Au terme de 118 jours de conflit ouvert entre la SAG-AFTRA (Screen Actors Guild) et l'AMPTP, les deux parties ont fini par s'accorder sur un accord définitif pour la nouvelle feuille de route, qui devrait régir les différents métiers associés à la comédie et à l'art dramatique dans le cinéma et la télévision américaine pour les trois prochaines années. Les délégués syndicaux de la SAG-AFTRA ont approuvé le vote en comité, et celui-ci doit désormais être validé à l'unanimité par les membres avant la ratification, dernière étape de validation. Une formalité, mais qui permettra à la presse d'en apprendre plus sur les détails internes à cette dernière version des accords de branche, dont le contenu général n'a pas encore été décortiqué.
Rayon de soleil sur la colline
La grève de la SAG-AFTRA s'était lancée au mois de juillet, dans l'effervescence d'un coup de gueule général à Hollywood, après quelques années à assister à un accroissement des inégalités dans le partage de la valeur, notamment suite à l'accélération des productions en streaming direct. Après la pandémie de COVID-19, et après l'apparition de nouvelles plateformes dont l'entretien aura mobilisé l'essentiel de l'effort interne aux grands studios ces quelques dernières années, la Writers Guild of America et la Screen Actors Guild avaient alors décidé de monter au front pour remettre le salariat en avant, dans cette équation comptable à la faveur des multinationales de l'audiovisuel. Or, ce qui aurait pu n'être qu'une négociation de routine a vite tourné à la grève, à partir du moment où les studios ont inséré dans le calcul global deux notions inédites : un refus général de céder sur les nouvelles règles arrivées avec le streaming, et, surtout, l'envie de profiter des nouvelles technologies de l'intelligence artificielle.
Ces deux facteurs auront bloqué
pendant de longs mois les négociations entre l'
AMPTP et la
SAG-AFTRA. Jusqu'à récemment, dans la mesure où les dernières proposition des studios incluaient (notamment) la possibilité de rentabiliser les "doubles virtuels" générés par intelligence artificielle. En évoquant au passage des provisions du même genre pour... les acteurs décédés. L'IA aura représenté le principal point de friction au fil de cette longue séquence de grèves consécutives, mais le syndicat des interprètes assure aujourd'hui avoir obtenu des protections substantielles après cet intense bras de fer. Sans entrer dans les détails.
La SAG-AFTRA a expliqué à ses membres, dans une missive partie au soir de cette dernière journée de discussions du mercredi, avoir négocié un accord chiffré à plus d'un milliard de dollars de compensations sur les thèmes généraux des différentes demandes formulées à l'AMPTP. Notamment, une augmentation des payes en résiduels sur les productions pensées pour le streaming, supérieure à ce qu'ont pu obtenir les autres syndicats de professionnels à Hollywood sur le même terrain (WGA et DGA). Les pensions de retraite ont également été revues à la hausse, des engagements sur la protection de la diversité au sein de la profession, une meilleure défense des droits pour les figurants et les extras, etc. Là -encore, le détail n'a pas été présenté dans son intégralité.
Les représentants de l'AMPTP se sont aussi exprimés, visiblement heureux d'en avoir enfin fini avec cette période de tension éparpillée sur plus de six mois.
"L'accord préliminaire qui a été signé aujourd'hui représente un nouveau paradigme. Celui-ci accorde à la SAG-AFTRA le gain le plus important de l'histoire de la profession, de contrat à contrat, la hausse la plus importante des salaires minimums depuis plus de quarante ans, une nouvelle paye en résiduels sur les productions streaming, une nécessité de consentement et une compensation importante pour l'utilisation des doubles virtuels générés par intelligence artificielle, et des augmentations variées pour d'autres objets de discussion ici ou là . L'AMPTP est heureuse d'avoir signé cet accord et attend désormais que l'industrie se remette en marche pour recommencer à raconter les grandes histoires de demain."
Dans la foulée, quelques studios ont déjà commencé à réorganiser le calendrier, à présent que la brume se lève sur les agendas de productions et que les plannings peuvent enfin être pensés clairement pour les mois à venir. Oyez, oyez. La grève est finie.