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DC Future State : le bilan d'une seconde semaine bien décevante

DC Future State : le bilan d'une seconde semaine bien décevante

chronique

L'évènement DC Future State de l'éditeur DC Comics, parenthèse futuriste avant la grande relance "Infinite Frontier", se poursuit avec la sortie de sept nouveaux numéros en cette seconde semaine de publications. Une fois de plus, notre petite équipe vous propose un avis éclairé et détaillé sur chacune des histoires, afin de suivre ce que DC fait de bien ou de moins bien avec son concept, chargé de présenter de nouveaux personnages et mettre ceux connus dans des situations inédites.

Force est de constater que cette seconde semaine se sera montré bien plus décevante que la précédente. On retiendra surtout un très bon Dark Detective, un Justice League correct et un Green Lantern à réserver aux plus fans, mais pour le reste, franchement : passez votre chemin ! Explications à dérouler ci-dessous.


Future State : Dark Detective #1

Dans la foulée de The Next Batman, Mariko Tamaki prend les rênes de la série Dark Detective, en compagnie du talentueux Dan Mora aux dessins. Fait rare, une scénariste écope du destin fictionnel de Bruce Wayne pour un projet de long terme. Pour le moment assez introductif, le point de départ de cette nouvelle "identité" consacrée au héros se connecte assez bien aux premières histoires consacrées à la Gotham City de Future State : le Magistrat règne en maître avec son armée privatisée sur les porteurs de masque, le Batman et Bruce Wayne sont déclarés morts, et un membre des forces de l'ordre, Peacemaker 01, tient les rues en autorité.

Sans le sou, l'ex milliardaire évolue dans un décor urbain largement inspiré par l'esthétique cyberpunk et l'iconographie des hologrammes de Blade Runner. Là où les autres incarnations de cette Gotham futuriste évoquaient, l'une ou l'autre, un pan social inquiétant de mégalopole étouffante ou une ville caricaturale de comics de science-fiction aux mains des gangs, Dan Mora transforme le paysage en exagération moderniste des réalités du présent : des rues chaleureuses dans la couleur des éclairages publicitaires, superposées au noir profond des bâtiments et des allées obscures. Une ville qui respire et paraît, enfin, palpable en comparaison de Robin Eternal ou Arkham Knights, où les artistes en postes ne se seront pas demandés si leur lecture de Gotham pouvait évoquer de réelles cités contemporaines.

L'intrigue reste bien entendu assez légère, quoi que le compromis d'un Bruce Wayne en fuite ait l'intérêt de laisser le temps au lecteur de prendre la mesure du nouveau statu quo. Une introduction qui ne tombe pas dans le piège du bavardage ou de l'exposition agressive, qui paraît même se foutre assez copieusement du rapport avec les autres personnage de la mythologie Batman pour le moment. Agréable, si vous aimez les course-poursuites de Minority Report ou les paysages de Mute.


De son côté, la nouvelle série Grifter fonctionne sur un pan plus réel. De jour, en périphérie, dans les bars réservés aux super-méchants matés par le Magistrate, l'anti-héros va jouer de malchance et se faire embarquer par la ferraille locale. Bien rythmé, bien dialogué, le numéro est tout bonnement efficace avec ce personnage de fripouille sans vergogne, qui contredit l'archétype du brigand sympatoche ou blagueur à la Han Solo pour rester sur une figure de salopard taiseux mais tout de même adroit de ses mains. Des dialogues qui bondissent bien et savent fermer les scènes ou mener la case suivante, un authentique petit page turner de très bonne facture, et qui a l'intérêt de ne pas s'approcher de trop près de Batman ou de l'état social de Gotham City.

Côté dessins, on accroche, quoi que la cohérence artistique de cette ville qui change de gueule à chaque titre pose question - le cyberpunk fout le camp au profit d'un quartier pauvre plus traditionnel, puis d'une fuite dans les rues sombres en n'oubliant pas le traditionnel passage par les égouts. Compte tenu des revers essuyés par Matthew Rosenberg chez Marvel dernièrement, le constat est agréablement surprenant, et pourrait se dégager comme la petite curiosité musclée de ce panel de titres Batman, qui trouve étonnamment plus d'authenticité dans un personnage très éloigné du mythe originel.

