Dans le cas de l'empire Disney, le problème de l'héritage et de la passation des pouvoirs ne s'est jamais posé pour le vieil oncle Picsou, bien abrité derrière son statut de canard centenaire de fiction. Un paravent qui ne s'applique pas aux président de groupe du monde réel, et, dans une transition programmée depuis plusieurs années, Bob Iger annonce la fin effective de ses fonctions de président directeur général, remplacé par un certain Bob Chapek, ex responsable de la division parcs d'attractions au sein de la holding.
Après plus de quinze ans à la tête de cet immense groupe culturel,
Bob Iger aura très certainement marqué l'histoire de
Disney, ou le secteur des industries culturelles dans leur ensemble. Prenant la suite des opérations avec la validation de
Roy Disney, le bonhomme prend ses fonctions en 2005 et supervise, coup sur coup, le rachat des marques
Pixar,
Marvel,
Star Wars, et
l'acquisition récente de l'entreprise Fox avec les studios et une partie des chaînes de télévision assorties (avec
Hulu en bonus d'achat). Sous son règne, la société sera tout simplement devenue la plus importante du secteur cinéma et divertissement, allant désormais chercher
Netflix dans un inquiétant mouvement de centralisation culturelle, où une seule compagnie capte désormais plus du tiers des profits générés à Hollywood chaque année sur l'exploitation de films en salles.
En ce qui concerne sa relation avec le secteur des comics,
Bob Iger aura aussi été celui qui se sera chargé
de mettre un peu de distance entre le président de Marvel,
Isaac Perlmutter, et le prodige
Kevin Feige, figure de proue de
Marvel Studios. Prenant partie pour son poulain à casquette,
Iger aura misé gros sur les adaptations de BDs en nommant
Feige à la tête de l'ensemble des franchises
Marvel, comics, cinéma et télévision. Si le bonhomme n'est pas directement responsable du projet
Marvel Cinematic Universe (attendu que ce-dernier avait démarré longtemps avant le rachat de la société
Marvel), il aura su flairer le succès en devenir de cette saga désormais plus rentable qu'aucune autre franchise dans le paysage moderne du cinéma.
A voir si Bob Chapek se montrera aussi enthousiaste avec cette partie de la production interne (les chiffres devraient aider). Pour l'heure, en attendant la troisième saison de Succession, on rappellera que Bob Iger avait plusieurs fois évoqué ses ambitions politiques. Avec le bon carnet de chèque et le soutien d'un énorme groupe derrière lui, il n'est pas impossible que l'on réentende parler du bonhomme dans les années à venir, sur de tout autres sujets.