C'est au printemps dernier que la dessinatrice italienne Sara Pichelli est passée en France pour une séance de dédicaces chez Album Comics à Paris. La co-créatrice de Miles Morales, l'un des personnages les plus populaires de Marvel, et encore aujourd'hui l'un des meilleurs exemples de création de nouveau personnage réussi, est toujours au travail pour la Maison des Idées. On note notamment parmi ses derniers travaux le titre Scarlet Witch de Steve Orlando. Et puisque Sara Pichelli nous a accordé un peu de son temps, nous en avons profité pour lui poser quelques questions, pour une discussion assez généraliste, que vous aurez nous l'espérons plaisir à suivre.
Une version à l'audio (et en anglais) de cette interview, mise en ligne plus tôt dans l'année, est à retrouver sur First Print.
Nous remercions chaleureusement Gauthier d'Album Comics qui a permis cette interview et Clément Boitrelle pour la traduction et retranscription de la discussion.
Bonjour Sara et bienvenue. Beaucoup de personnes vous connaissent vous et votre travail mais pourriez-vous néanmoins vous présenter rapidement ?
Bien sûr ! Je suis Sara Pichelli - d’ailleurs merci d’avoir prononcé mon nom de famille correctement !
C’est grâce à mes origines italiennes !
Je travaille chez Marvel depuis 2008. Je suis surtout connue pour avoir co-créé le personnage de Miles Morales mais j’ai également travaillé sur de nombreuses séries Marvel comme X-Men, Guardians of the Galaxy, Scarlet Witch plus récemment et bien d’autres.
Retournons aux origines : à quel moment avez-vous voulu devenir dessinatrice de comics et surtout, pourquoi ?
C’est arrivé assez tard dans ma vie car jusqu’à l’âge de 20-25 ans, je travaillais dans l’animation après avoir étudié l’animation traditionnelle et 3D. J’ai travaillé pour un studio italien en tant que character designer, storyboarder, artiste de textures… J’ai porté beaucoup de casquettes différentes ! Je me suis beaucoup amusé mais je voulais travailler en dehors de l’Italie car j’adorais par exemple l’animation française. Malheureusement on m’a viré…
On a osé vous virer ?!
Disons qu’ils m’ont plutôt rendu service ! A l’époque je ne pouvais pas quitter l’Italie pour des raisons personnelles. Mon petit copain d’alors, David Messina, travaillait pour le marché américain sur Buffy je crois… Ou plutôt Angel… Enfin bref pour je ne-sais-quelle série ! D’autres connaissances travaillaient pour IDW et Marvel je crois… Je ne me souviens plus trop… Je suis vieille !
C’était il n’y a pas si longtemps…
C’est une façon de voir les choses… Bref, tout le monde m’a dit de m’essayer au comics mais je n’y connaissais rien à l’époque car cela ne m’intéressait pas plus que ça. Vous savez je viens d’une petite ville Italienne où il n’y avait pas de boutiques qui vendaient des comics. J’avais donc l’habitude de lire Mickey Mouse, Donald Duck… Toutes les histoires Disney destinées aux enfants. Pour autant, je me suis dit que je savais storyboarder, je connaissais le story-telling. J’ai donc commencé à assister mon ex-copain en réalisant le découpage. Cela m’a semblé envisageable ! J’ai également commencé à lire des comics et j’ai vite réalisé que j’adorais ça ! C’est également en 2008 que le concours ChesterQuest de Marvel a eu lieu, concours que j’ai gagné ! J’ai gagné le droit d’avoir une série de publiée et depuis, je n’ai jamais arrêté !
Vous évoquiez votre travail dans l’animation, j’imagine donc que vous étiez attirée dès le départ par les dessins et le story-telling ?
Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours été attirée par le dessin. L’aspect story-telling est arrivé un peu plus tard durant mes études d’animation. L’animation implique énormément de story-telling : tout part du corps, il faut donc prendre en compte le langage corporel qui finira sur la page ou bien l’écran. Mais raconter des histoires est vite devenu quelque chose qui m’a plu. Et puis, les comics sont pour moi le terrain de jeu idéal car je peux avoir plus de contrôle sur le résultat final. Quand vous travaillez dans l’animation, vous n’êtes qu’un simple rouage dans un énorme engrenage. On pourrait me répondre qu’en travaillant chez Marvel, je dois composer avec les éditeurs, les auteurs, les coloristes… mais c’est beaucoup moins contraignant que dans l’animation.
A-t-il été différent d’apprendre les codes du comics que d’apprendre ceux de l’animation ? J’imagine qu’il doit bien exister des similitudes mais également des différences.
