Lentement mais sûrement, les éditions Oni Press (Oni-Lion Forge) sortent la tête de l'eau. Depuis l'entrée en fonction d'Hunter Gorinson, ancien des éditions Valiant, cofondateur de la curieuse maison Bad Idea et nommé à la présidence du groupe en décembre dernier, la compagnie, passée pas loin de la banqueroute, se cherche une nouvelle identité. Les premiers projets ont déjà commencé à tomber. L'idée, désormais, va être de réussir à exister sur un marché indépendant déjà saturé - et dans cette optique, Gorinson cherche pour le moment à appuyer une communication (enfin un peu audible) et à rassurer sur l'avenir immédiat de la compagnie.
ONI 2024
Dans la grande tradition du marché indépendant,
Oni Press a donc enchaîné après les annonces
de la San Diego Comic Con avec la traditionnelle liste des nouvelles séries prévues pour le début de l'année prochaine. C'est la coutume. Pour assurer de sa capacité à produire, les petites enseignes ont l'habitude de livrer les annonces par grappe, pour profiter de l'effet de masse. Une sorte de tactique "
Image Expo", dans le même style que ce qu'avait pu proposer
Mark Doyle au moment de relever le navire
IDW Publishing l'année dernière. C'est curieux, mais ça fonctionne.
Gorinson a donc décidé de bombarder sur la com', en regroupant l'ensemble des annonces sous un genre de "label" temporaire : ONI 2024. Une façon de dresser le pavillon, de dire que l'enseigne est là et compte bien reprendre le combat. On vous épargne la traduction des communiqués de presse plein d'envie qui accompagnent les communiqués de presse officiels, mais l'idée est à peu près résumée en quelques termes simples : relancer Oni Press, relancer Oni Press, et si possible, relancer Oni Press. Avec quoi ?
Pour l'heure, cinq séries entre les mois de décembre 2023 et d'avril 2024 :
En décembre, Invasive de Cullen Bunn et Jesus Hervas. Alors, forcément, dans la mesure où le scénariste (et authentique machine infernale) a posé ses valises dans la plupart des maisons d'édition indépendantes prêtes à l'accueillir, difficile de créer l'événement. Sauf que, Bunn est aussi le créateur des comics The Sixth Gun, un succès majeur dans la chronologie des séries Oni Press. Son retour est donc un signal important à envoyer dans le présent.
La série en elle-même suit l'histoire du docteur Carrie Reynolds, une légende de la chirurgie reconstructrice capable de véritables miracles dans son art de manipuler les os et les tissus musculaires de ses patients. En dehors du bloc opératoire, cette chirurgienne de génie va peu à peu sombrer dans le chaos lorsque sa fille, Heather, une ancienne accro' à la chirurgie plastique, est enlevée par une horde de malades mentaux. Lorsque celle-ci réapparaît, sous le choc, traumatisée, torturée, ses bourreaux lui a ôté ses cordes vocales. Heather n'est que la dernière d'une série de victimes du même genre, et malheureusement, la police ne parvient pas à remonter la piste de ces crimes affreux.
Carrie va alors prendre sur elle de mener l'enquête. Elle découvre rapidement l'existence d'un hôpital secret, dont l'objectif est de torturer et de mutiler les patients au scalpel. Ca va saigner. Le projet est prévu en quatre numéros. Les couvertures sont signées Jesus Hervas, Luana Vecchio, Brian Level et Jae Lee.
Pour le mois de janvier, Olivia Cuartero-Briggs (Mary Shelley Monster Hunter) et Roberto Ingranata (Witchblade) s'attaquent à Jill & the Killers, avec, là-encore, un parfum de tueurs en série. Jill Estrada est une adolescente comme les autres. Mais un jour, sa mère disparaît, et pour changer, l'enquête patine et le cas est vite rangé dans la catégorie des affaires irrésolues. Lors de son retour au lycée, l'héroïne découvre que les ado' de son âge se passionnent pour un nouveau service de jeu sur abonnement - le "Box Killers", un genre d'ARG qui propose aux joueurs de résoudre des affaires policières complexes.
