Qu'on ait pris du plaisir ou non en salles devant Madame Web (ce n'est pas notre cas), la sentence est visiblement déjà tombée du côté de Sony Pictures. Avec des retours critiques catastrophiques, qui cette-fois ne seront visiblement pas suivi d'une bonne performance au box-office (à l'inverse des Venom ou même d'un Morbius qui était malgré tout allé à 170 M$ au total), le film de SJ Clarkson signe l'arrêt de tout développement potentiel de franchise, selon un état des lieux du Hollywood Reporter. Un papier qui montre également que certains exécutifs n'ont toujours pas compris que ce genre d'échecs n'est pas à mettre sur le compte de personnages féminins.
Plusieurs données intéressantes à retirer du papier du média spécialisé américain : d'une part, et c'est peut-être le chiffre le plus important : il a souvent été rapporté et communément admis que Madame Web pourrait se rentabiliser plus facilement que d'autres films de super-héros s'étant ramassé au box-office du fait d'un budget de production assez bas, estimé à 80 M$. Selon le Hollywood Reporter, le budget réel (et sans prendre en compte le marketing) tourne plutôt autour de 100 M$, une différence assez importante quant aux recettes que le film doit engranger pour espérer atteindre la rentabilité.
Madame Web n'a réussi qu'à ramener 26,2 M$ sur le sol américain en profitant d'une ouverture le jour de la Saint Valentin (fait rarissime pour un film de sortir le mercredi, quand le jour habituel aux Etats-Unis est le vendredi), une contre-performance soulignée par un autre record : le film de Sony Pictures a été le premier film de super-héros à ne pas être premier du box-office pour sa sortie depuis le Fantastic Four de Josh Trank en 2015. Selon le média américain, un gérant de cinéma explique avoir vu en direct, dès le mercredi, les pré-ventes de billets diminuer à mesure que les spectateurs demandaient à être remboursés de leurs places de cinéma.
Le Hollywood Reporter affirme que Sony Pictures va en conséquence réévaluer sa stratégie autour de ses films de super-héros, et que l'échec de Madame Web a mis à mort la potentielle franchise qui aurait pu émerger du film - à savoir celle d'une tutrice opérant autour de trois Spider-Women déjà teasées (et pourtant vendues sur l'affiche) du premier film.
Quant aux raisons de l'échec, les mauvaises conclusions commencent déjà à être rapportées. Un vétéran de l'industrie (non lié à Sony) rapporte au THR les propos suivants : "je ne sais pas si les femmes sont suffisantes pour porter le box-office [dans ce milieu]", renvoyant donc l'échec de Madame Web au fait qu'il met en scène des héroïnes, mettant de côté toutes les réussites qu'il y a pourtant eu dans ce domaine - avec le premier Wonder Woman, le premier Captain Marvel, voire même un Black Widow. En somme, on revient vingt ans en arrière en rejetant la faute sur le seul statut de personnages féminins pour évacuer la responsabilité du studio sur le film qu'ils ont produit. Comme si Elektra ou Catwoman étaient de mauvais films du fait de leur héroïnes, et non pas de leur scénario ou de leur réalisation.
Bien entendu, si le destin semble scellé pour ce pan du Sony's Spider-Man Universe (alias le Spiderless-verse pour les initiés), rien ne dit que la franchise ne trouvera pas de sursaut au cours de l'année 2024 avec Kraven (qui pourra être porté par le charisme de son acteur principal et la promesse d'un film d'action bourrin) et Venom 3 (porté par le fait que, on ne sait pas, mais porté quand même). A voir si Madame Web se rattrapera sur le temps long lors de sa sortie vidéo. Le film est toujours au cinéma, mais dépêchez-vous si vous souhaitez vraiment le voir en salles, il ne risque pas d'y rester longtemps.
