Comment ça, "on s'acharne" ? Vous connaissez la règle : en temps de paix, on ne tire pas sur le messager. L'objectif de ces articles n'est pas de moquer la stratégie (désopilante) de Warner Bros., qui pensait vraiment créer l'engouement en brocardant à tue-tête que The Flash était "le plus grand film de super-héros de tous les temps", quitte à embaucher Tom Cruise comme publicitaire freelance (au point de lui inspirer une vocation - regardez ce qui se passe avec Barbie et Oppenheimer). Le but est simplement de constater d'un fait. Le long-métrage d'Andy Muschietti n'a pas su convaincre le public de se déplacer en salles. Le studio doit donc désormais accepter de payer la facture.
Reste seulement à la calculer...
Sur les réseaux sociaux, un certain
Luiz Fernando, observateur affûté des chiffres du box office et spécialiste du marché de l'audiovisuel américain, estimait que
The Flash risquait de coûter 200 millions de dollars à Warner Bros.. Le calcul utilisé s'était avéré plutôt convaincant. Au sortir de son quatrième weekend d'exploitation en salles, le film d'
Andy Muschietti gravite encore sur un modeste ensemble de 260 millions de dollars de recettes, et a donc engrangé (une nouvelle fois) 15 millions de dollars en l'espace d'une semaine sur l'ensemble des territoires où celui-ci est encore projeté. Avec l'érosion naturelle des entrées en salles sur la durée, et l'arrivée toute proche du prochain
Mission Impossible, il est très probable que le projet n'atteindra pas les 280 millions sur le reste de sa durée d'exploitation. Ou difficilement.
Or, le calcul présenté par Fernando et les autres spécialistes du marché du cinéma américain se basait justement sur cette somme plancher. Si The Flash atteint les 280 millions de dollars au box office, selon toute vraisemblance, le film représentera une perte sèche de 200 millions pour Warner Bros.. Une fois que le circuit des exploitants aura pris sa part et que les frais promotionnels auront été mis dans la balance. Or, le long-métrage n'est même assuré d'aller aussi loin.
Et encore, cette estimation paraît même optimiste dans la mesure où l'équation utilisée ne comptait pas les frais annexes (
la part en "back end", à savoir les résiduels, notamment, et surtout les sommes versées aux partenaires intéressées aux gains du produit - les "
participation", qui désignent le pourcentage versé sur chaque dollar récolté, ce qui est probablement vrai pour les studios
Double Dream et
The Disco Factory à la coproduction).
Partant de là,
The Flash risque donc de faire perdre une grosse somme d'argent à
Warner Bros. Discovery. Une somme déjà supérieure aux coûts engagés sur la production du film, sans même parler des retombées négatives pour la marque
DC Comics, largement écornée, et pour le groupe au global. Entre deux polémiques, et après un début de présidence largement commenté et critiqué,
David Zaslav avait besoin d'un succès pour remettre les comptes à l'équilibre (et participer
à l'effort de remboursement de la dette, qui obnubile les actionnaires depuis la mise en route de la fusion). La sortie de
The Flash représente un revers conséquent pour l'économie du groupe, qui risque bien d'avoir des conséquences concrètes d'ici les mois et années à venir. A Hollywood, on a l'habitude de tirer des leçons de certains échecs précis (
Waterworld,
La Momie,
Cléopâtre). Reste seulement à voir ce qu'on retiendra de celui-là.