Marvel tient une jolie semaine dans les kiosques cette semaine - marrant de remarquer que les meilleurs titres sont les plus déconnectés du tronc principal des séries, d'ailleurs. Tandis que Two in One #1 séduit en restant très classique, Tales of Suspense #100 est un agréable mélange d'idées, qui cherche dans la série d'espionnage, courant thriller d'un côté (façon XIII) et courant fantaisiste de l'autre (façon Bond, en accéléré). Une jolie rencontre de personnages qui démarre bien, à un ou deux détails près.
Pour la petite histoire, Tales of Suspense participe aussi du grand ensemble Legacy, et à plus forte raison que la série est l'une des plus anciennes publications de l'éditeur. Ce sont dans ses pages que sont apparues les têtes (connues) de Black Widow ou Hawkeye, et ça tombe bien puisqu'il va s'agir d'eux aujourd'hui. Laissée pour morte des mains de la déclinaison maléfique du Captain, Natasha Romanoff prépare son segment résurrectionnel (qui arrivera dans cette série ou dans une autre, plus tard), au moment où quelqu'un continue de parachever sa kill list. Clint Barton se demande si son ex ne serait pas encore en activité, constatant que les différentes cibles qu'elle s'était attribuée se font toutes flinguer les unes après les autres.
On aime ce Barton, à mi-chemin entre un Hawkeye classique, où on renoue avec une certaine expérience de black-ops, et le Hawkeye de Fraction, maladroit, un peu loser, immédiatement attachant. Le chemin du personnage le mène d'un funérarium à un pays fictif d'Europe de l'Est, et le numéro apparaît comme assez généreux dans ce qu'il donne en guise d'introduction. Problème sur certains fonds, cependant, dans les plans les plus rapprochés la colorisation ne se cache pas d'effets graphiques ratés, qui se retrouvent réitérés à d'autres endroits.
Le rythme est généralement bon, les dessins font le job, dynamiques dans l'action, expressif sur les visages, et les couleurs transportent vite dans cette patine d'espionnage "réaliste" quand le Faucon pose le pied en Chernaya. L’interaction avec le Winter Soldier est aussi efficace, bien dialoguée. On voit déjà la routine que prendra l'association de ces deux ex d'une même tueuse, en plus de profiter de moments d'action péchus en devenir, compte tenue de leur pedigree respectif.
En somme, ce Tales of Suspense #100 est une vraie bonne lecture, qui assume les codes de son genre, se cale sur une progression maîtrisée et donne sa dose d'action/narration en étant généralement bien servie par le dessin. En-dehors de ce problème d'effets de couleur, on pourra peut-être regretter l'insistance de certaines cases sur l'humour de Clint, qui se sent obligé toutes les trois phrases sérieuses de caler une blagounette pas toujours utile. Ca, et les faux raccords de lunettes de soleil. Impardonnable.
Un très bon numéro, et une petite réussite pour Marvel, qui case cette semaine de vraies bonnes séries contre la concurrence. On apprécie d'autant plus le titre pour la petitesse de ses liaisons avec la trame principale en cours chez l'éditeur, ou son aspect déconnecté de tout qui fait pourtant écho au Cap de Brubaker ou au Faucon de Fraction, en somme, des influences bien digérées sans nécessairement être imperméables. A lire.