Il en parle depuis un certain temps maintenant, et les annonces sont enfin sur le point de tomber. Sorti vainqueur de son long périple vers l'indépendance créative et économique, Mark Millar passera finalement la ligne d'arrivée dans un esprit d'apaisement : l'époque où le scénariste ressentait une certaine amertume (naturelle) en découvrant comment Marvel Studios avait pillé ses idées sans contrepartie semble désormais révolue. Ce qui n'est pas anormal. Dans le présent, celui-ci est devenu un homme riche, patron de sa propre petite enseigne dans les satellites des studios internes au géant Netflix, et ses activités de producteur lui laissent encore suffisamment de temps libre pour travailler sa passion de toujours pour le milieu des comics. A quoi bon passer sa vie dans la rancoeur vis-à-vis de ses anciens patrons lorsque l'on a remporté son pari ?
Et en définitive, ce bon état d'esprit semble lui profiter. Plutôt heureux de savoir que ses Marvel Zombies vont bientôt être adaptés sur la plateforme Disney+, en paix avec les productions Marvel Studios, Mark Millar a même fini par caresser depuis quelques années l'idée d'un retour au bercail. Le scénariste aura plusieurs évoqué son intention de conduire un projet autour du personnage de Superman (d'abord chez DC Comics, avant de changer son fusil d'épaule) et sa bonne relation avec les équipes du département éditorial de chez Marvel. Laquelle aurait notamment été ravivée récemment lorsque, l'an dernier, l'éditeur-en-chef de la Maison des Idées Chester Cebulski était passé voir Millar à Londres pour lui proposer une nouvelle collaboration.
Selon lui, le discours du grand patron aurait achevé de le convaincre du bienfondé de sa stratégie pour le futur : plutôt que de retourner chez DC Comics, Mark Millar compte visiblement attendre que le personnage de Superman tombe dans le domaine public. Et dans l'intervalle... rien ne l'empêche d'aller écrire de nouvelles histoires chez Marvel. Le directeur des productions Millarworld est effectivement protégé par une clause de liberté dans son contrat avec Netflix. Or, dans l'interview que celui-ci nous avait accordé en octobre dernier (prends ça, BleedingCool), Millar compte bien profiter de cette opportunité. En décrivant le projet, le scénariste évoquait (évidemment) son intention de réaliser le plus grand comics de tous les temps... et surtout de briser les records de vente de Civil War, la série qui se sera le mieux vendue de toute sa carrière, et qui reste l'une des mieux classées dans l'historique local du groupe Marvel.
Récemment, sur les réseaux sociaux, l'auteur a promis des annonces pour la semaine prochaine. Pour mardi, plus exactement. Tout ceci dans le cadre d'une déclaration qui aurait de quoi laisser songeur... surtout lorsque l'on observe les deux logos présents sur le visuel assorti.
Alors, Mark Millar serait-il aux manettes de la fameuse nouvelle rencontre entre les univers de Marvel et de DC Comics ? La piste est séduisante sur le papier. De fait, les deux enseignes se sont rapprochées récemment pour la réédition du titre JLA/Avengers de Kurt Busiek et George Pérez en partenariat avec la Hero Initiative - mais aussi avec un projet de réimpression des séries Amalgam, une curiosité de l'époque où les deux maisons rivales étaient encore capables de travialler main dans la main. Or, généralement, dans ce genre de cas, les gros projets de rééditions d'oeuvres passées tombent rarement par hasard. Et ça n'a pas loupé : en février, le projet a finalement été confirmé pour cette année.
Alors, avoir Mark Millar aux commandes d'un titre de cette catégorie, pour un auteur passé par les deux enseignes et plutôt apprécié des deux côtés de la barrière (pour Superman et The Authority d'un côté, les Ultimates et Old Man Logan de l'ordre, en résumant grossièrement son parcours à cette petite poignée de titres déjà suffisante pour brasser large dans les différentes couches de lecteurs modernes), pourrait suffire à créer l'événement. Accessoirement, de par son statut d'auteur externe et globalement indépendant, celui-ci permettrait aux deux enseignes rivales de s'entendre sur un terrain neutre et commun. D'ailleurs, on pourrait difficilement faire plus "Mark Millar" : plutôt que de choisir un camp, le bonhomme aurait ainsi réussi à se mettre dans la poche ses deux anciens patrons pour se couronner lui-même d'un statut particulier, "le seul capable de mettre DC et Marvel dans la même pièce". On imagine déjà le narratif de champion que ce grand spécialiste de l'autopromo' pourrait développer dans la foulée.
Néanmoins, si Mark Millar est connu pour cultiver ce statut de vedette autoproclamée, le scénariste a aussi la réputation d'être un sarcé farceur (en témoigne d'ailleurs la longue liste des titres potentiels pour sa future autobiographie). Il conviendra donc d'attendre encore quelques jours avant de s'emballer.