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Batman V Superman : Ultimate Cut, la critique

Batman V Superman : Ultimate Cut, la critique

ReviewCinéma
On a aimé• Un montage rythmé qui laisse la place au scénario de Chris Terrio
• Les deux premiers actes du film sont transformés
• Débattons sur les vraies questions
On a moins aimé• Un dernier tiers loin d'être sauvé
• Toujours des choix artistiques discutables
• L'action quasi-identique au montage ciné
Notre note
Nul besoin de revenir sur des semaines de débats endiablés, parfois enragés, nous ne sommes pas là pour refaire le match entre Batman et Superman. En revanche, après une première mi-temps soporifique en février dernier, les héros sont de retour au centre de l'arène après une belle engueulade dans les vestiaires et des remplacements bienvenus.

Ainsi, la proposition de ce Batman V Superman : Ultimate Cut, au delà d'offrir 30 minutes quasi-salvatrices au scénario du film de Zack Snyder, c'est aussi celle d'essayer de convaincre les plus sceptiques d'entre nous en nous forçant tous à nous poser les vraies questions, et d'en finir avec des interrogations aussi peu passionnantes que l'ingérence des producteurs et son développement houleux. Parce que si nous ne serons toujours pas d'accord sur certains points tels que l'écriture des personnages et la direction artistique du DCEU jusqu'à maintenant, ce "montage ultime" de Batman V Superman a le mérite de devenir un film, et non plus l'abomination de long-métrage qui nous a été présentée en salles.
 
 
Premier constat : la pierre angulaire du film, à savoir la guerre civile de Nairomi, est décuplée d'entrée. Plongeant dans le cinéma de Kathryn Bigelow, Zack Snyder parvient à libérer les enjeux de cette fameuse scène au moyen-orient, qui donnera lieu au procès de Superman et qui n'est que la première pierre du plan d'un Lex plus manipulateur que jamais. Jimmy Olsen s'annonce (c'est appréciable, plus que de découvrir que ce malheureux otage était le meilleur ami de Clark Kent au cours du générique final), KG Beast ("Drazic" pour les intimes) utilise son lance-flamme pour effacer ses preuves, comme un premier noeud envers sa nature en Comics et l'iconisation d'une arme qui lui fera trouver la mort face à Martha Kent, plus loin dans le film. Ajoutez à ça l'ajout de gerbes de sang, une scène globalement mieux mise en place dans son rôle de trompe l'oeil et vous obtenez une introduction surprenante. Certes, le témoignage qui suit celle-ci semble étrange dans la mesure où le spectateur est omniscient et donc conscient de ce qui se trame derrière les intentions véritables de la sénatrice Finch, mais passons.

Dans le rang des détails toujours, ce montage va permettre au film de beaucoup mieux respirer dans l'enchaînement inévitable entre les Bat-scènes et la double vie de Clark Kent. Ainsi, l'histoire se déplace vite à Gotham mais, plutôt que de précipiter l'enquête des deux officiers (à propos desquels on apprend qu'ils s'appellent Mazzucchelli et Rucka, d'ailleurs) qui vont découvrir le Batman et son triste péon marqué au fer rouge, le film prend alors son temps de développer un match de Football des Gotham City Rogues, match qui se soldera en défaite et qui expliquera d'autant mieux le tempérament violent de la ville ce soir. On note aussi l'emphase qui est faite sur le stress post-traumatique d'une Loïs elle aussi omnisciente mais dépassée par les événements, qui accumule en plus le malheur de devoir s'occuper de son super-concubin en proie au doute. Comme le soulignait James Cameron hier dans une interview qui va bien plus loin que le simple tacle à Star Wars, il était urgent qu'Hollywood prenne son temps avec le montage, et comprenne qu'un film a besoin de respirer et de ralentir son tempo pour mieux résonner. C'est certes le b.a-ba du cinéma, mais c'est aussi l'une des principales critiques formulées au film de Zack Snyder lors de sortie en salles.
 
 
Fort d'une tension et d'une dualité retrouvée grâce à un rythme enfin débarrassé de son asthme, le film peut également s'appuyer sur l'excellent Jeremy Irons, l'une de ses plus belles réussites, modernisé et taquin, conscience d'un Bruce Wayne usé et à la dérive. Et si l'on reprochera (ou pas) le caractère borderline du monologue de ce dernier à propos du pourcentage de chance que la puissance de Superman leur échappe (c'est après tout à Batman d'être prêt le cas échéant, et ça a toujours été le moteur d'histoires passionnantes en comics), Ben Affleck s'affirme définitivement comme un Batman convaincant, que l'on a déjà hâte de retrouver dans Justice League et au sein de son film solo.

