Home Brèves News Reviews Previews Dossiers Podcasts Interviews WebTV chroniques
ConnexionInscription
Kaare Andrews (Renato Jones, Iron Fist) : l'interview

Kaare Andrews (Renato Jones, Iron Fist) : l'interview

InterviewImage

A l'occasion de la sortie de sa nouvelle série, Renato Jones : The One %, chez Image, nous avons jugé bon de rencontrer le scénariste, dessinateur, metteur en scène et coloriste Kaare Andrews, dans une interview qui revient brièvement sur sa carrière, sa philosophie des comic books et bien sûr son run épique sur Iron Fist (Living Weapon, également disponible en deux tomes chez Panini Comics), qui risque bien d'être mis à l'honneur très prochainement sur Netflix.

Lire aussi : They Do Comics - Kaare Andrews

 

Kaare Andrews, l'interview

 

• De nos jours, Frank Miller est dans toutes les têtes, des hommages réguliers de la part des artistes de l'industrie aux énormes adaptations comme Batman v Superman ou Daredevil saison 2. Mais en jetant un œil à votre carrière, j'ai l'impression que vous faisiez référence à Miller "before it was cool" non ? Comme lui, vous être très inspiré par les cultures asiatiques, Spider-Man Reign peut être considéré comme le Dark Knight Returns du tisseur, et selon moi, vos séries sont parmi les meilleures du courant "Post-Millerien". Qu'est ce que vous pouvez nous dire cette relation si particulière au travail de Frank Miller ?

Je n'y pense pas vraiment, pour être honnête. Je sais que je suis influencé par Miller, mais dans ma tête, pas plus que par Steranko ou Toth ou une douzaine d'autres types. Je pense que ça relève plus des histoires de Miller et de son approche : les auteurs-dessinateurs ont plus ou moins tous disparus des comics mainstream. Miller était le dernier à porter ce manteau. Et je suis l'un des rares qui le porte aujourd'hui. Ça me rappelle une histoire. Je regardais Sin City 2 avec un spécialiste des effets spéciaux et il m'a posé des questions sur cette technique qui consiste à intervertir les couleurs des lignes pour indiquer des ombres. Des briques blanches avec un cadre noir qui deviennent des briques noires avec un contour blanc là où tombent les ombres, par exemple. Et il m'a demandé si c'était une invention de Miller. J'ai dû rire, parce que c'est une technique si fondamentale et commune pour l'univers des comics ! Tout ce qu'il connaissait, lui, c'était Miller, donc pour lui, Miller avait dû l'inventer. L'homme à une importance si énorme sur notre monde qu'on ne peut lui échapper, voilà tout.

 

En parlant de Miller, comme lui dans son âge d'or, avec Ronin ou The Dark Knight Returns, vous allez vous lancer dans une série très politique avec Renato Jones, qui cible, dans tous les sens du terme, les riches et les puissants. Pourquoi choisir ce sujet maintenant ? Est-ce une réflexion personnelle ? Un postulat punk ? 

Renato Jones est pour moi un moyen d'interagir avec le monde dans lequel nous vivons. Je ne comprends pas très bien comment les Avengers ou Batman peuvent encore vivre dans notre monde. Je veux dire par là que je comprends comment ils fonctionnent dans leur monde, qui est un reflet du nôtre, mais pas dans la réalité de notre monde. Donc je devais créer un personnage qui serait le mien. Or, l'écart entre les riches et les pauvres et toujours plus grand, dans ce monde. Les pauvres et la classe moyenne semblent toujours poursuivis pour leurs actions, alors que les riches et les puissants s'en tirent toujours indemnes. Mais Renato Jones ne chasse pas les super-riches, il chasse le mal qui se cache derrière la richesse. Quel homme pourrait se battre contre un tel mal ? Un homme de leur monde. Ou un homme qui n'est pas dans leur monde. Et Renato vient des deux.

Je peux me tromper, mais je crois que le postulat de Renato Jones est double : cibler les riches et les puissants, mais aussi revendiquer votre paternité sur une création, comme on peut le lire sur la couverture du titre, avec le slogan "created, written, drawn, colored and owned by Kaare Kyle Andrews". Une phrase qui, associée à votre venue chez Image, me montre que vous avez beaucoup à dire...

