Vous connaissez la formule : les adaptations poussent les maisons d'édition à s'aligner sur le calendrier des studios. C'est comme ça, et ce n'est pas forcément une mauvaise habitude. Certains films, certaines séries peuvent parfois motiver une enseigne précise à se motiver en mettant les bons éléments aux bons endroits, même si, dans la concrétude des faits, beaucoup de produits sont souvent commandés et valider pour profiter d'un certain momentum. Au hasard, on a pu voir beaucoup de Wolverine cet été... et on devrait certainement voir pas mal de Daredevil au printemps de l'année prochaine. La date de sortie de la série Born Again a été confirmée dans le cadre de la New York Comic Con, et les premières annonces de comics sont tombées dans la foulée pour accompagner le lancement de ce feuilleton longtemps remis à plus tard.
Old Devil Matt
Sauf que, voilà : le personnage de
Daredevil pose un réel problème dans la convergence des marques. Pourquoi ? Parce que le héros est associé à certains grands noms de l'industrie qui n'ont plus forcément envie d'entendre parler de
Marvel dans l'immédiat.
Brian Bendis est sorti de l'équation,
Ed Brubaker n'a plus forcément envie de collaborer avec la compagnie, et
Frank Miller coûte cher (voire : très cher). De son côté,
Mark Waid est parti s'amuser
avec les jouets de la maison d'en face, et personne n'a forcement envie de retrouver
Matt Murdock entre les mains d'
Andy Diggle, qui n'était de toutes façons pas resté assez longtemps sur le personnage pour motiver un événement de la catégorie "ce grand retour que les fans attendaient de longue date". Certains des grands anciens ont même déjà été rentabilisés :
Daniel G. Chichester avait déjà signé pour une série nostalgique en fin d'année dernière... et puisque personne chez
Marvel n'a l'air de se souvenir du numéro d'
Ann Nocenti, on fait avec ce qui reste.
En l'occurrence, ça veut dire : aller chercher le dernier grand scénariste à avoir eu droit à un volume de plusieurs années sur l'homme sans peur. Comment ? Non, pas Chip Zdarsky. Trop récent, pas assez nostalgique, les gens n'ont pas encore eu le temps d'oublier son volume - le scénariste a bouclé l'affaire depuis à peine plus d'un an. Non : on parle bien sûr de Charles Soule. Responsable de Hell's Kitchen pendant presque trois ans entre 2015 et 2018, l'auteur a eu le temps de laisser une trace notable dans la continuité du justicier. Et même si tout le monde n'est pas forcément d'accord sur la qualité du segment en question, l'architecte de ce quartier de New York à l'époque a tout de même eu le temps de développer l'intrigue "Mayor Fisk", un tournant qui devrait servir de base à la série Daredevil : Born Again chez Marvel Studios. En somme, tout se recoupe.
Lors d'un panel organisé pour la New York Comic Con, C.B. Cebulski a donc présenté la mini-série Daredevil : Cold Day in Hell de Charles Soule et Steve McNiven. Une équipe créative vedette, armée d'un dessinateur de renom, et chargée de composer une sorte de "Old Man DD" basée dans un futur lointain et vaguement crépusculaire : les pouvoirs du héros ont disparu, mais celui-ci, désormais suffisamment âgé pour s'autoriser une petite retraite, va toutefois devoir reprendre le combat pour une dernière aventure.
Plus précisément, selon le communiqué de presse partagé dans la foulée :
"D'ici à un avenir lointain, Matt Murdock perd ses capacités exceptionnelles, et renonce à l'identité de Daredevil. Mais, il est toujours l'homme sans peur ! Et le héros fait encore tout son possible pour aider celles et ceux qui ont besoin d'un coup de main, au carrefour d'une ville détruite... et détruite pour de bon. Sauf que : un événement catastrophique se produit et les pouvoirs de Daredevil reviennent comme par miracle. S'il se pensait seul, Murdock va toutefois découvrir que Captain America a encore besoin de lui pour une dernière mission : protéger le dernier espoir de l'humanité toute entière au moment où un mal mystérieux menace de détruire le monde."
En somme, Marvel a profité de l'occasion offerte par Daredevil : Born Again pour permettre à Charles Soule de réaliser sa propre "fin ouverte" à la "Old Man" - une habitude des comics qui veut que certains scénaristes fondateurs imaginent la fin de leurs propres runs à travers une projection futuriste. Bendis avait déjà proposé un exercice comparable avec l'excellent End of Days, une façon pour le scénariste chevelu de conclure ce qui aurait pu être (ou aurait dû être ?) la dernière aventure de Daredevil dans le canon.
Seul inconvénient : l'éditeur et le scénariste se sont entendus pour un petit format de trois numéros pour la série Daredevil : Cold Days in Hell. Ca fait court pour un crépuscule. Mais dans le même temps, les détracteurs de Charles Soule pourraient répondre que l'auteur avait déjà formulé ce qu'il avait à dire avec Matt Murdock au moment de son volume de trois ans. Pour les fans, cette extension reste bonne à prendre, même si encore une fois, ces produits mis sur le marché pour capitaliser sur Born Again risquent bien de cogner à la sempiternelle question : reste-t-il encore une légende de DD suffisamment motivée ou abordable économiquement pour réellement rebondir sur la prochaine adaptation du héros ?
Daredevil : Cold Day in Hell #1 est attendu pour le mois d'avril 2025, autrement dit, au moment où les neuf épisodes de Born Again seront diffusés sur Disney+. Encore une fois : tout se recoupe.