
Est-ce réellement une surprise que d'apprendre qu'aux États-Unis, les séries Absolute de DC Comics sont un gros succès, autant critique que commercial ? Pas vraiment, pour les observateurs aiguisés du marché. Mais quand l'éditeur à deux lettres se décide à communiquer certains chiffres à un média tel que le Hollywood Reporter, c'est que tout ça est loin d'être anodin. En effet, DC est visiblement très content de ses résultats à l'heure des fêtes de fin d'année, et a tenu à communiquer sur ce qui est visiblement une grosse réussite sur le domaine des comics de super-héros. Un succès qui a d'ailleurs franchi l'Atlantique pour se répercuter en France, si ce n'est ailleurs.
Pour refaire rapidement les présentations : la ligne Absolute de DC Comics a été lancée en octobre 2024, dans le cadre d'une vaste opération éditoriale de l'éditeur qui comprenait à la fois des relaunches et des changements d'équipes créatives parmi les séries de sa continuité principale (DC All In), et le lancement d'une nouvelle version de leur univers (Absolute). Sur cette Terre particulière, dont les origines sont liées à Darkseid - et donc par extension à l'évènement en cours DC K.O., les super-héros DC sont réinventés sous un nouveau jour, dans des versions remaniées et dépossées de nombreux éléments caractéristiques de leur canon habituel.
Par exemple, Batman n'a pas de manoir ni de grande fortune, ni de majordome. Wonder Woman n'a pas les Amazones ou Themyscira avec elle. Superman n'est pas arrivé sur Terre étant bébé, mais a connu la vie sur Krypton. Et ainsi de suite. Une façon pour les autrices et auteurs de s'amuser avec cet univers de poche, et de laisser libre cours à leurs idées sans avoir à interférer avec les directives du canon principal. L'ensemble des séries a dans sa majorité été très bien accuillie du côté critique et public.
Après une bonne année de publication, DC Comics est visiblement très content de la performance de ses titres Absolute : au Hollywood Reporter, l'éditeur communique un chiffre de 8,2 millions de comics vendus - et par cela, il faudra comprendre "vendus aux comicshops", ce qui n'en reste pas moins impressionnant - pour l'ensemble des séries de cette gamme, dont un Absolute Batman qui représente 35% de ce total avec près de 3 millions de comics écoulés auprès des librairies spécialisées. En l'occurrence, Absolute Batman #1 en est désormais à sa 10e ré-impression, tandis que le 15e numéro a eu droit à 300 000 commandes (le fait d'avoir un Absolute Joker et ses multitudes de variantes ayant a priori bien aidé).
La performance ne se limite pas qu'à Batman, puisqu'il est écrit par le Hollywood Reporter que sur six séries, cinq d'entre elles ont fait mieux, en termes de ventes, que les précédents lancements vus en 2011 pour les New 52 et en 2026 pour la période Rebirth. La sixième série étant Absolute Martian Manhunter, qui a visiblement aussi passé l'ordre de la centaine de milliers de comics vendus selon le média. En somme, si personne chez DC Comics n'est surpris d'avoir trouvé le succès, même Jim Lee et ses pairs ne pensaient pas que le succès serait si important.
Par ailleurs, on sait aussi que Absolute Batman se vend très bien en France, ayant dépassé rapidement depuis sa sortie ce printemps la barre des 10 000 exemplaires vendus. La campagne d'affichage en cours dans le métro parisien (voir post ci-dessous) a d'ailleurs même fait le tour du monde, en étant relayée entre autres par Bleeding Cool et partagées par de nombreux artistes et auteurs de la bande dessinée américaine. Et faute d'avoir d'autre cérémonie de récompense de fin d'année pour les comics dans notre pays, on notera aussi le Prix du Public gagné par la série de Scott Snyder et Nick Dragotta aux First Print Awards 2025, qui va de pair avec les chiffres de ventes annoncés par Urban Comics.
Dans le récapitulatif du Hollywood Reporter, il est expliqué que le relaunch de Batman récent, par Matt Fraction et Jorge Jimenez, se porte lui aussi bien. Au-delà des 500 000 ventes aux comicshops pour le premier numéro, facilement explicable par le nombre de variantes et la mise en place de blind bags, la série impressionne parce qu'il n'y a pas d'attrition, bien au contraire. Jimenez lui-même notait sur ses réseaux sociaux que le Batman #5 avait droit à plus de pré-commandes que les précédents numéros (alors que c'est en général l'inverse), tandis que Batman #2 et #3 enchaînent les réimpressions.
Bien entendu, tout cela reste discutable dans la mesure où DC Comics choisit de ne communiquer sciemment que sur ses plus gros succès, mais au vu des remous traversés par l'industrie depuis la crise du Covid-19, la performance des titres Absolute montre qu'il est encore possible d'avoir des succès dans le mainstream. En attendant de voir Marvel répliquer avec un communiqué pour ses comics Ultimate, mettons que l'éditeur à deux lettres s'attend à passer de belles fêtes de fin d'année.