of Motion Picture and Television Producers, représentée par son habituel quintet de combat. En cause, des divergences sur la revalorisation des pensions, des parts d'intéressement, et bien sûr, de la question sempiternelle posée par les progrès récents des technologies d'intelligence artificielle.

Not All Robots

Dans un communiqué adressé à ses membres, les délégués syndicaux de la SAG-AFTRA ont expliqué que l'AMPTP n'avait visiblement pas été capable de s'empêcher de tomber dans ses travers habituels. A savoir, une négociation au bras de fer, et une tentative de manipulation de l'opinion publique. En refusant notamment de s'entendre sur le financement de la feuille de route proposé par le collectif des actrices et des acteurs : celui-ci a été estimé à 370 millions de dollars par la Screen Actors Guild, avec une répartition au prorata calculée selon l'importance comparative des huit grands studios actuels (Disney, Netflix, Warner Bros. Discovery, NBC Universal, Sony Pictures, ParamountAmazon, Apple). L'AMPTP affirme de son côté que l'accord coûterait en réalité 800 millions, une surestimation de 60% largement contestée par le syndicat.
 
Les producteurs avaient déjà pratiqué le même genre de tactique sur les chiffres avec la WGA, en jouant la parole-contre-parole, sans réussir à fournir de fiche explicative sur les montants évoqués. Du reste, l'AMPTP tente encore une fois de pousser à un accord vis-à-vis des doubles virtuels - un sujet extrêmement tendu à Hollywood.
 
"Ils font la même chose avec les intelligences artificielles : d'un côté, ils affirment vouloir protéger le droit des professionnels à choisir d'accepter ou non les doubles numériques, et de l'autre, ils demandent le 'consentement' dès le premier jour de travail pour avoir ensuite le droit de dupliquer numériquement l'image d'un comédien, et pouvoir le reproduire à l'échelle de tout un univers cinématographique (ou pour n'importe quelle franchise en général)."

Pour rappel, cette problématique a déjà commencé à se manifester à l'échelle des métiers de la figuration. Sur les plateaux de tournage, plusieurs studios (notamment, Disney) proposent à des salariés engagés comme figurants de scanner leur apparence physique, dans l'idée de pouvoir ensuite les reproduire à l'infini dans de futures productions... sans avoir besoin de les payer. Les figurants en question ne sont généralement pas informés de l'utilisation potentielle de ces clones numériques, et ne sont pas non plus particulièrement bien représentés au niveau légal ou syndical sur place, dans la mesure où les piges de figuration restent à considérer comme des petits boulots pour des gens qui ne sont pas au courant de toutes les provisions syndiquées négociées en amont par la SAG-AFTRA. Des bases de données existent déjà avec, pour le futur, lorsque les IAs seront opérationnelles, la possibilité de créer de la matière humaine à l'arrière-plan de certains films sans avoir besoin d'engager qui que ce soit.
 
Hollywood entend désormais appliquer ce même principe à l'échelle des vedettes. Plusieurs expériences (Paul Walker, Star Wars : Rogue One) ont déjà été menées lors de la dernière décennie pour pallier au problème sempiternel des comédiens indisponibles... pour cause de décès. Les IAs permettraient de contourner cette situation. Ou de remplacer un acteur blessé. Ou de faire sans un acteur qui n'aurait plus envie de poursuivre un projet, voire de ne même pas le consulter ou de ne pas avoir à le déplacer sur un plateau de tournage. Le cas de Marvel Studios est particulièrement éloquent de ce point de vue. 
 
Pour des caméos occasionnels, pour des reshoots, il est facile d'imaginer que la compagnie pourrait profiter de ces provisions sur les doubles numériques afin d'accélérer les processus des production, et d'économiser de l'argent en parallèle. De la même façon, pensez au cas d'Henry Cavill à la fin de Black Adam, ou dans le film The Flash, pour comprendre comment les studios tentent déjà de se passer de la présence physique de comédiens sous contrat pour asseoir leur présence virtuelle dans des films généralement tournés sur fond vert, et déjà largement "concrétisés" par les studios d'effets spéciaux.
 
L'AMPTP se bat actuellement pour faire de cette hypothèse morbide une réalité tangible, en s'abritant derrière l'idée que les acteurs et actrices auraient le choix. En somme, en avançant l'argument du "consentement", et en expliquant que les comédiens digitalisés recevraient une compensation financière à chaque fois que leur image serait utilisée. Sauf que, si les vedettes d'Hollywood auront certainement les moyens de refuser ou de négocier ce genre de propositions, il sera plus difficile pour les jeunes interprètes qui cherchent à se faire un nom de ne pas accepter les conditions des studios - au risque de ne plus trouver de travail. Et en ce qui concerne les figurants, qui comptent sur cette première porte vers le métier d'acteur professionnel (ou sur ce genre de contrats au coup par coup pour pouvoir payer le loyer et remplir le frigo), et à qui les studios pourront simplement imposer le clonage numérique généralisé sans la moindre possibilité de retour en arrière. 
 
D'autres divergences, notamment sur les payes d'intéressement, sont également à discuter. En somme, rien n'est encore joué pour une sortie de crise, dans la mesure où les studios ne comptent pas renoncer à leur obsession du moment.
 
Corentin
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