Depuis la Chine, la proscription du cinéma américain semble levée. Peut-être même pour de bon, dans la mesure où les autorités en charge de la censure locale ont autorisé la sortie de Guardians of the Galaxy vol. 3 sur le territoire. Récemment, le régime politique chinois avait aussi accordé à Marvel Studios une exploitation des films Black Panther : Wakanda Forever et Ant-Man & the Wasp : Quantumania - dans le cas du long-métrage de Ryan Coogler, cette sortie était toutefois intervenue avec un long décalage temporel. Pour James Gunn, comme pour Peyton Reed, la norme des dates de sortie alignées sur le planning international semble faire à nouveau partie des habitudes locales : le film est attendu en Chine pour le 5 mai 2023, soit en simultanée par rapport à l'ouverture de son exploitation aux Etats-Unis.
Pour sauver les meubles ?
S'il s'agit évidemment d'une bonne nouvelle du point de vue du groupe Disney et des équipes de Marvel Studios, après trois ans et demi à attendre le feu vert des autorités chinoises pour reconnecter la saga à cette démographie fidèle, les premiers résultats de cette nouvelle entente tardent encore. Dans le cas de Black Panther : Wakanda Forever, le public de l'Empire du Milieu ne s'est pas déclaré très intéressé par le retour de ces personnages. Si le premier Black Panther avait empoché 105 millions de dollars au moment de sa sortie en Chine, le second aura vite plafonné sur un score bien moins important de 15 millions.
Ce différentiel peut être imputé à l'énorme décalage des dates de sorties (11 novembre 2022 à l'international, 7 février 2023 en Chine) et à l'effort publicitaire déployé. Dans la mesure où Disney devait aussi assurer la promotion d'Ant-Man & the Wasp : Quantumania sur ce territoire, les dépenses pour Black Panther : Wakanda Forever, un film déjà largement rentabilisé en Occident, ont forcément visé à l'économie.
En revanche, le paradoxe du troisième film consacré à l'homme-fourmi reste plus préoccupant une fois les données mises bout à bout. Le premier
Ant-Man avait, en Chine, empoché 105 millions de dollars,
tandis qu'Ant-Man & the Wasp avait ramassé 121 millions. Des sommes très importantes pour les deux longs-métrages, dans la mesure où l'un aura fini sa course à l'international à 519 millions de dollars, et l'autre à 622 millions. Le public chinois était donc très important dans la balance commerciale de cette franchise isolée (dans les tableurs de
Marvel Studios : à hauteur de 20% du chiffre d'affaire total sur les deux volets précédents). Depuis sa sortie,
Ant-Man & the Wasp : Quantumania n'aura ramassé que 39 millions de dollars dans le pays. Ce qui, sur le score total de 453 millions de dollars du film de
Peyton Reed, ne représente même pas 10% en portion.
Dans le cas des Guardians of the Galaxy, les deux dernières productions de la trilogie de James Gunn opéraient dans des environs comparables : 86 millions en Chine pour le premier (sur 773 millions au global), 100 millions pour le second (sur 863 millions au global). A moins d'un sursaut, il n'est pas garanti que les spectateurs de l'Empire du Milieu se déplacent massivement vers les salles après avoir boudé à deux reprises les dernières sorties de Marvel Studios. En parallèle, le public occidental aura été prompt à monter au créneau pour relancer le débat sur la fatigue des super-héros à la sauce Kevin Feige dans la foulée d'Ant-Man & the Wasp : Quantumania.
Foudroyé par un bouche à oreille goguenard sur les réseaux sociaux, le long-métrage représente à l'heure actuelle l'une des pires performances économiques de l'entreprise depuis ses débuts. Un état de crise qui risque bien de constituer l'un des débats récurrents de cette année, dans la mesure où l'ancienne philosophie de la ruée vers l'or en direction de l'Asie semble refuser de fonctionner comme avant.