Vers une crise dans le milieu des comics ? Pas pour tout le monde visiblement, puisque, pendant que certaines compagnies licencient, d'autres recrutent. Les observateurs du marché ont pu remarquer une petite redistribution des cartes sur le secteur des indépendants depuis deux ans. D'un côté, la maison Oni Press a été reprise en mains par l'éditeur Hunter Gorinson, un ancien de chez Valiant et Bad Idea nommé en plein pendant la période noire : au bord de la ruine, la petite enseigne avait grand besoin d'une nouvelle commanderie pour retrouver un peu d'air frais face à une situation extrêmement compliquée. Quelques années plus loin, Oni est finalement parvenue à redresser la tête, avec de nouvelles créations originales, la relance de la marque EC Comics, un partenariat commercial avec le fabricant de jouets Nacelle ou l'univers de Sesame Street, et quelques grosses signatures occasionnelles.
Les Derniers Seront les Premiers
Même constat chez
Mad Cave Studios : la petite entreprise de Miami a pu sabrer le champagne au moment de fêter ses dix ans l'année dernière, en annonçant le retour de personnages vedettes du pulp comme
Flash Gordon ou
Dick Tracy, un partenariat avec
Comixology, l'acquisition des droits d'édition de la licence
Speed Racer pour les Etats-Unis, l'ouverture d'un nouveau label de créations originales
piloté par Joe Quesada en partenariat avec les équipes françaises de
Dupuis, et quelques projets ambitieux ici ou là. En somme, deux entreprises pas forcément en excellent état et qui se retrouvent soudain en pleine période de croissance. Dans ce genre de cas, on a besoin de bras pour assumer la cadence, l'afflux de nouveaux projets, pour encadrer les clients qui se bousculent dans le hall de l'immeuble. Alors on recrute à la timonerie et l'opérationnel.
La rédaction du site
The Beat a listé l'essentiel de ces recrutements éparpillés entre
Oni et
Mad Cave Studios. Certain(e)s arrivent directement de chez
Marvel,
DC Comics,
voire même de Diamond, une enseigne placée récemment en redressement judiciaire. On pourra toujours se satisfaire de savoir que ces anciens employés du géant de la distribution ont (déjà) pu se reclasser, au cœur d'une situation toujours plus préoccupante pour le salariat professionnel dans le secteur de la BD aux Etats-Unis. Voici toujours une petite liste des nouvelles recrues :
- Chez Mad Cave, Sarah Brunstade, ex membre du groupe Marvel connue pour son travail à l'édition de séries telles que Captain Marvel, Black Widow ou Aliens vs Avengers plus récemment, a été embauchée comme éditrice à plein temps.
- Même destination pour Troy Jeffrey-Allen, un ancien de chez Diamond Comics, a été recruté comme spécialiste du marketing numérique.
- Du côté de chez Oni Press, Allyson Gronowitz a obtenu un poste d'éditrice sénior. Autrement dit, une position de choix sur la gestion des créations originales de l'enseigne. Et ce n'est pas un hasard : pour avoir passé de longues années chez BOOM! Studios, celle-ci avait déjà édité la série Briar de Christopher Cantwell, un énorme succès commercial à l'échelle du marché indépendant, ainsi que les projets Eighty Days (A.C. Esguerra) ou Better Angels (Jeff Jensen). Ses six ans d'expérience chez BOOM! lui avaient déjà permis de prendre du galon, en assumant la supervision de toute la ligne Power Rangers jusqu'à récemment. Jusqu'au point de départ de Power Rangers Prime l'année dernière.
- Egalement en provenance de chez BOOM!, Elyse Raimo a été recrutée pour un poste de directrice administrative. Celle-ci aura donc pour mission de gérer des affaires comptabilité, de royalties et de financement.
- Ancienne de chez BOOM! et de chez TKO, Megan Christopher a signé chez Oni Press pour un poste de directrice des opérations. Une place au grand commandement de l'enseigne, en somme. Ce n'est pas un hasard : celle-ci s'était déjà occupée de lancer le projet BRZRKR de Keanu Reeves en plus de travailler avec Gronowitz sur l'exploitation de la licence Power Rangers au format comics.
- Azat Sayadi, une ex de chez Warner Bros. et DC Comics, obtient un poste d'assistance éditrice chez Oni Press. Il s'agit en réalité d'une validation de contrat au sens strict, dans la mesure où cette jeune pousse était déjà bien installée en interne (et avait même déjà attaqué le travail en compagnie de Christopher Cantwell sur le projet Out of Alcatraz).
- Enfin, Melanie Ujimori a signé pour un poste de relectrice. A savoir, les vérifications sur la traduction et les rendus des planches avant l'envoi définitif des copies vers les imprimeurs. Celle-ci était déjà passée chez Vault et DC Comics par le passé.
D'autres bonnes nouvelles à signaler : plusieurs des vétérans d'Oni Press ont aussi obtenu de monter en grade dans la foulée de cette bonne santé économique. Ce qui explique au passage cette période de recrutement, dans la mesure où certains postes ont mécaniquement été libérés une fois que ces salariés sont montés d'un étage dans la hiérarchie. En l'occurrence, la charrette concerne Spencer Simpson, qui obtient le poste de vice-président du marketing et des ventes, Jung Hu Lee, qui passe éditeur associé, Sarah Harding, nommée au poste de manager administrative, et Kaia Rokke, pour un poste de manager du marketing et des communications.