Une nouvelle grande période s'amorce pour le cinéma des super-héros. Au sortir d'une longue séquence de quinze ans, au cours de laquelle les industriels de chez Disney ont largement épuisé le filon, ce répertoire de fiction revient peu à peu vers un semblant de normalité. C'est le principe de toute bonne bulle économique : un investissement massif, pendant que ça dure, et puis, lorsque la mode commence à passer, une déflation naturelle et progressive s'amorce. Comme un retour au calme. Les adaptations de comics ne vont pas disparaître pour de bon - le genre va peut-être simplement prendre un peu moins de place, et mobiliser un effort moins important d'ici les prochaines années. Tout du moins, chez Marvel Studios.
No More Budget Illimité
Cette nouvelle ère de raison est en train de prendre forme, sous le regard attentif du public et des observateurs spécialisés. En l'espace de quelques mois, Bob Iger, pour calmer la furie des actionnaires (et sauver son poste face à une rixe interne qui a bien failli lui coûter gros), a sonné le début de la décrue. Moins de productions originales Marvel Studios, moins de coups tirés au hasard, certains produits d'ores et déjà annulés en secret... en somme, on calme le jeu. L'époque où Kevin Feige pouvait se permettre de lâcher 200 millions de dollars dans des titres aussi vendeurs que Secret Invasion (haha) est terminée.
Le président du groupe
Disney a multiplié les déclarations de genre au fil des derniers mois, à destination des investisseurs. Une nouvelle actualité vient confirmer ce nouveau statu quo : la rédaction de
Deadline rapporte que quinze salariés "junior" de chez
Marvel Entertainment ont été licenciés récemment. Les postes concernés officiaient dans les départements relatifs à la production et au développement de la marque. Comme le stigmate d'une masse salariale devenue dispensable, au moment où le groupe se décide à réduire la voilure. Pour l'heure, l'agenda de
Marvel Studios ne devrait pas trop évoluer, mais dans la mesure
où les plans pour le futur ont été revus à la baisse,
Disney s'adapte en optant pour une équipe moins importante sur ce front de l'activité.
Cette petite vague de salariés poussés vers la porte passe presque pour anecdotique, à l'échelle des sept mille licenciements commandés par Bob Iger au moment de son grand retour à la tête de l'empire Disney. Si le PDG du groupe a visiblement remporté son pari à travers la tempête, en gardant le contrôle face à la concurrence des alliés d'Ike Perlmutter, la compagnie n'est plus exactement dans le même état que lors de son premier départ en retraite, en 2020. Disney reste globalement fragilisé par la crise COVID, les investissements à perte dans la plateforme Disney+, les deux séquences de grève de l'an dernier, et la fatigue d'un grand public qui ne se retrouve plus forcément dans le MCU sous sa forme actuelle.
Pour le bien des employés du groupe, ne reste donc qu'à croiser les doigts pour que les grands patrons orientent enfin la compagnie dans la bonne direction.