Un des autres avantages de cette version ultime du film, c'est le distingo très net qui est fait entre Bruce, Lex, Clark et plus tard Wonder Woman et le reste du monde, qui vit pourtant sa vie et mène une enquête bien ficelée par Chris Terrio (en témoigne l'apparition de Jena Malone, chercheuse chez S.T.A.R. Labs, centrale à ce nouveau montage), celle-là même qui était charcutée au cinéma. Le film s'appuie d'ailleurs majoritairement sur cette idée lors du procès de Superman (était-il bien utile d'adapter le procès et la mort du héros dans un seul et même film ? C'est une autre question), lorsqu'on apprend ensuite, et ça fera rire les sceptiques de Février, que "Superman avait le pouvoir de désactiver la bombe", comme une réponse verbale aux critiques formulées par des spectateurs incrédules.  
 
Mais la magie ne pouvait pas durer, le troisième et dernier acte du film ne profite lui pas du tout de ce nouveau montage et de ces 30 minutes supplémentaires, dans la mesure où il est quasi-identique et toujours aussi décevant dans l'action et l'inventivité d'un Zack Snyder à bout de souffle (lui qui m'a fait tant fait rêver avec les combats de Man Of Steel), seule véritable inquiétude pour Justice League.
J'ajouterai d'ailleurs que tout ce qui a attrait à la Ligue m'apparaît toujours aussi tiré par les cheveux dans le film, que ce soit les vidéos YouTube des héros en devenir (déjà munis de logos et de noms par Lexcorp, c'est trop aimable) ou l'apparition de Flash qui nous jure que Loïs est la clé, sans même parler de l'association de ses deux fondateurs à partir du prénom de leurs mamans. On notera tout de même que la fameuse scène post-générique qui nous montre Lex face à Steppenwolf fait désormais partie intégrante du film, avant le départ du jeune CEO en prison, où Batman vient lui rendre visite avec une petite surprise : la mention de l'asile d'Arkham. C'est vrai que ça ne mange pas de pain, mais ça fait toujours du bien.
 
 
Larry Fong, directeur photo, avait tort. Lui dont le travail est véritablement magnifié en blu-ray et dans cette édition jurait que les haters du film en salles ne pourraient pas changer d'avis. C'est faux, et ce malgré un troisième acte toujours aussi abominable à mes yeux. Certes, tout n'est pas parfait et les questions porteront désormais sur les choix profonds de Zack Snyder et son équipe, mais cette version de Batman V Superman me semble être une vraie alternative à la concurrence et il faut désormais souhaiter que Warner ait appris de son erreur. Parce qu'on ne va pas se mentir : ce montage cinéma n'était là que pour gratter une séance supplémentaire par jour et ce partout dans le monde lors du lancement global du film, dont le box office s'est ensuite écroulé sous le poids des critiques et du bouche à oreille. Pourtant, celui-ci avait de vrais arguments pour qui pouvait lui consacrer une demi-heure supplémentaire et éviter l'ulcère, des arguments évidemment sacrifiés pour quelques dollars de plus. Souhaitons que nous n'ayons pas à attendre Suicide Squad : Ultimate Edition pour apprécier le film de David Ayer dans sa pleine mesure, et que le DCEU fête son vrai départ aujourd'hui.

L'avis de Republ33k :

Il y a toujours eu trois films dans Batman v Superman : un thriller de Chris Terrio, une adaptation de The Dark Knight Returns (ou du moins des thèmes chers à Frank Miller) et une introduction de Justice League. En ce sens, même le plus étendu des montages ne pourrait pas faire cohabiter les contraintes du cahier des charges complètement taré du film de Snyder. A défaut, cette extended version fait du premier film susnommé, l'intrigue politique (déjà teintée d'obsessions Milleriennes) un métrage beaucoup plus entier. Elle explicite aussi le plan d'un Lex Luthor remis au centre de l'intrigue. Et c'est déjà assez pour nous plonger dans un vrai univers DC (librement) transposé au cinéma et nous interroger sur le rôle et la moralité des super-héros. On se laisse donc prendre au jeu de cette double enquête, celle d'un détective millionnaire d'un côté, celle d'un fermier reporter de l'autre, jusqu'à ce que le film abandonne son propre build-up politico-héroïque pour sortir les poings. Hélas, Snyder, forcé à cohabiter avec un thriller des plus classiques depuis deux heures, oublie son habituelle générosité et sa patte visuelle si singulière dans le processus, pour nous livrer une débauche de twist de d'effets numériques qui nous laissent exsangues. Resteront un Ben Affleck franchement prometteur - et encore plus au milieu d'une Gotham enfin vivante et chaotique - et quelques moments inspirés, comme ce montage médiatique autour de la figure de Superman, qui semble toucher du doigt la promesse qu'un film de trois heures n'arrive jamais réellement à tenir.
 

Sullivan
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