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The People's Joker : la réinterprétation queer (et non-officielle) du clown s'offre une bande-annonce officielle

The People's Joker : la réinterprétation queer (et non-officielle) du clown s'offre une bande-annonce officielle

NewsCinéma

Contre toute attente, Joker : Folie à Deux ne sera pas le seul long-métrage consacré au clown de Gotham City à voir le jour cette année sur le marché américain. Tournée sur fond vert pendant le confinement, la parodie The People's Joker va finalement être distribuée aux Etats-Unis, et se présente cette semaine par le biais d'une bande-annonce officielle. Projet curieux, le film se présente comme une sorte de commentaire déguisé sur le thème de l'identité de genre, qui emprunte la figure du Joker de DC Comics, et les représentations modernes du super-vilain (notamment, celle de Jared Leto dans le Suicide Squad de David Ayer et celle de Joaquin Phoenix dans la franchise de Todd Phillips). The People's Joker s'appuie sur des éléments de vie réelle - ceux de la créatrice trans Vera Drew (Who is America ?), actrice, réalisatrice et monteuse américaine, aux commandes du projet.

Le fan film devenu roi ?

Au premier abord, le résultat sorti d'usine a forcément une gueule assez curieuse. Et c'est normal. Au départ, The People's Joker est d'abord une œuvre communautaire, réalisée avec le concours de plusieurs centaines d'artistes confinés en plein pendant la pandémie de COVID-19. Ce qui signifie que l'essentiel des plans a été réalisé en flux par différentes équipes créatives d'un bout à l'autre des Etats-Unis (entre autres) avec les moyens du bord, et la production assume cette idée d'un long-métrage "fait main" avec trois bouts de ficelles. L'objectif n'est pas de révolutionner les méthodes de production, ni de s'inscrire dans la filiation traditionnelle du cinéma des super-héros. En définitive, le projet a plutôt l'air d'un fan-film défendu par une poignée de vedettes de l'industrie, pour soutenir un propos contestataire sur les débats modernes qui entourent le sujet de l'identité de genre en Amérique du Nord.
 
Et pour cause, le projet accueille différents caméos, parmi lesquels l'acteur Bob Odenkirk (Better Call Saul), mais aussi Lorne Michaels, le patron et producteur de l'émission humoristique Saturday Night Live. Mais aussi, Maria Bamford (Big Mouth), Scott Aukerman (Comedy Bang! Bang!) et Sarah Sherman (SNL). Des spécialistes de la comédie, donc, ce qui n'est pas forcément étonnant sur le papier. Dans la mesure où The People's Joker s'appuie sur une partie de l'héritage thématique posé par le film Joker de Todd Phillips, qui suit la transformation d'un aspirant humoriste, en allant piocher dans l'imagerie associée : les comédies-clubs, les talk shows à sketchs de la télévision américaine, etc. Vera Drew imagine une version alternative de cette même histoire, qui troque la descente aux enfers d'Arthur Fleck contre une Joker qui transitionne d'un genre vers l'autre. 
 
Une réappropriation qui tient debout, dans la mesure où le clown de Gotham City a souvent été présenté comme une figure androgyne, aux portes de l'identité queer. Frank Miller avait été l'un des premiers à développer cette idée d'un Joker ouvertement gay dans le Dark Knight Returns, et d'autres scénaristes (Tom King, Chuck Dixon) ont évoqué cette possibilité à l'une ou l'autre reprises. La théorie court sur les sites spécialisés et les forums depuis plusieurs décennies. Ce principe même de transformation, d'un super-vilain haut en couleurs, homme de scène, amateur de maquillage et de grand spectacle, a également pu être interprété comme un renvoi aux codes du cabaret ou du spectacle de drag par certain(e)s théoricien(ne)s. De fait, l'idée du clown est généralement associée au cirque, et dans la fiction américaine, cet environnement précis cadre avec l'idée d'une certaine marginalité, à la périphérie des valeurs américaines traditionnelles (en témoignent certains oeuvres de fiction : Freaks, American Horror Story, Rocky Horror Picture Show, etc).
 
Pour résumer, The People's Joker se présente donc comme une réappropriation assez curieuse, et à petit budget. Une version des faits qui aurait tendance à agacer DC Comics : le film devait au départ être présenté au Toronto International Film Festival 2022, mais les propriétaires officiels du clown ont ensuite décidé de faire déprogrammer le long-métrage, pour des questions de copyright. Et si l'enseigne est dans son bon droit, Vera Drew et ses équipes ont visiblement réussi à trouver une sorte d'astuce juridique, dans la mesure où le projet a tout de même réussi à trouver un distributeur au Etats-Unis. La société Altered Innocence compte effectivement exploiter The People's Joker sur les marchés d'Amérique du Nord, et Warner Bros. n'a manifestement pas cherché (ou pas réussi) à les en empêcher.
 
Dont acte. Une première bande-annonce a été publiée sur le web, assortie d'un synopsis officiel.
 
 
 
"Après des années à s'abrutir dans l'humour à coup de drogues, en inhalant le mystérieux composé Smylex, une clownette en herbe pas franchement rigolote se débat avec son identité de genre, son premier amour et ses vieux démons,  en fondant un théâtre de comédie illégal à Gotham City. Une histoire étrange de passage à l'âge adulte et l'origin story d'un Joker un peu différent. Réalisé sans l'accord de DC Entertainment et des studios Warner Brothers."

On imagine bien que le produit ne s'adresse pas à tous les publics (et on imagine aussi que vous n'hésiterez pas à nous surprendre dans les commentaires). The People's Joker est attendu pour le 5 avril 2024 pour une distribution limitée sur cinq grandes villes des Etats-Unis : Los Angeles, Austin, Denver, San Francisco et Washington D.C..
Corentin
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