Jill réalise rapidement que la partie n'est pas du tout fictionnelle, lorsque les indices l'emmènent sur la piste d'une série de disparitions inexpliquées à travers la ville. Le projet est prévu en quatre numéros, dont un premier annoncé à 48 pages de durée. Les couvertures sont signées Sanya Anwar, Marguerite Sauvage et Alison Sampson.
Pour le mois de février, Cemetery Kids Don't Die de Zac Thompson (Yondu) et Daniel Irizarri (Xino). Là-encore, il s'agira de jeu vidéo, et là-encore, on associe horreur et enquête. Comme quoi, Hunter Gorinson n'est pas difficile à convaincre si vous savez comment lui vendre le projet. Imaginez, donc, un monde dans lequel une nouvelle console de jeu vous permettrait de vous adonner à vos loisirs virtuels préférés - mais seulement pendant votre sommeil. La bécane s'appelle "Dreamwave" et vous propose, donc, de jouer à des jeux en ligne lorsque vous dormez.
L'environnement virtuel sert de point de rencontre à une bande de gosses qui s'amusent à explorer les confins d'un jeu en monde ouvert à dominance horrifique : le Nightmare Cemetery. Ensemble, ils espèrent pouvoir vaincre le boss de cette aventure connectée, à savoir, le King of Sleep. Et vous allez rire, mais bien sûr, un jour, l'un des quatre joueurs de la bande ne se réveille pas, condamné à erreur dans le jeu jusqu'au restant de ses jours.
Ses trois copains vont alors devoir explorer la carte pour le retrouver, le sauver, et découvrir les sombres réalités de Dreamwave et du Nightmare Cemetery. Sortie prévue en quatre numéros avec des couvertures de Daniel Irizarri et Dustin Weaver.
Toujours la nuit, toujours la trouille, mais cette fois en mars et avec Barry Gifford au scénario, le comics Night People se chargera d'adapter le roman du même nom de Chris Condon (écrivain, et aussi scénariste de comics passé par la série That Texas Blood). Plusieurs artistes se relaieront sur les planches des quatre numéros prévus, à savoir, Brian Level, Alexandre Tefengki, Artyom Topilin, et un dernier dessinateur secret. Le titre revendique une influence dans le cinéma de David Lynch, Lost Highway en particulier. Il s'agit d'une anthologie.
Le premier numéro suit l'histoire de deux ex détenues, tombées amoureuses lors de leur séjour en prison. Enfin libérées pour bonne conduite, les deux héroïnes vont prendre sur elle de se lancer dans une mission : libérer le monde de la tyrannie masculine, en tuant autant d'hommes que possible en chemin. A une exception près, puisque l'objectif va aussi être de tenter d'épargner une seule victime : l'avocat de l'une d'entre elles, un gentil monsieur que les héroïnes vont tenter de "rééduquer" pour voir si la chose est possible. La série promet d'explorer la psyché tortueuse de plusieurs personnages aux portes de la folie, dans une topographie très américaine inspirée par le cinéma néo-noir, le rétro' et les ambiances néon. Une promenade, quoi. Quatre numéros prévus, avec des couvertures de Brian Level, Joelle Jones, J.H. Williams III.
Enfin, pour le mois d'avril, Murewa Ayodele (I Am Iron Man) et Dotun Akande (Moon Knight: Black, White & Red) comptent opérer dans un genre très différent pour le projet Arkogun : Brutalizer of Gods. De quoi s'agit-il ? D'une série mythique, inspirée par Conan le Barbare. Le scénario évolue dans un âge très ancien de l'humanité, à une époque où les humains et les dieux foulaient ensemble le sol de la Terre. Dans ce contexte, un héros inspiré par Thor et Kratos va prendre sur lui de dégommer toute une batterie de divinités, en piochant dans les mythologies de Centre Afrique.
La série est présentée comme une épopée de fantasy sombre sur le continent fantasmé d'Alkebulan. Trois numéros étendus sont annoncés, sans couvertures variantes.