Home Brèves News Reviews Previews Dossiers Podcasts Interviews WebTV chroniques
ConnexionInscription
Madame Web : Sydney Sweeney explique avoir accepté le film pour valider le reboot de Barbarella

Madame Web : Sydney Sweeney explique avoir accepté le film pour valider le reboot de Barbarella

BrèveCinéma

En prenant un peu de recul sur le sujet, l'échec de Madame Web passe finalement pour un objet d'étude intéressant à l'échelle du cinéma contemporain. Le stigmate d'une transition. Pendant plus de dix ans, le succès rencontré par Kevin Feige et Marvel Studios sur sa franchise en arborescence croissante a motivé une frénésie comparable aux grandes périodes de la ruée vers l'or. Un filon neuf à exploiter, vers lequel beaucoup se sont précipités, sans hésitation. 

Bien plus tard, sans avoir réussi à trouver l'équation miracle pour Spider-Man, Sinister Six ou la première ébauche de Venom, Sony Pictures a fini par manquer le créneau. Et bons retardataires de l'excavation, les équipes du studio sont donc tombées sur des mines vides, mises à sac, déjà pillées par ceux qui s'étaient pointés de bonne heure. Morbius s'est planté, Madame Web s'est planté, et le sujet de la fatigue des super-héros s'installe lentement mais sûrement comme une variable du présent, à considérer comme un risque à courir dans cette période de creux.

Mais alors : pourquoi ça continue ?

Dans cette période de temps calme, Madame Web est l'exemple parfait que l'on peut pointer du doigt. Pourquoi ? Parce que Sony Pictures a misé sur une actrice décidément incapable de parler la langue de bois. Depuis les premières interviews, Dakota Johnson n'a pas suivi la feuille de route traditionnelle des mascottes en tournée publicitaire, au point d'alimenter un contre-discours qui finira par agacer les pontes du studio. Puisque, les comédiennes et comédiens sont supposés assurer la promotion du long-métrage, quitte à donner dans le baratin habituel. A l'inverse, l'actrice qui se charge de camper Cassandra Webb dans le film de S.J. Clarkson aura plutôt eu tendance, de par sa personnalité, sa façon de parler ou ses habitudes de langage, à ouvrir sans le vouloir une boîte de pandore embarrassante. Un constat alarmant au sortir de la grève de l'an dernier : oui, les acteurs ont une langue, et oui, ils sont aussi capables de grands moments de lucidité. Forcément : si la star elle-même ne semble pas convaincue par la qualité de son produit, les réseaux sociaux ont tendance à se dire que la chasse est ouverte. Qu'on peut s'autoriser gaiement à rigoler et à critiquer, si personne n'est là pour opposer le moindre discours de résistance.
 
Et dans ce cas de figure, Madame Web aura pris un sérieux revers de volée. Aux Oscars, déjà, avec plusieurs vannes orchestrées par Jimmy Fallon et John Mulaney aux dépends de Sony Pictures. Mais aussi au Saturday Night Live, célèbre émission humoristique de la télévision américaine, qui avait accueilli l'actrice Sydney Sweeney récemment. Là-encore, celle-ci aura profité de son monologue d'ouverture pour moquer l'échec commercial de Madame Web, avec un certain degré d'autodérision. En définitive, un échec complet pour les financiers, incapables de résister ou de mobiliser les troupes pour sauver l'honneur, ou mettre la poussière sous le tapis. Sony Pictures a finalement décidé d'arrêter les frais, et de retirer le long-métrage des salles de cinéma aux Etats-Unis.
 
Une longue introduction, donc, pour dire quoi ? Que Madame Web aura su canaliser toutes les rancœurs de ces dernières années contre le cinéma des super-héros, en offrant à Hollywood une petite bulle d'air : enfin, ce genre qui aura dominé toute l'industrie sur plus de dix ans a été envoyé dans les cordes. Et l'échec n'éclabousse pas Disney ou Warner Bros., mais le profiteur tardif, celui qui n'a réellement pas vraiment de trophée ou de franche réussite à défendre pour équilibrer le bilan. Tout le monde a pu rire de bon cœur, sans vexer personne (ou presque), et la franchise agréable de Dakota Johnson a même permis de mettre des mots sur la réalité des vedettes en tournée de promo', comme pour fracturer le diktat de l'acteur enchaîné à son contrat. 
 
