Le FIBD aura lieu en 2026, mais dans quelles conditions ? Les financeurs publics ont publié récemment un long communiqué faisant état, suite aux revendications au printemps dernier du syndicat des travailleurs et travailleuses, artistes-auteurs et autrices (STAA CNT-SO) ainsi que du collectif MeTooBD, de l'ouverture d'un appel à projets pour l'organisation du Festival International de la Bande Dessinée d'Angoulême post-2027. C'est en effet sur cette année que le contrat qui lie l'Association du FIBD et la société 9eArt+ prendra fin.
Dans le communiqué des financeurs publics, il était aussi annoncé que l'actuel responsable de l'organisation du FIBD, Frank Bondoux, quitterait ses fonctions fin 2027. De quoi apaiser les tensions ? Le communiqué indiquait en conclusion que "les représentants des différentes organisations syndicales nationales, représentant l’édition, les autrices et les auteurs, ont confirmé leur participation pour l’édition 2026". Une formulation qui a laissé circonspect les personnes à l'origine de la pétition de ce printemps... puisque celles-ci ne font pas partie de ces "représentants" désignés dans le communiqué.
Ainsi, c'est par un nouveau communiqué que le STAA CNT-SO et le collectif MeToo BD réagissent aux propos formulés le 24 juillet 2025 - communiqué rapporté sur ses réseaux sociaux par Lucie Servin, la journaliste de L'Humanité à qui l'on doit la longue enquête du début d'année sur les nombreux problèmes rencontrés dans l'organisation du FIBD (et qu'on vous invite toujours à lire par ici). Dans les grandes lignes, le communiqué clarifie le fait que personne n'a été contacté de leur côté par le FIBD ou l'Association pour le Développement de la Bande Dessinée à Angoulême (ADBDA) et qu'en conséquence, l'ensemble des signataires de la pétition lancée ce printemps ne peuvent acter avoir renoncé à l'appel au boycott, qui reste donc toujours de mise. En parallèle, il est rappelé que le départ de Frank Bondoux de ses fonctions n'empêche en rien 9eArt+ de récupérer à nouveau l'organisation du FIBD (ce qui n'a jamais été contesté, par ailleurs), et qu'il puisse continuer d'exercer sa vision de manière détournée.
A priori, le SNE (Syndicat National de l'Édition) et les maisons qui en font partie, ainsi que le SEA (Syndicat des Éditeurs Alternatifs) n'ont plus l'intention de ne pas se rendre à l'édition 2026 du FIBD, et le collectif lance donc un puissant appel, à la fois pour maintenir le boycott, mais aussi pour la mise en place d'actions collectives. Comicsblog.fr est signataire de la pétition du printemps 2025 et s'engage à suivre et soutenir les démarches qui seront entreprises pour qu'il y ait plus de transparence et que le point de vue des auteurs et autrices soit entendu. Le texte intégrale du communiqué est à retrouver ci-dessous.
"Désertons le FIBD # 2
L’ASSO DU FIBD FAIT DE L'ESBROUFE : Transparence ou os à ronger ?
Depuis le dernier FIBD et notre pétition appelant au boycott de la prochaine édition du festival, il y a eu beaucoup d'agitation autour de l'organisation de la manifestation. La dénonciation du contrat liant l'association à 9eArt+ a bien eu lieu et derrière, un appel à projets a bien été lancé par Delphine Groux.
Les différents rebondissements liés aux multiples rencontres opaques entre l'association du festival et l'ADBDA ont été relatés dans nombre d'articles de presse : calendrier lunaire de l'appel à projets, défiance du SEAet du SNE, puis pression des financeurs publics. Franck Bondoux est même annoncé sur le départ. Nous avons entendu dire que nous aurions alors eu gain de cause.
Et ainsi, c'est de manière détournée que nous avons appris que la "profession" avait levé le boycott. Mais de qui parle-t-on alors qu'il n'existe pas d'élections professionnelles dans la bande dessinée et que les réunions sous l'égide de l'ADBDA entre les différent·es acteur·ices du festival ne font pas l'objet de compte-rendus publics ? Et que l'association est figée dans la même configuration depuis 2017 ?
Ce ne sont ni le SNE ni le SEA, et encore moins le SNAC BD, qui ont appelé au boycott. Et ils n'ont pas non plus signé notre pétition. Il est alors plutôt incroyable de lire, dans le dernier communiqué des financeurs publics du FIBD, "que les représentants des différentes organisations syndicales nationales, représentant l’édition, les autrices et les auteurs, ont confirmé leur participation pour l’édition 2026".
Ni le FIBD ni l'ADBDA ne nous ont contacté·es pour échanger et écouter les revendications des 400 auteur·ices ayant signé l'appel à boycott. La seule réaction de l'association d'Angoulême a été faite par le biais de la presse, dans laquelle on pouvait lire que nous n'avions qu'à postuler pour l'appel à projets si nous n'étions pas satisfait·es du festival. Un appel à projet dont le cahier des charges n'est accessible qu'après envoi d'une lettre de motivation à Delphine Groux, et réservé à une "[...] structure [qui] devra être à objet unique, dédiée à l’évènement et ne pas permettre la distribution des bénéfices et répondre ainsi aux critères nécessaires pour pouvoir solliciter et bénéficier de subventions publiques". Cela implique entre autres que 9eArt+ peut se représenter, avec ou sans Franck Bondoux, ce qui est plus ou moins dit dans leur communiqué "9eArt+ et l'avenir du Festival". De plus, Franck Bondoux étant actionnaire principal de 9eArt+, on voit mal comment il ne resterait pas impliqué d'une manière ou d'une autre dans la gestion du festival. Johanna Bondoux, sa fille, reprendra-t-elle sa place ?
Nous le redisons donc haut et fort : non, nous n'avons pas tous·tes confirmé notre participation, et oui, le boycott est toujours d'actualité. Cet appel a été accueilli avec soulagement par nombre d'entre nous, et il reste le seul moyen de pression de la profession pour exiger des changements dans l'organisation du FIBD. Ce festival, dont le financement est en grande partie soutenu par la collectivité, est central dans le milieu de la bande dessinée, et il n'est pas acceptable que les conditions d'organisation de celui-ci restent à ce point le privilège d'une minorité qui l’accapare.
Les syndicats de l'édition ont à cœur de défendre les intérêts économiques du secteur, et il est difficile d'attendre d'eux de geler leur participation à l'édition 2026 aussi tardivement dans l'année. Il n'en est pas de même pour les auteur·ices : sans nous, pas d’expositions, de rencontres, ni de dédicaces, et donc, pas de festival. Si nous ne comptons pas sur un appel national du SNAC BD pour mener des actions d'envergure, nous pouvons nous appuyer sur d'autres collectifs ou syndicats, non représentés au sein de l'ADBDA, comme le STAA CNT-SO, MetooBD, le SNAP CGT, le Collectif des créatrices de BD contre le sexisme, l'ABDIL, l'ACBD, le SNÉAD-CGT, le Future Off ou le Colectivo de Autoras de Cómic. Le boycott est un levier puissant. La revendication collective en est un autre. Et ce n'est qu'en s'organisant ensemble que nous serons assez fort·es pour que notre point de vue, celui des travailleur·euses de la bande dessinée, soit enfin entendu et pris en compte.
Si vous venez à Angoulême en janvier 2026, êtes-vous prêt·es à boycotter les dédicaces ? Êtes-vous prêt·es à mener des actions revendicatives ?
Nous le sommes. Restons en contact."