Les chats. Somptueux, racés, élégants, ces adorables boules de peluches sur pattes font le bonheur de milliards d'êtres humains à travers le monde. Leur ronron rassure, leurs coussinets attendrissent, leurs doubles paupières inquiètent, et leur présence dans le quotidien de l'être humain les expose nécessairement au détournement inéluctable du motif monstrueux. Le chat, par sa discrétion, son habileté à opérer dans les ténèbres et son attitude individuelle, a souvent été associé au mythe de la trouille nocturne. Aux sorcières, au mauvais présage, aux malédictions. Le chat existe aussi dans l'horreur (comme le chien) pour jouer sur le décalage entre l'aspect rassurant de nos animaux familiers une fois ceux-ci transformés en authentiques streumons.
Comme les enfants, les clowns, les poupées ou le marchand de glace
Le grand
Matt Kindt se prépare à investir le mythe du chat tueur dans une nouvelle série,
Hairball, éditée
au sein de son propre label accolé à la maison Dark Horse, Flux House. L'auteur retrouve
Tyler Jenkins, collaborateur régulier sur des titres tels que
Grass Kings,
Black Badge ou
Fear Case, pour cette mini-série en quatre numéros, ainsi que
Hilary Jenkins aux couleurs. Dans les colonnes du
Hollywood Reporter,
Kindt explique ne pas être un grand habitué (ou un grand consommateur) des formats relatifs au genre de l'épouvante, et a donc décidé de s'inspirer de sa propre expérience vis-à-vis de la condition féline, et de nos petits compagnons à quatre pattes tromougnons.
Le scénariste a effectivement passé sa vie en compagnie de chats, dès l'enfance, puis à l'université, jusqu'à ses premiers pas de jeunes mariés et de papa débutant. Et puis, soudainement, le bonhomme a fini par développer une allergie au pelage de ces sympathiques compagnons du quotidien. Une déchirure, dans la mesure où Kindt a été contraint de renoncer à fréquenter la compagnie de ses propres chats. Cette (curieuse) référence biographique lui aurait visiblement inspiré l'envie de s'approprier le sous-genre du félin de l'horreur, pour une mini-série que Mike Richardson, président de Dark Horse, n'hésite pas à comparer aux oeuvres de Junji Ito, Hayao Miyazaki et Stephen King. Parce qu'il a vraiment envie de vendre la BD.
Pour résumer, Hairball va donc s'intéresser à une jeune fille du nom de Anna, élevée au sein d'une famille dysfonctionnelle, et qui commence peu à peu à s'apercevoir que son chat serait peut-être responsable de l'ensemble de ses tracas du quotidien. La créature serait à l'origine de la discorde entre ses parents, lui murmurerait des choses à l'oreille la nuit, etc. Anna va donc tenter de se débarrasser de la bestiole, qui refuse toutefois de mourir pour de bon. Accessoirement, le chat en question serait peut-être aussi la seule chose capable d'empêcher un mal encore plus dangereux de s'en prendre à elle. Ainsi s'arrête le synopsis, sans plus de précisions.
Kindt et
Jenkins ajoutent que le bouquin naît d'une sorte de compromis entre les deux collaborateurs - l'un cherchant à écrire une histoire de drame familial, l'autre espérant plutôt oeuvrer sur une BD d'horreur. Le juste milieu du chat, bestiole associée au foyer et à l'enfance, aurait été choisi sur une base toute bête : contrairement au chien, on ne peut jamais réellement savoir à quoi pense un chat. Cet aspect énigmatique aurait apparemment motivé
Matt Kindt et l'aurait poussé à accepter l'idée d'investir ce créneau des histoires qui font peur, un registre qu'il ne côtoie pas
aussi souvent que l'espionnage ou le thriller.
A noter qu'Ella Kindt, la fille du scénariste, âgée de dix neuf ans et étudiante en art à l'université du Minnesota, livre la couverture du quatrième numéro. De la même façon que Hilary Jenkins ou Sharlene Kindt, les deux épouses coloristes de Matt et Tyler, le catalogue Flux House continue donc de s'agrandir en assumant cette proposition de grande entreprise familiale. Hairball #1 est attendu pour le mois d'avril 2023.