Avec son apparition dans la deuxième saison de Daredevil, diffusée surNetflix, le Punisher revient sur le devant de la scène. Marvel profite d'ailleurs de l’aura de son héros sulfureux pour lui offrir une toute nouvelle itération sous le trait de Steve Dillon qui connaît très bien le personnage. Le dessinateur avait officié sur la série au cours des années 2000, dans la mythique collection Max. Et aujourd’hui, il est accompagné pour l’occasion de Becky Cloonan.
Difficile pour la scénariste de succéder à Nathan Edmonson, Garth Ennis ou Jason Aaron. Tous ces auteurs ont su tirer le meilleur de Frank Castle. Et à la lecture de ce comics, on constate qu’elle ne s’est pas encore extirpée de leur héritage.
Un caïd engage un mercenaire pour veiller sur la sécurité d’un laboratoire qui fabrique une drogue assez puissante pour transformer une lavette en berserk. La police fédérale s’apprête à faire tomber le réseau, mais elle va être précédée dans sa tache par un certain Punisher. Voilà pour le pitch.
Au regard de celui-ci, l’absence d’originalité saute aux yeux. Pourtant la lecture n’est pas désagréable, tant Becky Cloonan maîtrise son sujet. Cela tient à des détails. Elle dissémine, par exemple, des indices dans des dialogues, qui s’éclairent au moment de la chute. Mieux, alors que le numéro est plutôt bavard, Frank Castle ne dira pas un mot. Il hantera l’histoire comme une ombre menaçante sur une bonne moitié du comic book, le temps de mettre en place les enjeux à la fois du côté des malfrats, mais aussi de la DEA. Son apparition se fera dans un déferlement de violence sans fard porté par le dessin de Steve Dillon.
Au ton emprunté par ce numéro, on comprend que cette nouvelle itération s’inscrit dans l’héritage de la collection Max de Marvel, pour laquelle l’illustrateur britannique avait déjà prêté ses crayons. On retrouve ainsi son trait singulier avec des visages très expressifs. Le découpage est très lisible, dans son alternance de scènes de dialogue et de moments d’action, même si, parfois, certaines cases et leurs personnages se montrent aussi rigides que des statues de cire.
Pour un retour du comics The Punisher, il est difficile, au terme de ce premier numéro, de porter un avis catégorique sur cette série, tant ces débuts laissent un sentiment contrasté. Si la lecture s’avère très agréable, on ne peut pas passer sous silence son classicisme. Pourtant, Becky Cloonan tisse son récit de manière très habile. On devine d'ailleurs déjà ses ramifications, qui pourront se révéler intéressantes si l'intrigue ne s’embourbe pas dans le cliché de la violence pour la violence. Il faudra sans doute attendre la suite pour voir comment les pièces se mettent en place et se faire une meilleure idée sur la qualité de cette nouvelle série.
12 Mai 2016
Heretik@Arnaud Lehue Exactement, si je devais faire une seule critique genre podcast je parlerais de cette histoire, elle a vraiment brisé quelque chose en moi avec ce personnage qui est pourtant la raison pour laquelle j'ai commencé à lire du comics.
Edmondson lui fait répéter plusieurs fois qu'il ne s'intéresse pas à la politique, pourtant il est justement ultra politisé dans ce run, et dans le mauvais sens du terme. Le truc qu'il déteste le plus après les criminels, ce sont les imitateurs, 40 ans de services l'ont bien illustré, et là il encourage l'américain lambda à prendre les armes car il y a "une armée étrangère aux portes de LA", ça pue vraiment et ça me blesse de plus pouvoir voir mon héros préféré autrement que comme un fasciste conservateur adulé par les gens alors qu'il abat quelqu'un en pleine rue. L'idée de le rendre plus "normal" avec le café et tout était pas une mauvaise idée en soi, mais je trouve surtout que ça lui fait perdre ce qu'il a d'unique... D'ailleurs c'est moi ou le seul criminel blanc de tout le run est le seul qu'il ne tue pas car "ce serait inutile" ? Depuis quand le Punisher refuse de tuer le pire des fumiers ?