C'est une histoire très personnelle pour moi, de bien des manières. Ce n'est pas une traduction littérale de ma vie et je ne sais même pas si je suis capable d'expliquer exactement ce que je veux dire - mais ça vient de mon for intérieur. De mon âme. De là où l'art doit toujours venir. Mes premières copies sont arrivées il y a peu et c'était génial de pouvoir les prendre dans les mains. Ca été un véritable voyage pour moi et ce bouquin est mon point de repère, mon phare.


Pour poursuivre l'interview, j'ai une question bête : d'où vient le nom de Renato Jones ? En le tapant sur Google, j'ai pu tomber sur un coach de Basketball...

Je suis tombé là-dessus moi aussi ! Ha ha ! Mais il n'y a aucun lien. J'ai créé ce nom après avoir rencontré un "Renato" en Italie, et découvert que ce nom voulait dire "renaissance". Cette idée de renaissance m'a toujours attirée et je trouvais que ça correspondait bien à un premier comic book en creator owned. J'ai choisi "Jones" parce que ça sonnait très direct et très américain. Ca aurait pu aussi bien être Renato Smith - Mais Smith, ça ne sonnait pas pareil.

Puisqu'on parle d'être en pleine possession de son œuvre : j'adore cette photo de vous ou votre main est tatouée d'un "Write. Draw. Create. Everything." Je sais aussi que vous avez travaillé sur des nouvelles et des films. Est-ce que voguer d'un média à l'autre - ou d'un aspect des comics à l'autre - est le secret de votre équilibre créatif ?

Il n'y a pas d'équilibre dans la créativité ! Ha ! Il n'y a que la passion et la rage. L'essence et l'envie de créer. Et quand mes batteries sont à plat, je passe souvent à un autre média. Quand je réalise un film, les comics me manquent, et quand je crée un comic book, la folie de la réalisation me manque.

Tout à l'heure nous évoquions les adaptations de comics. J'ai remarqué que Netflix utilisait l'une de vos couvertures pour Iron Fist. Donc je me demandais simplement ce que vous attendiez de la série ou si vous aviez d'envie d'y voir vos ajouts à la mythologie Iron Fist ?

Peu importe ce qu'ils feront, je suis sûr que se sera cool. Marvel chez Netflix, pour le moment, c'est très solide. Quand j'ai fait The Living Weapon, j'ai fait en sorte de créer de nouveaux héros asiatiques, et ça serait génial de les voir un jour sur le grand ou le petit écran. Je trouve que c'est un segment de la population qu'Hollywood a du mal à représenter, en général.

À propos des grosses franchises, vous avez fait quelques superbes couvertures pour Star Wars : est-ce que la saga vous parle particulièrement ? Est-ce que vous avez des idées de projets dans cet univers avec son ouverture du côté de Marvel ? Je pense notamment que le personnage de Donnie Yen dans Rogue One serait adapté, non ? (juste pour la blague)

Bien sûr, j'adore Star Wars. J'ai adoré regarder The Force Awakens avec mon petit de cinq ans. Ça a vraiment fait fonctionner le film chez moi, que de le voir à nouveau, mais à travers ses yeux. Je suis très fier des couvertures que j'ai pu faire. J'y ai passé beaucoup trop de temps et d'efforts, j'ai même appris à travailler à peindre au pistolet pour elles... Trop d'efforts, trop de temps, mais ça valait le coup.

Pour finir, je me demandais si vous aviez un projet que vous aimeriez évoquer, ou un projet fantasmé à dévoiler ?

Je suis en train de le faire. Renato Jones est exactement ce que je veux faire, pour le moment. Et avec un peu de chance, je ressentirais la même chose avec la suite de ses aventures. C'est ça le vrai travail dans le fait de faire de l'art : trouver un moyen de transformer tout ce que vous faites en la seule chose qui compte.

Merci Kaare ! On rappelle que Renato Jones #1 est disponible depuis aujourd'hui 4 mai dans les comics shops, et que les travaux de l'artiste sur Iron Fist et Spider-Man sont disponibles chez Panini Comics en France.

Republ33k
est sur twitter
à lire également
Commentaires (4)
Vous devez être connecté pour participer