Les deux semblent très similaires et au début j’ai trouvé les comics plus simples, mais il y a énormément de différences notamment de par la présence des gouttières. Dans le storyboarding, il n’y a pas de ruptures spatiales ou temporelles. Vous devez dessiner un zoom, un dézoom… ce genre d’éléments qui se déroulent en temps réel. L’espace entre les cases change absolument tout ! Vous devez apprendre que le timing fait tout, mais c’est pour cette raison que c’est si amusant !
Vous avez dû vous rendre compte à un moment que vous étiez faites pour les comics ?
Exactement, je ne voulais plus travailler dans l’animation. Les comics étaient bien plus amusants !
Faites-nous une petite leçon d’histoire : à quoi correspondait le fameux concours que vous avez remporté ?
Avec plaisir ! Il était une fois… [rires]. A l’époque, je n’avais pas beaucoup de dessins à montrer car j’étais en train de me constituer un portfolio à envoyer aux maisons d’édition. J’étais bien en discussion avec quelques éditeurs italiens mais il n’y avait encore rien de concret. Mes amis et mon petit copain m’ont alors parlé de ce fameux concours. Je leur ai répondu que je n’avais rien qui vaille la peine d’être envoyé… Je ne voulais pas envoyer de mauvais dessins en tout cas. Je n’ai donc rien envoyé. Je ne me souviens plus s’il s’agissait de mon copain ou d’une connaissance qui m’a demandé si j’avais envoyé quoi que ce soit, car la date limite venait d’être passée. Ils ont donc encore insisté et j’ai fini par céder. Et j’ai remporté le concours ! Une semaine plus tard je recevais un mail de [Chester] Cebulski en personne m’informant que je faisais partie des gagnants. Je n’y croyais pas !
Comment avez-vous réagi lors de votre premier projet chez Marvel ?
J’étais terrifiée ! Déjà tout se faisait en anglais…
Vous ne parliez pas si bien anglais à l’époque ?
Je parlais beaucoup mieux français qu’anglais ! J’ai donc dû travailler avec de vrais scripts, réalisés par des auteurs de métiers, ce qui est très différent ! Ce n’était pas forcément évident. Par exemple, le script de Brian M. Bendis comportait beaucoup d’argot américain ! Béni soit Urban Dictionnary ! Les premiers mois ont été assez traumatisants car il a fallu gérer beaucoup de choses d’un seul coup. Mais de fil en aiguille, j’ai fait des erreurs, j’ai appris des choses notamment la façon de communiquer avec les éditeurs. Les Américains sont différents des Européens, eux-mêmes très différents des Italiens ! Il faut donc reconnaître leur langage, leur manière de dire « oui » ou « non ». Ils ne vous répondront jamais un « non » franc, ils vont plutôt vous répondre « oui, mais… » ! [rires] J’ai donc beaucoup appris durant ces années, mais c’était amusant.
Quelle a été votre relation professionnelle avec Brian M. Bendis ? Vous avez travaillé ensemble sur d’autres projets qu’Ultimate Spiderman. Avez-vous discuté avec lui sur sa manière de rédiger des scripts ? Comment s’est passée votre collaboration ?
Je n’ai jamais voulu critiquer les scripts de Brian car j’adorais travailler à partir de ces derniers. Ses descriptions de personnages, des décors, sa façon de raconter une histoire via un script est vraiment parfaite. En ce qui me concerne, je pouvais visualiser ce qu’il décrivait dans ses scripts. Rien qu’en lisant ses descriptions, j’arrivais à m’imaginer et me représenter ce que j’allais pouvoir dessiner. Je pense qu’il s’agit d’une rencontre parfaite, ce qui n’est pas toujours le cas. La seule vraie difficulté c’est qu’il y avait tellement de dialogues ! Vous devez garder en tête le nombre de phylactères quand vous dessinez une case ! Mais c’est vraiment la seule difficulté qui me vient à l’esprit.
Vous devez réfléchir au placement des personnages tout en prenant en compte la présence des bulles de dialogues ?
Exactement, surtout quand vous devez dessiner plusieurs personnages. Je me souviens durant mon passage sur Guardians of the Galaxy, le rythme de travail était tellement intense ! Il fallait gérer tellement de personnages et leurs dialogues ! J’ai une scène particulière en tête où vous avez tous les gardiens et d’autres personnages qui discutent, avec un hologramme au milieu. Dans la version publiée, la bulle de dialogue recouvre l’hologramme et ce malgré tous mes efforts. Je l’ai ressenti comme un échec ! C’était tellement difficile… Heureusement ce n’est pas toujours comme ça ! Quoi qu’il en soit, j’adore les dialogues de Brian, je lui pardonne donc tous ces phylactères !
Vous souvenez-vous du jour où vous avez dû créer Miles Morales ? Il est de notoriété publique que Brian Bendis voulait un personnage que ses filles pourraient lire, quelle est votre version de l’histoire ?
