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Atlas Comics revient (encore) avec une nouvelle ligne en partenariat avec Walmart

Atlas Comics revient (encore) avec une nouvelle ligne en partenariat avec Walmart

NewsIndé

C'est bien connu : dans les comics, la mort n'existe pas. Et si l'adage s'applique surtout aux personnages proprement dits, il est aussi possible de prolonger le raisonnement jusqu'à certaines maisons d'édition. Rien que sur ces quelques dernières années : EC Comics est revenu d'entre les morts, le magazine Métal Hurlant a fini par refaire surface, la marque Heavy Metal s'accroche au dernier espoir d'un plan de sauvetage en catastrophe. Pendant ce temps, quelques acharnés poursuivent l'espoir fou de relancer le catalogue Atlas Comics. Ou plus exactement, Atlas/Seaboard, dans la mesure où Atlas Comics désigne deux réalités différentes associées à un même personnage historique : Martin Goodman, illustre éditeur, fondateur des éditions Timely Comics (Marvel), connu pour avoir embauché Stan Lee, Jack Kirby et Joe Simon dans la période de l'âge d'or des comics.

Atlas Comics : troisième essai 

Ou quatrième selon comment on choisit d'interpréter l'histoire. Pour le contexte nécessaire : au départ, la marque Atlas Comics était supposée prendre la suite du nom Timely Comics. A la fin de la Seconde Guerre Mondiale, la mode change dans les périodiques distribués dans les kiosques, et les super-héros perdent du terrain au profit de nouveaux genres de fiction (la romance, le western, l'horreur, etc). Goodman décide alors de rentabiliser le nom d'une autre de ses sociétés, la Atlas News Company, pour floquer un nouveau logo et un titre différent sur les revues de Timely Comics, qui deviennent alors Atlas Comics sur les stands à partir de 1951. Lorsque cette période passe, la compagnie est ensuite relancée sous le titre Marvel Comics au moment où Stan Lee et Jack Kirby se mettent au travail sur la série Fantastic Four en 1961. De son côté, Goodman, qui conserve son poste au sein de l'entreprise jusqu'en 1972, reste le propriétaire officiel de la marque "Atlas Comics". 
 
Le fondateur finira toutefois par quitter Marvel en 1972 dans l'idée de poursuivre de nouvelles aventures. En 1974, Goodman se lance le défi de lancer une nouvelle entreprise versée dans la fiction en association avec Seaboard Periodicals. C'est à cette occasion qu'il recycle la marque Atlas Comics, que l'on a tendance à désigner sous le titre "Atlas/Seaboard" dans le présent pour éviter toute confusion avec la période éditoriale qui aura servi à faire le pont entre les noms Timely et Marvel dans l'histoire de la Maison des Idées. L'objectif de l'enseigne était alors de poursuivre le filon de certaines créations de genre à la périphérie des super-héros : l'horreur, le western, le polar, sur une offre comics et magazines pilotée par Jeff Rovin (Warren Publishing) et Larry Lieber (le frangin de Stan Lee et un immense nom de l'histoire de la BD américaine).
 
Malheureusement, Atlas Comics se retrouve frappé par une série de problèmes, notamment du point de vue de la distribution de ses titres. Malgré quelques belles équipes créatives (Neal Adams, Howard Chaykin, Steve Ditko, Wally Wood), le modèle entrepreneurial proposé par Goodman ne prend pas. L'entreprise met la clé sous la porte un an plus tard, et les différents projets mis en production sont annulés (pour la plupart, des projets abandonnés au numéro #3 ou #4). Cette curieuse aventure avait tout pour fonctionner, mais reste finalement rangée dans la famille des anecdotes étonnantes de la grande chronologie industrielle : malgré le potentiel de certains concepts, un personnel compétent, des artistes talentueux, Atlas Comics n'a pas duré assez longtemps pour poser une base franchement solide. Au point de ne pas forcément profiter du statut culte de certaines autres enseignes tombées dans la spirale de la banqueroute. 
 
Pourtant, les propriétés Atlas/Seaboard existent encore dans le présent. Et pas forcément pour les bonnes raisons : à l'instar de son grand-père, Jason Goodman, l'héritier direct du légendaire fondateur, a tenté à plusieurs reprises de rentabiliser cette marque qui lui a été légué par la généalogie des propriétés intellectuelles. En 2010, celui-ci s'était déjà associé avec la compagnie Ardden Entertainment pour tenter de relancer l'univers Atlas Comics autour de quelques personnages précis. On en parlait déjà à l'époque, avec un article si vieux qu'on ne sait même plus vraiment qui s'en était chargé. C'est fou. Presque quinze ans.
 
