Sans grande surprises, Bob Chapek garde le contrôle du groupe Disney pour les trois prochaines années. Le conseil d'administration aurait voté à l'unanimité pour renouveler sur trois ans le contrat de l'actuel président, avec une mandature qui prendra effet dès le premier juillet pour durer jusqu'à l'année 2025. Sur la même base salariale (2,5 millions annuels, une somme inférieure au salaire de Bob Iger fixé à 3 millions avant les "coupes" imposées par la pandémie) avec une augmentation des sommes "bonus", primes et stock options. Celles-ci passeront donc de 15 à 20 millions, dont plus de la moitié en actions, pour féliciter la performance de Chapek sur l'année passée.
Le Roi sous la Montagne
Si l'extension de la présidence
Chapek n'est pas une surprise au sortir d'une pandémie qui aura coûté cher au groupe
Disney - et à travers laquelle
Bob Iger avait repris une partie de ses fonctions pour faciliter la gestion de crise - celle-ci donne surtout l'impression que le conseil d'administration a cherché à envoyer un signal de stabilité aux actionnaires. Dans la réalité de l'actualité
Disney,
Chapek reste une figure contestée. La politique appliquée à la tête du groupe, passée par de nombreuses fermetures de studio,
plusieurs charrettes de licenciements agressifs et une restructuration générale qui a eu pour effet d'abolir les capitaineries isolées (pour faire en sorte que toutes les décisions viennent directement d'en haut) ne serait pas forcément du goût de
Bob Iger.
Plusieurs chroniques détaillaient encore en ce début d'année les frictions entre l'ancien roi et son héritier, dont la présidence s'est immédiatement traduite par un durcissement de l'appareil productif général. A l'échelle politique, la position controversée de Disney sur le sujet de la Parental Rights Education Bill (ou "Don't Say Gay Bill") et l'attitude de Chapek sur ce dossier aura commencé par irriter une partie du public, avant un retournement de veste tardif qui poussera les élus Républicains à l'origine du projet à punir la compagnie. En proposant notamment de retirer les aides à l'imposition appliquées dans l'état de Floride, chef lieu du groupe Disney protégé jusqu'ici par une exemption fiscale et un statut d'autonomie particulier. La grogne de nombreux employés concerné.es ou impliqué.es dans la lutte pour les droits LGBT+, celle des employés de Pixar privés de sortie au cinéma pour la majorité des productions récentes, et la poussière accumulée sur certaines propriétés intellectuelles se rajoutent au bilan mitigé.
Bob Chapek a surtout pour lui d'avoir réussi la transition des contenus produits par le groupe en direction de la plateforme Disney+ : à date de rédaction, la plateforme enregistre un nombre conséquent de 130 millions d'abonnés, et ambitionne déjà d'atteindre les 240 millions d'ici au mois de septembre 2024. S'assurant une rente stable et une place de second sur le marché de la SVOD (juste derrière Netflix avec ses 220 millions), principale cible de conquête des acteurs du divertissement au présent.