J’ai été contactée par la même équipe éditoriale avec laquelle je travaillais sur Ultimate Spiderman, en plus d’autres noms prestigieux comme Joe Quesada. Ils m’ont expliqué avoir une nouvelle idée et voulaient savoir si j’étais intéressée pour travailler dessus. « Et si on tuait Peter Parker ? » ! Ça sonnait comme une tâche plutôt ingrate, mais pourquoi pas ! Mais j’étais intriguée à l’idée de travailler sur un nouveau personnage, une nouvelle histoire. Cela me rappelait mon travail dans l’animation. Quand vous travaillez sur un personnage comme Spider-Man, vous avez tout un passif de récits à prendre en compte. Comme je n’étais pas spécialement plus fan de Spider-Man que ça, je me sentais plus détachée. Ça a donc été très amusant car je pouvais imaginer toute une nouvelle histoire, toute une galerie de nouveaux personnages, un nouveau décor… Brian m’envoyait de la documentation, des images, des chansons et me suggérait pleins d’idées. Nous avons travaillé ensemble pendant six mois : quatre pour réfléchir aux personnages et deux pour réfléchir au costume et aux éléments super héroïques.
Vous avez effectivement fait le choix de ne pas reprendre le costume classique de Peter Parker et avez opté pour le costume noir et rouge. Cela vient de vous ?
Oui et tout le monde a approuvé cette décision. Ce fut donc un choix collectif. Pour les premiers numéros, Brian m’a demandé de dessiner Miles à l’opposé de Peter Parker, en termes de langage corporel, de style de combat etc. Ce qui fut difficile, surtout quand les deux Spider-Man se rencontrent.
Ce fut sans doute un moyen de tester toutes vos compétences : après les avoir dessinés différemment, il fallait les dessiner ensemble pour pouvoir repérer les différences !
[rires] En tout cas c’est mon run préféré à ce jour. Je me suis tellement amusé.
Comment vivez-vous le fait que Miles ait eu autant d’aventures et d’histoires par d’autres équipes créatives ? Vous êtes encore sa maman en quelque sorte. Jetez-vous un œil de temps à autres sur les séries Miles Morales ?
Ce fut le cas oui, pas récemment mais il m’a beaucoup manqué l’année qui a suivi mon travail sur Miles.
A-t-il été difficile de le confier à d’autres équipes ?
Un peu oui mais ce fut très intéressant de le voir dessiné dans d’autres styles. Parfois c’était bien, parfois un peu moins… Jusqu’au moment où je l’ai vu sur grand écran… Là je me suis dit que c’était absolument énorme ! J’étais très fière, même si c’était déjà le cas avant.
Avez-vous travaillé sur le premier film Spider-Man : into the Spider-verse ?
J’ai réalisé une illustration pour le film.
Une des couvertures que l’on peut voir, oui.
C’est ça. Ils ont fait appel à moi et à Robbie Rodriguez pour Spider-Gwen. Ils travaillaient encore sur le film mais je me souviens qu’ils m’ont envoyé une scène : la moitié de la séquence correspondait au résultat final et la seconde moitié était encore en travail. Je vais être honnête avec vous : quand Marvel m’a annoncé qu’ils allaient réaliser un film sur Miles, j’étais un peu sceptique. Malgré mon amour pour l’animation, j’avais envie de le voir en images réelles !
Vraiment ?!
Oui ! Je n’avais rien vu de très impressionnant en animation à l’époque. Mais j’ai été soufflée quand j’ai vu la séquence animée qu’ils m’avaient envoyé. Quand j’ai découvert le film à sa sortie, je me suis rendu compte que l’animation était bien plus impressionnante que ce que l’on aurait vu en images réelles ! Mais je n’ai pas été impliquée plus que ça dans le film.
C’était néanmoins appréciable de voir la reconnaissance du studio à votre égards et à votre contribution au personnage.
Complètement ! Ils ont été super ! L’équipe m’a personnellement remerciée lors de la remise de leur Oscar, ce qui a été très gentil de leur part.
Vous n’avez pas forcément à nous dire combien, mais avez-vous été rémunéré pour ce travail ?
Oui j’ai été payé pour mon illustration, mais je n’ai pas de royalties… sinon je serais riche !
C’est un débat qui revient souvent sur la table chez les différents créateurs.rices de personnages qui font gagner des millions de dollars aux studios…
Vous touchez des royalties en fonction des pages et des numéros que vous vendez cependant, mais pas sur les designs des personnages.
Je ne sais pas si vous suivez l’actualité sur les réseaux mais récemment Dustin Nguyen a publié un messageplutôt long dénonçant l’absence de royalties concernant les albums Marvel vendus à l’étranger, comme en France par exemple.
