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THR dévoile les coulisses de la production mouvementée de Suicide Squad

THR dévoile les coulisses de la production mouvementée de Suicide Squad

NewsCinéma
C'est au cours d'un dossier préparé sur plusieurs mois et sorti aujourd'hui, à deux jours de l'arrivée de Suicide Squad sur les écrans américains, que le très sérieux The Hollywood Reporter nous plonge dans la production chaotique, compétitive et pour le moins contre-productive du film de David Ayer.

Il n'est pas ici question de corroborer nos avis plutôt très négatifs sur le métrage (d'autant que Republ33k contrebalance la première critique avec la sienne, plus clémente envers le film), mais d'apporter un peu de transparence sur les derniers mois de sprint final qui ont tant fait parlé depuis les fameux reshoots supposés apporter plus d'humour et plus de Will Smith dans le film. La réalité est évidemment plus complexe et la vérité se trouve dans les détails, mais il est clair que le discours de David Ayer depuis quelques jours peine à convaincre au regard des informations apportées par nos confrères américains.

Ainsi, on apprend que malgré Greg Silverman qui jure que "c'était une excellente expérience où l'on a tenté plein de choses et dont nous sommes fiers du résultat", le film a en réalité bel et bien été ballotté et pris dans la tempête post-BvS, dont les innombrables débats auraient été à la source des reshoots. Et ça, c'est sans même compter ce qu'ajoute une source anonyme du film qui précise que "sa production a été un sprint dès le départ. David Ayer a écrit le film en 6 semaines et le tout a été envoyé en production dans la précipitation ensuite", pour être capable de sortir le film à la date que l'on connait. "Il est évident qu'il aurait dû avoir plus de temps, mais ce genre de films repose sur des deals mondiaux avec beaucoup de marques, et il est impossible de déplacer sa date de sortie en claquant des doigts" conclut-il.
 
Au sujet de David Ayer, un producteur ajoute également "que le problème réside dans le fait que beaucoup de réalisateurs refusent de réaliser ce genre de films, et que ceux qui prennent plusieurs années à travailler leurs projets ne peuvent pas rentrer dans la dimension économique souhaitée pour ces films. Les studios basent souvent la réussite de leurs films sur l'instinct que le réalisateur sera le bon, et des fois ça marche, avec Colin Trevorrow (Jurassic World) par exemple. Parfois pas, comme avec James Bobin et Alice 2." 
 
Plus loin, on apprend que ce sont les exécutifs de Warner qui "auraient toujours été nerveux à propos de Suicide Squad, encore plus après la réponse critique à Batman V Superman. Kevin (Tsujihara, big-boss de Time Warner) était vraiment concerné par les dégâts faits à la licence." C'est à ce moment là que les débats sur le manque de fun du film seraient arrivés sur la table, ne faisant qu'aggraver les problèmes d'un film déjà fait dans la précipitation depuis le départ. Et contrairement à ce qu'affirme un David Ayer toujours sous contrat et désireux de ne pas faire plus de casse qu'actuellement, la source affirme que Warner aurait alors confié un autre montage du film à Trailer Park, la société à l'origine des trailers et de la seconde direction artistique (plus fun et fluo) du film. Pendant ce temps, le réalisateur de Fury continuait à travailler sur son propre montage, qui contenait 20 minutes de Joker supplémentaires, un ordre de scène n'ayant rien à voir avec le montage final et j'en passe.  
 
Pire, si c'est John Gilroy qui est crédité au montage du film, il serait en fait parti avant la fin du film devant la multiplication de monteurs et d'intervenants, et c'est Michael Tronick qui aurait terminé celui-ci, lui dont le nom n'apparaît pas aux crédits du film, comme par magie. Le producteur ajoute : "Quand vous produisez ce genre de films et que vous êtes en retard sur votre programme, vous mettez toutes les ressources que vous pouvez pour que ça sorte au moment voulu".