Future State : Robin Eternal #1

Parce qu'il faut bien mettre toute la Bat-Family en avant, l'event Future State accueille également un récit sur Tim Drake. Le Robin un poil laissé pour compte a le droit à son histoire qui le met également aux prises avec les forces du Magistrate, ces dernières ayant mis la main sur une certaine Résine de Lazare qui doit pouvoir permettre à d'imposants soldats, les Cybers, de devenir bien plus puissants. Techno-soldats, Gotham City très cyberpunk et une ambiance désespérée : c'est par ce genre de titre que Future State emprunte aux aspects les plus redondants de l'éditeur à deux lettres dès lors qu'il est demandé d'évoquer ce qui pourrait arriver d'ici quelques années. Futures End s'était déjà pas mal loupé à l'exercice, ici ce ne sera pas mieux. Si le rythme de Meghan Fitzmartin est convenable, il n'y a rien de bien intéressant ou d'inédit, ou simplement de bien raconté pour qu'on ait envie de retourner lire la suite de cette aventure.

D'autant plus qu'Eddy Barrows, dont on apprécie généralement le trait, livre là une performance assez abominable. D'une part, les designs futuristes sont franchement assez laids (Spoiler est affreuse) et peu inspirés, toujours dans cette idée de futur "plus dark que dark"  ; et bien qu'Eber Feirrera soit toujours à l'encrage, le rendu des visages est constamment loupé, avec des personnages qui souffrent aussi de sérieux problèmes d'anatomie. Reste Darcy, un personnage aux problèmes auditifs qui s'exprime par langue des signes, petit geste d'inclusion dans la galerie des personnages DC Comics. Mais rien qui ne sauve un numéro pour lequel on restera d'un ennui plus ou moins poli. 


Future State : Justice League #1

Bien des années après la Justice League que l'on a l'habitude de connaître, Joshua Williamson nous propose de découvrir cette nouvelle version de l'équipe. Avec les membres plus jeunes et plus diversifiés que ce qu'on a l'habitude de connaître et une règle majeure : pas de relations personnelles au-delà des missions d'équipe. Personne n'est censé connaître l'alias civil de l'autre, afin de ne pas risquer une trahison en interne. Sur ces bases, l'auteur livre quelques interactions sympathiques, et il y a assez de charisme pour qu'on ait envie d'en connaître plus sur cette formation - particulièrement avec une Andy Curry désormais adulte et titulaire du rôle d'Aquawoman. La Legion of Doom du futur a un plan pour détruire l'équipe, mais se retrouve le lendemain assassinée ; la Ligue doit donc enquêter et Williamson réussit à maintenir le mystère jusqu'au bout.

Montée en tension, présentation de personnages, un premier chapitre qui fait donc son travail avec Robson Rocha aux dessins, lui aussi dans une bonne moyenne. Les designs des personnages et leur rendu est agréable à suivre, l'artiste se montre assez généreux sur ses planches. En somme, c'est ce qu'on attend au minimum syndical d'un titre qui porte "Justice League" en son nom. Alors certes, l'appréciation plutôt positive de la lecture est en partie motivée par la médiocrité générale de l'ensemble cette semaine ; malgré tout, on a pas trop rechigné à enchaîner les pages, et c'est déjà ça.


Constat assez similaire pour le segment Justice League Dark de Ram V et Marcio Takara. Bon, on a l'habitude à force de voir toujours le même concept décliné ad nauseam pour le futur : sauf que cette fois-ci, le grand méchant qui a pris le pouvoir est Merlin, et ce dernier se livre à une chasse aux sorcières (littérale) pour faire éteindre les derniers représentants de la magie, ce qui pousse la Justice League Dark à se reformer. Les idées sont assez bien trouvées (notamment sur le nouvel hôte d'Etrigan) et le côté très médiéval rappelle les douces heures du Demon Knights des New 52. Takara soigne aussi ses planches, et si on sait Ram V bien meilleur (sur Swamp Thing, mais surtout en indé), il a assez d'aisance avec ces personnages, qu'il écrit depuis déjà pas mal de numéros, pour continuer de nous fédérer autour d'eux.