10 Mai 2016
joliauxJ'ai fini le run d'Edmonson il n'y a pas longtemps. J'ai bien aimé mais plus part le traitement graphique et le contexte "ensoleillé" de l'histoire (L.A, tout ça...). J'ai trouvé que plus ça avançait et plus ça s'enlisait quand même. J'ai aussi relu il y a une semaine le run de Steven Grant qui, selon moi, pose toutes les bases du Punisher (prison, vengeance, justice, etc). Vous n'en parlez jamais, avez-vous lu "Circle of Blood" ?
Quant à ce retour du Punisher, faudra voir. J'aime bien Dillon, mais j'aurai quand même voulu voir autre chose, c'est trop estampillé Max. Dans le style c'est assez classique pour ce que j'en vois. Quant à l'histoire, faudra attendre et lire.
10 Mai 2016
-- David --Le style de Dillon divise, à raison. De prime abord, il m'a toujours rebuté. Son dessin n'est pas là pour flatter la rétine, l'expression des yeux trop marqués, des sourires trop pleins de dents, etc. Pourtant, au-delà de l'aspect révulsif, il se dégage une force de son trait et de son découpage qui est indéniable et qui donne sa couleur singulière à ce numéro du Punisher.
Pour le run d'Edmonson, je suis aussi très partagé. La figure du Punisher est sulfureuse, comme peuvent l'être ses modèles que sont l'inspecteur Harry, ou le film avec Charles Bronson, Un Justicier dans la Ville de Michael Winner, par exemple. Il est parfois facile de glisser vers un discours réac. Écrire une bonne histoire de ce personnage me semble être une gageure intéressante à relever pour un scénariste. C'est pour ça que j'attendais de voir ce que Becky Cloonan pouvait en tirer. Malheureusement, comme je l'écris dans la critique, au terme de ce premier je ne suis pas en mesure de savoir si elle a réussi ce pari.
10 Mai 2016
Arnaud Lehue@Heretik : Ah ça fait du bien de voir d'autres personnes qui ont eu du mal avec le ton très "conservateur" du run d'Edmondson. Personnellement, le deuxième arc avec la policière vue comme une justicière pour avoir tiré sur un dealer dans le dos et le discours du Punisher sur le fait que la prison était trop tendre avec les criminels (la comparaison avec le motel et les repas gratuits fait peur) m'ont vraiment laissé perplexe. Pourtant il y avait quelques bonnes idées, comme le fait de rendre le Punisher assez faiblard, un simple humain, face à Electro, où le fait de le voir aller prendre son café le matin, mais le discours derrière ce run me semble beaucoup trop nauséabond, et je suis toujours étonné de voir Comicsblog encenser ce run. Ok, c'est grâce à ça que John Berthal boit du café dans DD saison 2, mais est-ce un argument suffisant pour sauver ce qu'à fait Edmondson ?
09 Mai 2016
Heretikce pourquoi je pense que le run d'Edmondson était tout sauf une bonne histoire du Punisher http://funnybookbabylon.com/2015/04/24/the-punisher-a-conservative-fantasia-part-one/
Et encore une fois, je suis fan de Steve Dillon, et je suis moi aussi très content de le voir de retour sur le Punisher, mais comme ça a été déjà dit plus bas, les goûts et les couleurs... Enfin même si on aime pas son art, il reste une personnalité majeure du comic book
09 Mai 2016
LamesangPareil j'aurai mis Steve Dillon dans les mauvais point perso....
09 Mai 2016
Jeremy_Zevon_BleekerVous avez vraiment mis "Le retour de Steve Dillon sur The Punisher" dans la catégorie "on a aimé" ?!?
09 Mai 2016
Lguepin44j'ai tellement aimé le run d'edmonson que j'ai un peu peur du coup...
@johanjudai: Moi c'est l'inverse je deteste Dillon! je comprends pas trop ce qu'on lui trouve. surtout ses visages.Comme quoi les goûts et les couleurs...
09 Mai 2016
johanjudaiDe base j'adore Dillon, mais là ses dessins ont pris un tout autre niveau. Je sais pas si c'est le coloriste qui fait ça mais ses dessins font plus "matures", plus sombres, j'adore.