Il a pu arriver, dans ces colonnes, que le rédacteur goguenard se prenne à ironiser à grand renfort d'effets de style au sujet de l'obsession monomaniaque de la Maison des Idées pour les couvertures variantes. Alors que, bon. D'accord, les chiens, les chats, les versions adolescentes de personnages populaires, les héros de comics qui lisent une couverture de comics sur une couverture de comics, on se marre, mais faut quand même être capable de les avoir, ces idées toutes bêtes pour vendre du papier.
Parce que, si on parlait d'un éditeur sain d'esprit, peut-être que le gars essayerait, une fois ou deux, de pousser du pied un concept en mousse pour gonfler la croissance des ventes, à l'occasion. Histoire de se faire bien voir par le patron, de faire mousser les bonus dans les primes de fin d'année. Et puis, à force, lors d'un instant de lucidité, il finirait probablement par réaliser le ridicule de la démarche. Devant la peine des imprimeurs et les dépressions nerveuses des libraires qui commandent en tremblant de la main. Et donc, comme un adulte responsable, et pour éviter de devoir baisser les yeux devant les copains du stand d'en face à la NYCC, il finira par faire ce que tout le monde aurait fait : renoncer pour de bon, et ne plus sortir que des variantes utiles, jolies, ou qui s'inscrivent dans une démarche artistique définie. Mais voilà : pas chez Marvel. Chez Marvel, on s'en fout. Chez Marvel, on assume quand c'est débile. Et ça, mon gars, on aurait envie de dire : ça mérite le respect.