Comme tous les ans, l'approche des fêtes d'halloween est l'occasion, pour la maison Archie Comics, de se rappeler au bon souvenir du lectorat. Ou des quelques uns qui s'y intéressent encore. Une niche qui ne représente plus grand monde, à vrai dire - les quelques derniers irréductibles ont fini par user ce qui leur restait de patience lorsque, en grande pompe, Roberto Aguirre-Sacasa avait été annoncé pour reprendre l'écriture de la série Chilling Adventures of Sabrina (au numéro #9) après une longue pause de quatre ans.
A l'époque, tout le monde s'attendait à ce que le scénariste, forcément très occupé à Hollywood, s'arrangerait pour proposer un numéro qui permettrait de faire une pause un peu plus officielle (dans la mesure où CAOS #8 s'était achevé sur un cliffhanger). De marquer un entracte en résumé, de justifier le manque de numéros, d'opter pour une attitude qui assumerait enfin de ne plus faire poireauter ses abonnés sur de si longues périodes.
Or ? Ce ne fut pas le cas. Roberto Aguirre-Sacasa s'était alors contenté de produire un numéro de plus, comme si de rien n'était, comme s'il n'y avait jamais eu cette pause de quatre ans, et surtout, comme si la série allait reprendre sur une cadence régulière : CAOS #9 s'était, encore une fois, achevé sur un cliffhanger. Lui-aussi. Partant de là, l'auteur avait, encore une fois déserté. Pas de nouvelles de Roberto Aguirre-Sacasa dans le monde des comics depuis ce retour fugace - en automne, cela fera deux ans que CAOS #9 est sorti, et CAOS #10 n'a évidemment jamais été annoncé ou sollicité dpuis. Difficile de formuler un aveu d'échec plus explicite, surtout quand, en parallèle, Archie Comics avait annoncé un titre The Occult World of Sabrina pour poursuivre l'intrigue de la série Netflix en BD (par Roberto Aguirre-Sacasa et Audrey Mock), qui n'est jamais sorti.
Bref : Salut.
En attendant de voir si l'éditeur
compte suivre l'exemple de Valiant, en louant son catalogue à une entreprise peut-être plus intéressée par l'idée de produire des comics de temps à autres, l'offre d'
Archie Comics n'existe plus
que par le prisme de ces numéros spéciaux annoncés à intervalles trimestriels. La formule est généralement la même à chaque fois : choisir un personnage peu ou prou obscur de la maison, et l'insérer dans les codes d'un certain sous-genre de l'horreur. Cette fois, il s'agira de
Ginger Snapp, une héroïne très, très ancienne dans les productions de l'entreprise, et le sous-genre en question sera celui de la petite ville inquiétante, où tout a l'air normal mais où les habitants dissimulent un terrible secret.
Dans le canon traditionnel, Ginger n'est effectivement pas originaire de Riverdale, la ville d'Archie, de Betty, Veronica, etc, mais de Hilldale. Un autre patelin fictif de ces Etats-Unis de carte postale qui représentent fièrement la maison d'édition depuis ses débuts. En l'occurrence, dans le numéro Welcome to Riverdale, écrit par Amy Chase (Pop's Chocklit Shoppe of Horrors) et illustré par Liana Kangas (Trve Kvlt), l'héroïne se prépare à visiter Riverdale, après en avoir entendu parler depuis qu'elle est toute petite. Sur place, elle découvre que la réputation de la petite ville n'est pas usurpée : tout le monde est effectivement très accueillant, très sympathique, très souriant. Peut-être même un peu trop.
Effectivement, ces sourires chargées et cette bienveillance qui confinent à l'anormalité vont commencer à inquiéter Ginger, qui commence à se demander si quelque chose ne tourne pas rond dans cet environnement baigné de soleil où le moindre pèlerin est obstinément aimable et enjoué. Amy Chase explique avoir été chercher les tonalités de son histoire dans les films Les Femmes de Stepford et Pleasantville. On peut peut-être aussi rapprocher ce contexte de productions plus modernes, comme Schmigadoon ou The Good Place dans des registres plus humoristiques.
Un numéro en forme de mise en abyme de la naïveté historique des comics Archie, connus pour leur peinture idyllique de l'Amérique profonde et des petites villes de la campagne. Welcome to Riverdale #1 est attendu pour le 11 octobre 2023 (et donc avant CAOS #10, si vous avez suivi le début de l'article).
