Loi des séries (ou tradition obscure de Hollywood montée par une secte en secret, on sait pas), une autre vedette américaine sur laquelle les studios avaient décidé de miser gros se retrouve dans une tourmente médiatique. Récemment, l'acteur Jonathan Majors était arrêté par la police de New York pour coups et blessures. Le comédien est accusé d'agression et de harcèlement à l'encontre d'une jeune femme de trente ans, hospitalisée dans la foulée de leur altercation pour blessures légères. La victime portait notamment des marques de strangulation.
La jurisprudence Ezra Miller ?
La défense de Majors assure que tout ceci ne serait qu'un malentendu, mais le respect de la parole des victimes, le rapport des médecins, l'enquête ouverte par la justice américaine et la médiatisation de l'affaire posent de sérieuses questions sur le cas de cet acteur, bombardé nouvelle vedette de Hollywood en l'espace de quelques années. Voire plus exactement, de l'attitude à adopter du point de vue de ses employeurs. Si Marvel Studios a eu pour principe de couvrir ses vedettes dans le cas de scandales publics du même genre (à l'image de Jeremy Renner), l'embauche récente de Jonathan Majors sonne différemment, dans un moment de société où les studios sont observés de près pour leur engagement vis-à-vis de grands thèmes sociaux comme le féminisme, la défense des victimes de violence, etc.
Jeff Sneider, journaliste généralement bien rencardé sur les coulisses des grandes sociétés de production américaine, explique dans son podcast The Hot Mic que les pontes de Marvel Studios seraient actuellement en train d'étudier plusieurs options sur la gestion de cette crise en interne. Selon le présentateur, l'équipe de Kevin Feige aurait commencé à s'entretenir avec l'agent de Jonathan Majors pour discuter des suites à envisager. De fait, une condamnation ou un scandale public pourraient certainement cocher la case "breach of contrat", si la compagnie décidait de mettre l'acteur à la porte. Puisque le problème tient généralement là-dessus.
Par exemple, dans le cas du procès qu'avait intenté Johnny Depp au tabloïd britannique The Sun, les studios Warner Bros. avaient décidé de limoger la vedette suite à sa défaite devant les tribunaux du Royaume-Uni. Mais, dans la mesure où le contrat de ce-dernier ne comprenait pas de clause pour ce genre de situations, l'entreprise avait été obligée de verser à Depp son cachet en intégralité (plusieurs dizaines de millions d'euros). Si Marvel Studios entend se séparer de Jonathan Majors, ce genre de questionnements risquent d'entrer dans la balance - et puisque l'on parle ici d'un acteur engagé pour plusieurs films, et surtout pour occuper le rôle central de grand vilain de ces prochaines années dans la saga du "MCU", la décision ne pourra pas être prise à la légère.
Sous un angle très cynique, on imagine que
Kevin Feige a pu tirer un enseignement de l'affaire
Ezra Miller, un autre scandale grave de ces dernières années, et qui n'aura pas empêché l'acteur(ice) de conserver son rôle de
Barry Allen dans le film
The Flash. L'équipe de
Miller avait alors dégainé un schéma balisé :
excuses publiques, promesse de suivi psychologique, interviews quadrillées dans la presse pour retaper l'image de cette célébrité des réseaux, etc. Sauf que, le film
The Flash avait déjà été tourné avant le début de l'affaire. Et l'interprète de
Barry Allen ne devait de toutes façons pas revenir ensuite. Là où
Jonathan Majors a, une fois encore, signé pour une performance de plusieurs années et des productions autrement plus importantes qu'une oeuvre servant à clore un univers déjà en pourrissement.
Il n'est pas impossible que Hollywood décide d'opter pour l'habituelle technique de l'autruche, en attendant de voir comment évoluera l'affaire avant de prendre une décision. De son côté, l'armée américaine, qui avait signé Jonathan Majors pour différents spots publicitaires, a décidé de ne plus diffuser la campagne en question (en expliquant que "coupable ou innocent, il reste préférable de suspendre ces pubs en attendant la fin de l'enquête").