Je suppose que nous signons tous le même contrat chez Marvel car c’est la même chose pour moi. La situation n’est vraiment pas idéale, d’autant que vous savez, chez DC…
Ce qui m’amène à une autre question : vous travaillez encore pour Marvel aujourd’hui, vous avez réalisé plusieurs numéros sur Scarlet Witch avec Steve Orlando…
J’ai effectivement l’exclusivité chez Marvel car j’ai signé un contrat pour plusieurs années…
Pour combien de temps exactement ?
Je ne sais pas si c’est le cas pour tout le monde, mais en ce qui me concerne le contrat n’est pas basé sur le nombre d’années mais sur le nombre de numéros. D’autant que depuis le Covid, ma charge de travail s’est un peu réduite, surtout depuis que je suis maman ! Ce qui veut dire que j’ai encore quelques années devant moi car moins vous travaillez, plus l’échéance recule… Comme vous voyez, il y a de bons et de mauvais côtés à travailler en exclusivité avec une maison d’édition. Mais je ne me plains pas.
Vous êtes encore une grande artiste et je suppose que Marvel vous considère en tant que tel étant donné vos travaux précédents. Choisissez-vous les projets sur lesquels vous voulez travailler ?
La plupart du temps oui. On me demande souvent ce que j’aimerais faire. Avant Scarlet Witch, à chaque fois qu’un éditeur me posait cette question, je répondais « Par pitié, laissez-moi dessiner des personnages féminins ! ». [rires] Ce qui est enfin le cas.
Ils ne vous ont jamais proposé de super-héroïnes ?
Jamais ! En tout cas jamais en tant que personnage principal.
C’est d’autant plus étrange car il y a déjà des dessinatrices italiennes comme Laura Braga qui se spécialisent dans les personnages féminins.
C’est vrai oui mais Marvel me voulait absolument sur Spidey ! Ce qui m’allait très bien.
Vous avez d’ailleurs travaillé avec J.J. Abrams et son fils sur un album Spider-Man en 2019. Comment cela s’est passé ?
Oui c’est vrai ! Si vous saviez, c’était quelque chose ! J’ai donc travaillé avec J.J. et son fils Henry. Henry était le plus nerd des deux mais ils ont été tous les deux très sympas. J.J. est quelqu’un de très occupé, la communication a donc été plutôt compliquée. Le script ressemblait davantage à un script de film qu’à celui d’un comics mais travailler avec eux a été à la fois très différent mais aussi très amusant. Je ne sais pas pourquoi ils m’ont choisi… sans doute parce que je suis très patiente !
Soyons lucides, vos albums se vendent quand votre nom est sur la couverture !
Sans doute oui. Je me souviens apprécier cette collaboration jusqu’à un certain moment. Le Covid était là et la période était plutôt compliquée. Et vous savez, c’est un métier que d’écrire des comics !
Pensez-vous que votre expérience dans l’animation a été une raison pour lesquelles ils vous ont choisi ? Ils vous pensaient peut-être plus à l’aise pour lire un script de film…
Oh je n’y avais jamais pensé… Peut-être oui… J.J. et Henry parlaient souvent de « séquences », comme dans les films ! Ils me demandaient par exemple « Est-ce que l’on pourrait avoir plus de séquences comiques dans cette scène etc. ». Je leur répondais oui, mais ils devaient me faire confiance !
Cela fait plus de quinze ans que vous travaillez dans l’industrie du comics et chez Marvel, n’êtes vous pas trop fatiguée des deadlines pour les titres mensuels ?
Complètement oui ! Je suis très fatiguée car je travaille beaucoup pour respecter les deadlines, souvent au détriment de ma vie privée. J’ai dû ralentir le rythme récemment mais si vous travaillez plus lentement, vous n’êtes plus assignée sur des projets importants… Mais cela me convient : je veux simplement dessiner, explorer mon art et m’amuser dans ce que je fais. Quand je serais prête, si je le suis de nouveau jour, vous me retrouverez sur des albums un peu plus importants.
Vous avez mentionné votre contrat d’exclusivité avec Marvel, et je me demandais justement pourquoi vous ne travailliez pas sur autre chose... je ne parle pas de DC mais bien de creator-owned.
Je peux travailler en creator-owned, ce n’est pas un problème pour Marvel. Quand vous signez un contrat chez une des grandes maisons, vous ne pouvez pas travailler avec l'autre. Je peux en revanche travailler chez Image qui publie des œuvres en creator-owned. Il faudrait que je sois plus organisée car cela demande du temps et j’ai déjà beaucoup à faire en ce moment ! J’adorerais par exemple faire quelque chose pour le marché européen comme un roman graphique… Quelque chose à l’opposé des super-héros !
Mirka Andolfo travaille beaucoup avec Glénat par exemple et je pourrais tout à fait vous voir travailler avec eux.
Ce serait très chouette en effet car j’adore le lectorat français ! Un jour peut-être…
Nous en reparlerons peut-être à l’avenir et nous continuerons à suivre votre travail. Merci beaucoup de votre temps Sara.
Merci à vous !