Home Brèves News Reviews Previews Dossiers Podcasts Interviews WebTV chroniques
ConnexionInscription
They Do Comics - Kaare Andrews

They Do Comics - Kaare Andrews

chronique

Dans le monde des comics, comme dans toutes les formes d'art, l'un des passe-temps favoris des "critiques" et des lecteurs est de tout catégoriser. Scénaristes contre dessinateurs. Style réaliste contre style cartoony. Artiste mainstream contre créateur indépendant. Des distinctions que Kaare Andrews a fait voler en éclat tout au long de sa carrière, un artiste complet et versatile qui semble vouloir tout faire dans une optique de création totale. Alors qu'il s'apprête à lancer son comics creator-owned, Renato Jones, pour lequel Republ33k vous a mitonné une petite interview, il est temps de revenir sur le chemin qu'il a déjà parcouru.


Bien que Kaare Andrews soit surtout connu pour être un dessinateur, c'est bien en tant que scénariste qu'il va débarquer dans le monde des comics. En effet, il va se faire connaitre dans sa prime jeunesse en écrivant des histoires courtes pour Wizard. Le magazine spécialisé dans les comics n'a pas encore été plombé par l'arrivée d'internet en cette toute fin des années 90 et bénéficie donc d'une exposition des plus intéressantes pour un jeune artiste. C'est d'ailleurs grâce à cela qu'il va obtenir son tout premier contrat chez Oktomica Comics (éditeur disparu depuis) puis Image Comics. Côté dessins, il doit à l'époque se limiter à deux petits numéros de séries qui ne font pas long feu. Qu'importe, il insiste et très vite c'est Marvel qui va se pencher sur son cas, plus qu'intéressé par ce jeune dessinateur canadien capable de se balancer entre les styles comme Spider-Man entre les buildings de Manhattan. Mais avant d'arriver sur ce personnage qui va faire sa notoriété, il fait un nombre colossal de couvertures pour la Maison des Idées. Ce qui dans un premier temps lui assure une rente confortable, mais ce statut va vite se retourner contre lui. Marvel voit en Kaare Andrews un cover-artist, alors que le dessinateur désire surtout exercer ses talents dans des pages intérieures, qu'une mini-série sur Ben Grimm et Wolverine ne peut combler.


Après un petit détour chez Wildstorm où il collabore avec Adam Warren, l'auteur controversé d'Empowered, Andrews va pouvoir enfin faire ses preuves chez Marvel. L'éditeur lui confie un numéro de Spider-Man, qu'il dessine, mais aussi écrit, colorise et encre. L'opportunité de montrer à tout le monde l'amplitude de ses talents. Visiblement convaincue par ce premier essai, la maison d'édition qui est en train de connaitre un second souffle grâce à Joe Quesada va lui confier un nouveau projet : faire un Spidey version manga. L'artiste dévoile ainsi un nouveau style, crée une nouvelle version du Tisseur et remporte l'adhésion générale. Si bien qu'on va le voir en 2002 à l'écriture de Spider-Man : Legend of the Spider-Clan. S'il ne dessine pas cette série, il est pour autant rejoint par un autre artiste qui n'a pas oublié d'être talentueux : Skottie Young. Les deux amis vont profiter de cette histoire pour véritablement assoir leur notoriété. Surtout, les deux voient le work-for-hire de la même façon : il n'a d'intérêt pour eux que s'ils peuvent s'y exprimer pleinement. Ce qui expliquera sans doute pourquoi on verra peu le Canadien par la suite, l'homme choisissant ses projets, entre collaboration avec Mark Millar ou Zeb Wells.

S'il se fait de plus en plus discret dans les pages de comics, alors qu'il a insisté pour entrer dans ce monde, c'est qu'il commence en parallèle à se lancer dans une nouvelle carrière, celle de réalisateur. Ainsi, dès 2004, il va dévoiler des courts-métrages et des clips qui se feront remarquer. Il va dès lors se faire de plus en plus rare dans la BD américaine, se limitant à des couvertures et quelques fill-ins. Toujours aussi versatile, et sentant que l'écriture de comics lui manque, il revient en 2007 pour écrire et dessiner Spider-Man : Reign. Un hommage à peine caché envers l'un de ses créateurs préférés : Frank Miller. Cette histoire, qui raconte le futur dystopique d'un Spider-Man qui a pris sa retraite, n'est pas sans rappeler un certain Dark Knight Returns, surtout dans le pessimisme ambiant et la violence affichée. En quatre numéros, Kaare Andrews se rappelle au bon souvenir des lecteurs et est réclamé de partout. Pourtant, n'en faisant toujours qu'à sa tête, l'artiste préfère retourner derrière sa caméra.

Sa carrière cinématographique ne se limite pas à cette fameuse couverture qui a inspiré le baiser inversé du film de Sam Raimi. En effet, en 2010, il va sortir son premier long-métrage, Altitude, une histoire d'horreur se déroulant dans un avion. Clairement sans moyens, le film n'aura pas un accueil critique formidable, mais cela ne va pas décourager Andrews. Quelques années plus tard, il dévoilera Cabin Fever : Patient Zero, une préquelle au film qui a fait connaître Eli Roth. Toujours dans le domaine de l'horreur, toujours sans moyen, Andrews s'amuse derrière la caméra. Encore une fois, ce film n'aura pas un impact notable, mais ce n'est pas cela qui arrêtera la détermination du Canadien. Celui-ci a en effet déjà prévu de sortir un nouveau film, The Hunted, qui s'est attaché les services de nulle autre que Gale Ann Hurd, productrice bien connu des geeks pour avoir lancé la carrière de James Cameron en soutenant ses meilleurs films (Terminator, Aliens et The Abyss) et qui produit aujourd'hui la série The Walking Dead.


Cet obsession pour le grand écran ne doit cependant pas cacher le fait que Kaare Andrews n'a jamais réellement abandonné les comics. Déjà car il a toujours fait quelques couvertures ici et là, mais aussi parce qu'il semble toujours surgir à un moment ou à un autre pour livrer une histoire notable. L'année de la sortie d'Altitude, il va aussi collaborer avec nul autre que Warren Ellis sur Astonishing X-Men : Xenogenesis.

Les deux artistes y livrent une mini-série au ton grinçant et clairement subversif. Ce qui aura d'ailleurs un impact sur sa réception, car malgré des qualités plus qu'évidentes, la série sera boudée du public. Notons d'ailleurs que pour l'occasion, Andrews avait encore adopté un nouveau style (qui pouvait évoquer le dessin d'un Frank Quitely).

Tout comme dans son projet suivant, Iron Fist : The Living Weapon, qui sortira quatre ans plus tard. Un projet particulier pour le Canadien, puisque ce sera la première fois qu'il travaillera sur une série plus de six numéros. Cette maxi-série sonne encore comme un hommage à Miller, mais à son versant arts martiaux cette fois - rappelons, à tout hasard, que Kaare Andrews est un fan absolu du maître Bruce Lee. Ce tour de force, tant visuel que narratif, va rappeler aux lecteurs le bon souvenir d'un artiste qui fait toujours tout selon son bon-vouloir et qui va cette semaine dévoiler son tout premier creator-owned avec Renato Jones :  The One %. Cette série qui sortira chez Image Comics s'annonce déjà comme un brûlot politique (Miller toujours, mais pas forcément les même idées) puisque l'on suivra un justicier qui a décidé de se débarrasser de la plus grande menace au monde : les 1%. Un titre dont on attend évidemment la lecture avec impatience.


Galerie

Alfro
à lire également
Commentaires (4)
Vous devez être connecté pour participer