À l'origine de la révolution d'Archie Comics, longtemps avant la levée de fond qui permettra à l'entreprise de signer Mark Waid, Fiona Staples et Adam Hughes, la série Afterlife with Archie dynamitait déjà les idées reçues sur cet éditeur poussiéreux dans le paysage de l'édition. Dramaturge de formation, amoureux de cinéma de genre et de série B, Roberto Aguirre-Sacasa avait pris les rênes d'Archie en tant que directeur créatif après le succès de sa réinvention zombie des personnages classiques. En parallèle, avec l'artiste Robert Hack, il se sera aussi amusé sur Sabrina, transformant l'iconographie enfantine de la sorcière vers un ensemble plus adulte et angoissant.
Le succès d'
Aguirre-Sacasa l'aura cependant conduit à abandonner les planches (une fois de plus) pour prendre la main sur les adaptations.
Riverdale,
Chilling Adventures of Sabrina,
et plus récemment, Katy Keene, dérivations plus adolescentes et stéréotypées de la mythologie
Archie, mobilisant le scénariste au point de l'éloigner de ses bande-dessinées, de meilleure facture. Interrogé à ce sujet par
Decider, le président d'
Archie,
Jon Goldwater, n'avait pas de nouvelles rassurantes à communiquer aux fans.
"Vous le comprendrez sans doute, Roberto est très occupé ! On en parle, et on sait que beaucoup de gens attendent que ces histoires soient terminées. Mais en attendant, il va falloir nous contenter du nombre massif de produits Archie sur lesquels il travaille déjà, ce qui est vraiment impressionnant à voir."
Autrement dit, plus clairement pour tout le monde, "on sait, vous gueulez, c'est la chouma, mais on se fait du blé avec les séries télé' de Bobby donc c'est bien normal qu'elles aient la priorité". Difficile de jeter la pierre à Goldwater sur le sujet - à défaut de faire l'unanimité, les adaptations pilotées par Aguirre-Sacasa et Berlanti Productions seront parvenues à redresser l'entreprise quand l'effort du relaunch de Mark Waid commençait à s'essouffler, et après une longue période de vaches maigres sur les titres réguliers. On n'en voudra pas à l'éditeur de vouloir profiter de son moment Marvel Studios.
Cela étant, il est tout aussi dommage de ne pas voir les lecteurs - fidèles et présents longtemps avant que le grand public ne s'intéresse à cet univers, pour soutenir l'effort de guerre et tester les nouvelles idées - profiter des retombées positives de cette ruée vers l'or. Quand Aguirre-Sacasa pourrait déléguer, ou laisser ces projets voguer sereinement en d'autres mains, le bonhomme décide de céder aux sirènes des médias de masse en oubliant que c'est en comics que la révolution (et son plan de carrière) a bel et bien démarré. En résumé, si vous espérez une suite à Afterlife ou Chilling Adventures, il faudra attendre que les spectateurs se lassent des versions télé'.