Future State : Teen Titans #1

Grosse, grosse incompréhension sur ce numéro dédié aux Teen Titans. L'équipe créative, menée par Tim Sheridan au scénario, se sert de cette histoire en priorité pour teaser la prochaine mouture Teen Titans Academy qui doit se lancer au mois de mars prochain. Curieusement, ce quelques scènes joyeuses en flashback de cette époque sont assez entraînantes, parce que la légèreté et l'humour manquent un peu pour le moment dans Future State - si le titre se poursuit dans cette lignée, on reviendra en mars. Mais là, dès qu'on retourne dans le "futur" (qui est donc le présent de la narration), c'est un enfer. L'histoire est confuse, on ne sait pas trop ce que les Titans ont en tête, il y a des fusions de personnages chelou (et moches), et l'insistance sur l'importance de "Red X", là aussi teasé pour TTA, laisse circonspect.

Surtout, on se dit que pour un nouveau venu, qui ne connaît qu'à peine l'équipe ou les personnages, Future State : Teen Titans #1 est l'exemple même de ce qu'il ne faut absolument pas faire. En plus d'être assez mal écrit, le numéro n'est pas du tout accessible, et aurait plutôt tendance à faire fuir le chaland de passage. Quant aux habitués, ils seront simplement une nouvelle fois convaincus que l'éditorial DC ne sait pas quoi faire des Teen Titans ni placer de bons auteurs dessus. C'est dommage, parce qu'à côté, Sandoval fait un joli boulot artistique. Dans le mainstream classique, mais correctement fait. Dommage donc, on espère au moins que ça lui a permis de payer son loyer.


Future State : Superman/Wonder Woman #1

Compromis étrange, ce premier numéro de Superman/Wonder Woman marche sans réellement marcher. Handicapé par le poids d'un dessin aux proportions curieuses, le titre a l'intérêt de mettre en avant le personnage de Yara dans une posture ouvertement politique, qui aborde les cas de scandales en Amérique du Sud de ces dernières années. Des politiciens corrompus ou porteurs de mallettes qui ne plaisent pas à cette jeune héroïne, cohérente avec le portrait de grande gueule en marge de la bienséance traditionnelle qu'en faisait Joelle Jones la semaine dernière dans son propre titre.

Là où il sera aussi intéressant de voir le scénario s'orienter vers une première moue de mythologie amérindienne, avec ces anciens dieux moins pertinents au regard du présent, et calqués sur l'aspect "civil" ou très humains des divinités de Brian Azzarello dans son run de Wonder Woman, c'est surtout la connexion avec Jon Kent qui pose problème. D'une part, parce que la perspective de nouvelles séries Super Sons ne passe toujours pas, et qu'on ne comprendra jamais (jamais, jamais) pourquoi DC Comics a cru bon de faire grandir trop vite ce personnage encore jeune, sur tous les plans. Ensuite parce que le lien entre Diana et Clark passait mieux du temps de la première série Superman/Wonder Woman du fait de leur relation intime.

En l'occurrence, l'équipe créative ne paraît pas avoir d'idée particulière pour jouer le rôle de liant entre ces deux héros, et il paraît assez probable que l'initiative éditoriale serve "juste" à mettre en avant Jon et Yara, dès que possible. L'intrigue n'est pourtant pas désagréable, avec l'intérêt de ne pas trop se prendre au sérieux et d'amener un peu de légèreté dans le paysage très gris des séries Future State. Cela étant, rien qui ne justifie l'achat, en particulier devant un bilan graphique assez difficile : Superman est bouffi, Yara se compare mal à la version de Jones, et le reste des pages manque d'envie ou d'énergie. On s'endort, on ne comprend pas trop pourquoi ce titre particulier vient s'insérer dans ce qui s'apparentait au départ à une relance générale de tout un univers. En résumé, ça ne vaut pas le coup. 

