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L'artiste Paul Neary, ex éditeur-en-chef de Marvel UK, nous a quittés à l'âge de 74 ans

L'artiste Paul Neary, ex éditeur-en-chef de Marvel UK, nous a quittés à l'âge de 74 ans

NewsMarvel

Un grand nom des comics s'est éteint. L'artiste Paul Neary est mort il y a quelques jours des suites d'une longue maladie. Fort d'un parcours de plusieurs dizaines d'années dans la bande-dessinée anglophone, à cheval entre le Royaume-Uni et les Etats-Unis, Neary liste quelques prestations conséquentes : un passage sur l'immense anthologie Eerie de Warren Publishing, quelque comics en commun avec Alan Moore sur Future Shocks, un poste d'éditeur-en-chef chez Marvel UK, les dessins de Wolverine : Bloodlust, l'encrage de la série The Ultimates de Mark Millar et Bryan Hitch dans la foulée d'Andrew Currie... entre autres choses.

1949-2024

Sur les réseaux sociaux, le géant Alan Davis rend hommage au parcours de son ami et ex collaborateur à l'occasion d'une longue missive qui résume les grandes étapes de la carrière de Paul Neary. Davis et Neary auront longtemps travaillé côte à côte, et notamment sur la série Captain Britain, l'une des obsessions de l'ex éditeur-en-chef de Marvel UK. En parallèle d'une large variété de messages posthumes par différents grands noms de l'industrie (Paul Levitz, J.M. DeMatteis, Mike Carlin, qui saluent le départ du dessinateur de concert), Davis brosse un discours complet sur les hauts faits de son ami disparu.
 
"Extrêmement attristé par le départ de Paul Neary. Mon mentor, mon collègue mon ami. Paul Nemy, né à Bournemouth, en Angleterre, le 18 décembre 1949, nous a quittés le 10 février 2024 des suites d'une longue maladie. Au fil d'une carrière étalée sur plus de cinquante ans, Paul a obtenu le respect et la reconnaissance de ses pairs sur deux continents, en occupant plusieurs postes au sein de l'industrie des comics. Paul savait écrire, dessiner, encrer, coloriser, lettrer et éditer, des compétences acquises au terme de longues années passées à étudier armé d'un zèle d'académicien.

Le dessin de comics représentait un loisir agréable pour Paul lorsqu'il a entamé ses études à l'Université de Leeds, au départ, pour poursuivre un parcours dans la métallurgie. Mais lors de ses premières vacances d'été, il s'est rendu à New York, et s'est frayé un chemin jusqu'au bureau de Jim Warren, pour obtenir son premier travail professionnel sur l'anthologie Eerie. Et notamment, sur la série Hunter.



Lorsque les éditions Warren ont été liquidées, Paul a trouvé du travail au Royaume-Uni en œuvrant sur les adaptations des films de la Hammer en BD, puis sur le magazine Doctor Who et en suivant de près Syd Jordan sur le comic strip Lance McLane. Ces projets, brefs et variés, convenaient parfaitement à la nature éclectique de Paul, à son amour pour les expériences, mais elles ne représentaient pas encore un emploi à plein temps. Paul a donc accepté un rôle chez Marvel UK, à la fois sur la partie artistique et sur la partie éditoriale. Sur place, il a rencontré son future épouse, Bernie Jaye, qui aura partagé sa vie sur plus de quarante ans. En devenant éditeur en chef, Paul espérait pouvoir faire mieux avec Marvel UK, qui se contentait surtout de réimprimer au Royaume-Uni les comics américains. Il voulait créer des comics à échelle locale, et notamment en réinventant le héros Captain Britain.

La politique de l'éditeur a fini par mettre un terme à son poste chez Marvel UK. Alors, il a déménagé aux Etats-Unis, où il a pu travailler pendant trois ans sur Captain America, une courte série sur Ka-Zar et une mini' sur Nick Fury. Paul était un perfectionniste., et avait donc du mal à se plier au diktat de la publication en mensuel, ou aux limites des styles graphiques imposés par la maison mère. Il avait aussi une passion pour les comics de science-fiction comme Mystery in Space, et un amour franc pour les magazines et les albums publiés en Europe. Ce qui saute aux yeux lorsque l'on regarde ses créations personnelles, comme Madman, Tales From the Rim et Wildweed.



Paul est alors passé des crayonnés à l'encrage sur Batman and the Outsiders, Detective Comics et Excalibur. Et puis, il a été invité à revenir chez Marvel UK en tant que directeur artistique. Sur place, il a piloté la création et l'évolution de titres tels que Dark Angel, Motor Mouth, Dark Guard, Deaths. Head, Knights of Pendragon et The Clandestine. Et même si cette liste des titres paraît impressionnante, la plus grande réussite de Paul a été de façonner un environnement de travail idéal pour aider les jeunes créateurs à apprendre, à développer leurs compétences, pour leur faciliter l'accès au marché américain, surtout lorsque Marvel UK a été victime de déclin général de l'industrie. Paul a repris l'encrage et la finition sur des titres tels que The Authority, Ultimates et JLA, où son travail exceptionnel a été reconnu et récompensé. Et enfin, malheureusement, la maladie a frappé.

"Celles et ceux qui ont eu la chance de connaître Paul se souviendront de lui comme d'un homme d'une grande humilité, qui ne recherchait pas la gloire ou la reconnaissance du public. Paul aimait le processus créatif et encourageait cette les autres à tenter de nouvelles choses. Toujours professionnel, enthousiaste et respectueux, mais dans le privé, il avait un sens de humour anarchique, exceptionnel, heureux de se moquer des puissants et de dénoncer les injustices de la vie. La plus grande injustice reste son départ, intervenu beaucoup trop tôt... Condoléances, mes pensées et mes prières vont à Bernie."



Difficile de résumer en quelques lignes le parcours d'un tel vétéran, ou d'un ami. Alan Davis a fait de son mieux pour dresser les grandes lignes. Force est de constater que, si les nécrologies ont tendance à devenir monnaie courante dans les colonnes de ce modeste site web (parce que l'industrie des comics a désormais un certain âge, et que de plus en plus de pionniers ou de créateurs de légende nous quittent, frappés par le passage inexorable du temps), on tombe tout de même rarement sur des artistes avec une telle expérience, une telle panoplie de compétences, avec autant de projets à la ceinture. Paradoxalement, Paul Neary n'était pas une vedette, et on imagine que son départ ne résonnera pas avec la même intensité pour tout le monde. Il était, en revanche et sans nul doute, un géant des comics. Condoléances à ses proches et à sa famille.
 
 

Corentin
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