Cette première tentative s'était malheureusement soldée par un échec complet, dans la mesure où le projet n'a jamais réellement réussi son décollage (encore une fois : contrairement aux inédits de Stan Lee qui continuent d'occuper les chercheurs d'or et les pilleurs de cadavres, l'héritage de Martin Goodman est largement méconnu du grand public). Les séries de l'époque n'ont pas été suffisamment longues ou suffisamment diffusées pour mobiliser l'attention ou la curiosité des nostalgiques. Mais force est de constater que Jason Goodman a de la suite dans les idées, puisque ce-dernier a fini par trouver un nouveau partenaire en 2019. A l'époque où l'ensemble des producteurs basés à Hollywood cherchaient à reproduire et à imiter le modèle Marvel Studios, un certain Steven Paul, responsable de la société de production SP Media Group et des films Ghost Rider et du remake occidental de Ghost in the Shell, avait signé un accord avec le petit-fils Goodman dans l'idée de monter un univers partagé de cinéma basé... sur les personnages Atlas/Seaboard chez Paramount Pictures.
 
Au moment de cette annonce, tout le monde s'était arrêté pendant quelques minutes pour imaginer l'application concrète de cet étrange projet. Sur quelle base ? Avec quels comics ? Et à destination de quel public ? Il aura fallu cinq ans aux deux responsables pour s'apercevoir que : effectivement, en l'état, le projet n'était pas forcément envisageable. 
 
Pas d'inquiétude : ce n'est pas parce que quelque chose n'a pas fonctionné à deux reprises qu'on n'a pas le droit de tenter un nouvel essai. Aussi, Steven Paul et Jason Goodman ont revu leur copie. Si l'univers Atlas/Seaboard manque de matière à exploiter, la solution est toute trouvée. Il suffit simplement de fabriquer de nouveaux éléments en reprenant les choses à la base. C'est ainsi que la compagnie SP Media Group a annoncé une nouvelle ligne Atlas Comics pendant la New York Comic Con. Vous ne l'aviez pas vu venir ? C'est normal. Vraiment.
 

 
Maintenant, pour développer les détails concrets : la relance de l'univers Atlas/Seaboard embrasse cette nomenclature sur un plan officiel, les comics en question seront donc présentés sous cette appellation. Les deux fondateurs se sont trouvés un partenaire important, puisque les titres concernés seront directement distribués dans les enseignes Walmart. Géant de la grande distribution aux Etats-Unis, comparable à nos groupes Carrefour ou Leclerc, cette énorme compagnie s'était déjà intéressée à l'exploitation de comics exclusifs lors d'un partenariat avec DC Comics mené par Dan DiDio quelques années auparavant. Pas besoin de lire dans le marc de café pour comprendre que SP Media Group a investi un certain budget pour s'assurer que la marque se lance dans les bonnes conditions. Pour cause : en plus des comics, Atlas/Seaboard s'est également associée à la société Mego Toys pour produire différentes figurines basées sur les personnages de l'enseigne. Celles-ci seront également distribuées en exclusivité chez Walmart.
 
Un communiqué de presse accompagne l'annonce :
 
"Atlas/Seaboard repose sur un trésor de personnages fascinants et une histoire profondément ancrée dans l'histoire des comics. Nous sommes ravis de pouvoir enfin refaire surface. La chance de perpétuer l’héritage de Martin Goodman et de partager cette expérience avec les fans de la New York Comic Con est un honneur pour nous tous, au moment où nous nous apprêtons à donner vie à une nouvelle gamme de titres à destination du public moderne."

En ce qui concerne le "trésor" en question, on sait déjà que des projets consacrés à DevilinaPhoenix, Grim Ghost et Hands of the Dragon sont actuellement en cour de gestation. A noter : Jeff Rovin fait encore partie de la fête cinquante ans après avoir déjà contribué à la création du premier effort Atlas Comics. Larry Hama serait également impliqué, mais aucune équipe créative n'a été annoncée dans l'immédiat. 
 
On nous précise (évidemment) que tout ceci appelle à la production de longs-métrages dans la foulée, à commencer par une adaptation de Devilina. Bref, la situation peut se résoudre de deux façons : soit quelqu'un s'apprête à perdre beaucoup d'argent à exploiter une obscure marque à peine connue des lecteurs modernes, soit le rêve de Martin Goodman va enfin se réaliser et certains personnages disparus auront enfin droit à leur heure de gloire. A vous pour les paris.
 
 

Corentin
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