Interrogé récemment par la rédaction de Variety, James Gibbons, président de la division Asie/Pacifique au sein du groupe Warner Bros., s'est exprimé sur le cas des productions développées puis le Japon. Entre autres choses. Gibbons a aussi évoqué un plan de croissance plus global sur l'ensemble du continent asiatique, avec une possible ouverture vers le marché du drama coréen, ou vers des œuvres de fiction pensées pour le public chinois. En ce qui concerne le Japon, celui-ci estime que la stratégie adoptée sur ces dix dernières années (i.e. : investir dans les studios d'animation sur place, et exporter ensuite vers l'international) a porté ses fruits. Au point de mériter un peu plus d'attention.
L'exemple de Batman Ninja
Du point de vue de
Gibbons, la méthode a effectivement plusieurs avantages : l'animation japonaise est un secteur en croissance, permet de cibler une démographie de consommateurs précise (les 18-30 ans, selon lui), et les diffuseurs étrangers sont clients. Le président du groupe explique que les séries d'animation se vendent à bon prix pour certains partenaires.
On se souvient notamment de Batman Ninja, distribué sur
Netflix. Ce petit succès d'estime en forme d'expérience inattendue a permis aux équipes de chez
Warner Bros. Japon de constater les résultats positifs que peut engendrer le métissage des licences
DC Comics dans le moule de l'animation nippone. Pour le conglomérat, l'opération s'est soldée par un bénéfice net, et a servi de tremplin
pour la série animée Suicide Squad Isekai de
Wit Studios.
"Nous travaillons sur des séries animées qui viennent de franchises externes (ndlr : Jojo's Bizarre Adventures, Valkyrie Apocalypse, etc). Mais il y a aussi des animés qui viennent de chez nous. Nous avons regardé l'univers DC Comics, et nous nous sommes demandés s'il était possible de prendre ces personnages et de les réinventer dans un style qui fonctionnerait en japanimation, ce qui n’est pas simple car il trouver la bonne façon de le faire. Vous devez travailler avec les bons studios pour y parvenir.
On a pu vendre certaines de ces productions à des partenaires. Ca a été l'un des facteurs déterminants. Et ça a très bien fonctionné. Alors, donc, comme on remarque que ça prend, nous allons intensifier cet effort. Les animés sont la meilleure façon d'atteindre la cible des 18-30 ans, une démographie souvent compliquée à cerner. A l'échelle mondiale, et même si ce n'est pas le cas sur tous les marchés, on voit qu'aux Etats-Unis, dans certaines parties de l'Europe et en Amérique du Sud, le public de la japanimation est très important."
Dans le même article, la rédaction de Variety rappelle que si la série animée Suicide Squad Isekai est attendue pour cet été au Japon, celle-ci devrait débarquer sur les territoires occidentaux d'ici la fin de l'année. Là-encore, pas de date de sortie officielle, et un long retard à l'allumage pour une production qui a déjà eu droit à plusieurs bandes-annonces et à une campagne de promo' soutenue depuis plusieurs moi. Là-dessus, James Gibbons et Warner Bros. Japan devront certainement travailler sur cette question des délais, si l'animation nippone doit devenir un vecteur de croissance pour le groupe sur les prochaines années. Apprendre à fluidifier le circuit de distribution, ou aller rencontrer des partenaires en amont de la production, plutôt que d'attendre que la série ou le film soient terminés pour commencer à vendre les droits à l'international.
Du reste, une stratégie qui devrait produire des résultats intéressants d'ici les prochaines années, si l'on se fie à ces deux premières expériences. N'hésitez pas à militer sur les réseaux si vous avez une bonne idée pour de futurs métissages (par exemple, une série animée Super Sons par le studio Science Saru, déjà responsable de Scott Pilgrim Takes Off ? Nous, on est partants).