Au sortir de la Phase 4 de Marvel Studios, le film Doctor Strange in the Multiverse of Madness passe pour la meilleure performance, à défaut de trouver en face de lui suffisamment de productions aussi inspirées. Le grand retour de Sam Raimi à la mise en scène avait pour lui une certaine générosité, et l'utilisation du multivers comme un outil ludique, enfin pris au sérieux et rentabilisé. Et si le gros de l'action se sera concentré sur deux (ou trois) Terres parallèles, d'autres idées avaient évidemment été envisagées.
En attendant la Terre-alligator
Paradoxalement, le film se sera surtout servi du multivers comme une sorte de portfolio cosmique - en somme, "voici ce qui existe en dehors de la
Terre-616, et on y reviendra peut-être plus tard" - et pas forcément dans sur le plan bien plus ludique des versions alternatives de
Loki. Et si on aimerait vous dire qu'on a mis la main sur des concept arts représentant le
Doctor Strange dans la peau d'un chat humanoïde ou d'un Aquaman de substitution, malheureusement, la période faste où les recherches du département visuel de
Marvel Studios pouvaient nous emmener assez loin semble bel et bien révolue.
A la place, une toute petite poignée de visuels de l'artiste Aaron Black se sont présentés récemment, via la page ArtStation du créateur, employé des studios Weta et salarié sur Doctor Strange : In the Multiverse of Madness. Dans le tas, on notera la curiosité d'une Terre qui semblait encore clouée au stade de la Seconde Guerre Mondiale. Plus intéressant, le film aurait apparemment pu employer au premier plan la divinité (ou le trio de divinités) des Vishanti, une entité référencée dans l'univers de Marvel Studios en évocation directe des comics relatifs à la mythologie Doctor Strange. Oshtur, l'une des plus anciennes déesses de la planète Terre, antérieure à l'apparition du genre humain et revenu d'un long voyage vers les étoiles où elle rencontrera le dieu Hoggoth, dernier membre d'un panthéon en passe de s'éteindre, et bien sûr, Agamotto, le premier des Sorciers Suprêmes, auteur du Livre des Vishanti et dernier membre de cette trinité.
Si le film fait référence à leur existence (tout en sous-entendant celle de leur ancien rival
Chthon, un autre très ancien dieu à l'origine du
Dark Hold), le scénario aurait apparemment pu les présenter plus directement. Encore que, la pudeur de
Marvel Studios vis-à-vis de ces créatures plus abstraites aurait sans doute eu tendance à enfermer les
Vishanti dans un statut "à la
Galactus" du premier film
Fantastic Four. A savoir, une incarnation trouble et surtout pensée pour le fanservice. Pensez
à Eternity dans Thor : Love & Thunder ou
à l'Intelligence Suprême des Krees dans
Captain Marvel et vous comprendrez que le public n'a pas nécessairement perdu au change en se contentant de suggérer les dieux plutôt que de chercher à les montrer, sans convictions.