Le cinéma des super-héros enchaîne les échecs, et la nouvelle séquence temporelle amorcée depuis le début de cette année n'a pas l'air d'avoir changé grand chose. Déjà, Sony Pictures jette l'éponge sur l'exploitation en salles du film Madame Web. Les équipes du site Exhibitors Relations Co., entreprise spécialisée dans l'observation du cinéma aux Etats-Unis, annonce la nouvelle sur les réseaux sociaux : l'enseigne capitule, au bout de quatre petites semaines. Madame Web vit actuellement ses derniers jours dans les salles de cinéma, avant de se réfugier vers le marché de la vidéo, pour sauver l'honneur.
Ni oubli ni pardon ?
Au global, le film de S.J. Clarkson risque donc de s'arrêter à quelques mètres du marqueur symbolique des 100 millions de dollars au box office mondial (43,5 millions aux Etats-Unis, 53,8 millions à l'international : 97,4 millions). Un coup dur pour la stratégie prônée par Avi Arad et Amy Pascal sur leur "saga" de produits consacrés aux vilains ou aux seconds couteaux du catalogue Spider-Man. Selon les données officielles, Madame Web aurait coûté 80 millions de dollars en budget de production, avant les frais publicitaires. Pour établir une moyenne à l'aveugle, si l'on se fie aux indicateurs classiques, on imagine donc que l'enveloppe totale (production et promotion) a probablement dû dépasser les 120 millions de dollars... et avec moins de 100 millions au box office, on tablerait donc sur un échec complet, voire même une authentique catastrophe industrielle.
Puisque, pour rappel, les sommes générées sur les entrées en salles ne tombent pas directement dans la poche du distributeur ou de la société de production à l'origine du produit. Une partie des 97 millions de Madame Web a évidemment été reversée aux exploitants (i.e. : les salles de cinéma), une autre partie a été aux différents territoires d'exploitation via les taxes (en fonction des pays), et le reste a été réparti entre les différents studios qui ont mis la pâte pour financer ou accompagner le projet. En l'occurrence, Di Bonaventura Pictures, par exemple. Aussi, on imagine que Sony a dû encaisser un déficit extrême suite à l'échec de Madame Web... un déficit plus important encore que Morbius, qui avait terminé sa course, de son côté, sur un score déjà ridicule de 167 millions.
Or, et on s'en aperçoit de plus en plus fréquemment dans le Hollywood du présent : les échecs, ça calme. Face à un marché devenu de plus en compliqué suite au COVID et aux deux périodes de grèves, les studios réagissent différemment, en optant généralement pour deux tangentes parallèles. Soit les financiers décident de revoir leur copie, en se tournant vers les artistes, en misant sur la variété et un degré de qualité supérieur (Warner Bros. avec James Gunn et Matt Reeves, par exemple, ou Marvel Studios avec le Marvel Spotlight et une classification pour adultes sur le film Blade), soit, dans une perspective plus pessimiste, les patrons de groupe peuvent aussi décider de couper court à la plaisanterie. Bob Iger a déjà commencé à faire le ménage dans les productions considérées comme "risquées" chez Marvel Studios. En dehors du cinéma des super-héros, la plupart des producteurs font grise mine devant les chiffres de l'année passée, et les plateformes de streaming ont reçu pour consigne de faire attention au carnet de chèques, le temps que la tempête passe.
A voir comment
Sony Pictures compte réagir à l'échec de
Madame Web. Si
Kraven devait lui-aussi se planter, on se demande combien de temps l'enseigne continuerait à insister avec cette gamme de films
Spider-Man sans
Spider-Man, en particulier quand la trilogie des
Venom (la seule franchise rentable dans cette catégorie) devrait prochainement se conclure, et peut-être pour de bon. Dans l'immédiat, le groupe a déjà commencé à communiquer
au sujet de l'édition blu-ray du long-métrage de
S.J. Clarkson. Celui-ci est aussi disponible à l'achat ou à la location sur les plateformes de VOD. Si vous voulez faire une blague à quelqu'un...