Future State : Kara Zor-El, Superwoman #1

C'est une catastrophe. C'est tout, y a pas grand chose d'autre à dire. Marguerite Bennett nous emmène assez loin sur la timeline du futur : Kara Zor-El est désormais Superwoman, et est chargée de protéger une colonie terrienne qui s'est installée sur la Lune (pourquoi, comment ? On ne sait pas trop). Alors arrive de l'espace Lynari, une enfant extra-terrestre (et métamorphe) que Kara va prendre sous son aile, ou tenter, en tout cas. On comprend que l'autrice essaye de mettre l'accent sur les frustrations de son héroïne de n'avoir jamais pu s'occuper de ses cousins (qu'il s'agisse de Kal-El ou Jon) mais : l'histoire n'a ni queue ni tête, les personnages ne se répondent pas, Lynari passe du coq à l'âne. Surtout, il ne se dégage aucun intérêt de ce qui tente d'être raconté. Un énorme gâchis du talent de Marguerite Sauvage, qui fait ce qu'elle peut pour mettre un peu de corps là dedans. Ca reste un peu joli, mais la lecture est tellement infâme qu'on n'invoquera même pas cet argument pour sauver le numéro. A fuir de toute urgence.

Future State : Green Lantern #1

Constat en demi-teinte, voire en tiers de teinte pour le premier numéro du nouvel univers Lantern. A l'image du numéro sur Superman de Sean Lewis, le titre principal pêche là où les deux séries plus optionnelles tiennent mieux sur leurs deux pieds : côté John Stewart, on retrouve le héros dans un contexte futuriste où, comme d'hab', les choses se sont mal passées. Les Lanterns ne sont plus d'actualité et le héros doit mener sans son arme légendaire une guerre contre une affreuse faction alien sans saveur. Besogneux, le titre manque surtout d'idées à lui : on perd l'intérêt principal des Green Lanterns (à savoir, les bagouzes) au profit d'un énième contexte de crise apocalyptique, comme si tous les futurs possibles devaient se matérialiser sous la forme de dystopies.

Les personnages mènent un combat de tranchées qui occupe la globalité du scénario, avec quelques scènes pas mal fichues (le débarquement dans la navette rouge) mais un dessin qui écrase toute envie de s'intéresser à ce petit bout de conflit : Tom Raney fait assez d'efforts, et sur l'action et sur les designs, pour donner envie de s'y investir. En comparaison, on préférera chez Marvel la première série Warhammer 40.000 ou, dans une moindre mesure, les titres Star Wars s'il ne s'agit que de proposer du comics de batailles dans un monde de science-fantasy. Rien de particulier pour accrocher le nouvel univers des Green Lanterns pour le moment, une introduction qui fait mal le boulot.


A l'inverse, le court segment consacré à Jessica Cruz tient mieux sa ligne. Un dessin classique mais bien fichu servi par Sami Basri, un petit huis clos momentanée où l'héroïne doit se défaire d'une patrouille des Yellow Lanterns menée par Lyssa Drak, un embryon de propos sur la symbolique de la peur, forcément appropriée pour l'héroïne en question. En tant que début d'une nouvelle aventure, ce petit chapitre fait le boulot, convoquant un peu de changement dans le statu quo de Cruz et en fonctionnant comme une brève aventure à la Home Alone. On apprécie l'effort de Ryan Cady, qui s'est gratté la tête pour tenir son introduction dans un nombre de pages si restreint, en espérant que le cliff' de fin ne soit pas qu'un coup d'esbrouffe momentanée. 

Constat peu ou prou similaire pour le "morceau" Guy Gardner. Grand déconneur de la fratrie des Lanterns, le héros hérite d'un numéro ouvertement gaguesque. Coupé lui-aussi de sa bague de volonté, le héros va s'improviser prophète fédérateur de deux peuplades en guerre et s'installer sur la planète alien en essayant de retrouver le confort de ses habitudes terrestres. Plutôt marrant, assez léger, le numéro marche et, une fois encore, convoque un peu d'humour neuneu et de légèreté dans un océan de séries sombres et tristes. Mis bout à bout, ces deux ajouts offrent une toile de fond assez large du futur univers Green Lantern, quoi que la trame "principale", ou celle que DC a manifestement cherché à mettre en avant, reste la plus faible. Curieuse ouverture vers l'avenir.

Arno Kikoo
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