Nous voilà donc en mai, David Ayer a terminé sa version du film (la fameuse vue par ce journaliste qui a fait le comparo' entre les deux le week-end dernier) réputée plus sombre, qui est présentée à un public en Californie. A ce moment de la production, deux versions du film existent et Warner teste également "la sienne" auprès du public pour trouver le consensus menant à un montage final plus fun et moins sombre, celui que vous pouvez découvrir aujourd'hui au cinéma. Il est intéressant de noter que David Ayer aurait accepté le processus et y aurait même participé, bien conscient de ce que représente une telle production pour sa carrière. On sait par exemple que dans sa version, le film ne s'ouvre pas de la même façon et que c'est Warner qui a insisté pour un montage léger présentant les personnages dans un training montage rendant l'intrigue d'autant plus absurde. Peu importe, c'est le studio qui a le dernier mot. Comme l'ajoute la source, le chemin vers ce "consensus" (sic) a coûté plusieurs dizaines de millions de dollars de reshoots au film, qui pourrait finalement avoir coûté bien plus que les 175 millions précédemment annoncés, si bien que Warner Bros devrait aujourd'hui réaliser un score de 800 millions de dollars pour considérer son dernier bébé comme une réussite, moins de 700 millions représentant officieusement un échec à leurs yeux. Il n'est pas dit que le film ne les atteigne pas, lui qui est en route pour le plus gros démarrage de l'histoire du mois d'Août.
 
Conséquence directe de telles manoeuvres, les sources en interne parlent de beaucoup de problèmes d'égo et d'impasses réglées dans la nervosité et l'empressement, certains parlant même de réel conflit entre David Ayer et le studio, le premier ayant quitté la CAA et WME (deux entités qui regroupent les artistes à Hollywood) dans le même mois, apparemment tellement échaudé par l'histoire qu'il ne voulait pas avoir affaire aux affres d'Hollywood pendant un moment. "Il a subi beaucoup - beaucoup - de pression" apprend-on.
 
Autre fait étrange dans la carrière du réalisateur qu'on avait noté il y a quelques semaines : Warner abandonnait son projet Bright (son prochain long-métrage, toujours avec Will Smith) au profit de Netflix et de ses 90 millions de dollars en pleine post-production de Suicide Squad, jamais un signe de confiance triomphant pour ses faiseurs maison. Ajoutez à ça un dernier rush après des projections en Juin faisant rentrer l'artiste en urgence à Los Angeles et vous obtenez un cocktail étrange une fois mis en face des déclarations récentes d'un réalisateur que l'on imagine dépassé, et qui se passerait bien des polémiques après avoir hurlé "Fuck Marvel" à l'avant-première d'un film qui est à priori à peine le sien. 
 
La morale, c'est qu'on ne peut décemment pas noyer une production chaotique à grands renforts de millions de dollars de communication et de singles des dernières pop-stars à la mode avec une telle base de travail, qui n'est pas sans rappeler les productions frénétiques des films Batman de Schumacher dans les années 90, l'allégeance aux fans (par le modèle d'univers partagé) en guise d'épine dans le pied en plus.
Certes, on pourra mettre ça sur le coup du "DCEU des débuts" maintenant que Charles Roven s'apprête à dire au revoir à DC Comics après Wonder Woman, mais il est impératif que Warner Bros apprenne de ses erreurs sans offrir comme seule réponse une réaction épidermique et inappropriée (comme l'ajout d'humour aperçu avec Suicide Squad et dans le teaser de Justice League) en guise de mea culpa. Personne n'en sort gagnant, ni le crew, ni les fans, ni les producteurs, ni le Box-Office, ni le DCEU dans son ensemble. Tout comme on ne peut pas lancer un film en production avec 6 semaines d'écriture seulement, confié aux mains d'un réalisateur qui n'a jamais réellement fait ses preuves, et à qui on impose ensuite des décisions qui bouleversent l'embryon de film qu'il essayait de développer. A terme, ce Suicide Squad ressemble à une batterie de scènes toutes virtuellement capables de s'insérer n'importe où dans le montage et qui n'ont pas conséquence aucune véritable place, amenées par des rajouts à la limite du gênant lors des vagues de reshoots, le tout mis en compétition entre David Ayer et la société responsable des trailers du film. L'avantage, c'est que le diagnostic est là, et qu'il ne reste plus qu'à soigner cette vilaine manie pour faire naître un véritable univers partagé digne de DC Comics au cinéma.

Sullivan
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