En ce qui concerne Sydney Sweeney, la comédienne sort comme la grande gagnante de toute l'affaire. Récemment, celle-ci a pu se livrer dans les colonnes de GQ pour une interview doublée d'un profil complet. Elle y évoque différents sujets, depuis son amour pour le cinéma d'épouvante jusqu'au rapport particulier que les producteurs ou le public ont pu entretenir à son image de bimbo, et puis, bien sûr, Madame Web. Là-encore, on appréciera la franchise développée dans cette prise de parole. Pour faire court : en pleine ascension, Sweeney estime avoir parfaitement conscience de ce qui s'est passé sur ce projet. Ce pourquoi elle a signé, et l'éventuel bénéfice qu'elle en tirera.
 
"Non, je veux dire, il y a forcément une formule différente quand on fait un film comme celui-là, c'était très différent de ce à quoi je suis habituée.

Pour moi, ce film était surtout une première marche, c’est avec lui que j'ai pu commencer à construire une relation avec Sony. Sans Madame Web, je n’aurais pas de relation avec les pontes du studio. Or, dans ma carrière, je ne signe pas un projet simplement parce que le scénario me plaît. Mais aussi par stratégie, pour ma propre entreprise. Grâce à cela, j'ai pu vendre Anyone But You. J'ai aussi pu avoir la validation pour monter Barbarella."

Plus haut dans la même interview, Sweeney explique aussi ne pas s'attendre à un contrôle créatif quelconque sur les projets sur lesquels elle n'officie pas en tant que productrice. En somme, à l'instar de Margot Robbie, la comédienne mise sur l'avenir, à des postes de contrôle plus importants, pour être aux manettes de sa propre carrière, via sa société de production Fifty-Fifty Films. Notez que la boîte porte bien son nom. 
 
A son échelle, Madame Web était effectivement compromis intéressant, dans la mesure où sa participation lui a assuré une relation de confiance avec Sony Pictures et la mise en route de deux projets sur lesquels elle a pu occuper un poste décisionnel. Et de ce point de vue, la formule fonctionne, puisque la comédie romantique Anyone but You (Tout Sauf Toi) s'est traduite par un succès au box office sur le marché américain (212 millions de dollars de recettes contre 25 millions de budget). Sweeney a eu l'intelligence de mener sa barque dans un objectif plus ambitieux que l'obtention d'un simple cachet de comédienne, et en attendant de voir la production du reboot de Barbarella avancer de son côté, le facteur de sélection reste finalement assez amusant. A savoir que le cinéma des super-héros (même en déficit) finance la création de films à plus petit budget, pour des acteurs, actrices ou producteurs indépendants qui savent jouer avec les codes du système. Comme quoi, Madame Web aura peut-être été utile à quelque chose.
 
On aurait envie de croire que ce discours plus libéré autour de la réalité des contrats à Hollywood aura peut-être un effet durable d'ici les années à venir. Ces échanges de bons procédés entre les vedettes, les metteurs en scène et les studios sont en réalité monnaie courante à Hollywood, mais l'avantage d'un échec de cette taille, c'est que personne n'a besoin de tronquer la réalité pour comprendre ce qui motive réellement les professionnels à venir travailler sur les blockbusters paresseux de cette catégorie. Finalement, Sony Pictures signe sans le vouloir un appel à faire les choses plus franchement - ou à faire de meilleurs films, pour brouiller les pistes. 
 
Corentin
est sur twitter
à lire également

Madame Web : un Honest Trailer qui tire sur l'ambulance, lui fout le feu, l'enterre, puis l'envoie ...

Trashbag
Y a-t-il encore quelque chose à raconter sur Madame Web qui n'a pas déjà été dit ? L'échec critique, le désintérêt public et le ...

Madame Web : fin de partie pour le film de S.J. Clarkson, qui termine sa course à moins de 100 ...

Brève
Le cinéma des super-héros enchaîne les échecs, et la nouvelle séquence temporelle amorcée depuis le début de cette année n'a pas ...

Madame Web : un bêtisier pour le film de S.J. Clarkson en amont de la sortie du blu-ray

Ecrans
La (longue) liste des qualités (indiscutables) du film Madame Web de Sony Pictures démarre par un élément tout net, qui fait ...

Madame Web : quelques costumes alternatifs (et une Cassandra plus âgée) dans les concept arts du ...

Ecrans
Pendant que le public assiste, désabusé, à la catastrophe Madame Web, quelques voix téméraires ont à cœur de comprendre ce qui a ...

Madame Web : Dakota Johnson extrêmement lucide après les retours négatifs sur le film

Brève
Ce n'est une nouvelle pour personne : les critiques dans leur ensemble n'ont rien trouvé à sauver au récent Madame Web - et de ...
Commentaires (0)
Vous devez être connecté pour participer