Incapable de s'arrêter de produire, Matt Kindt se réintéresse au genre de l'espionnage. Une catégorie d'histoires dans lequel le scénariste excelle - à la fois pour des longs formats à la Mind MGMT, ou sur de plus petites déconstruction amusées, à la Bang!. Le hasard veut qu'au moment où ces deux histoires s'apprêtent d'ailleurs à être adaptées par Netflix, dans la foulée de BZRKR sur lequel Kindt reste officiellement crédité comme coscénariste en compagnie de Keanu Reeves, l'auteur annonce un énième projet original dans la famille des espions et des manigances. Le titre s'appelle Spy Superb, prévu chez Dark Horse dans les murs de sa propre petite sous-société Flux House.
Loser Magnifique = Spy Superb
Cette nouvelle aventure se présente comme une sorte de comédie, détournement de l'idée de l'espion parfait à la James Bond à l'aise en toute situation et capable de déjouer seul les manigances des puissances adverses. En effet, le héros de Spy Superb, Jay, représente l'aboutissement du modèle, le pinacle de l'agent qui ne se foire jamais. Celui-ci est un espion si réussi qu'il ignore lui-même que c'est un espion. L'agence qui l'emploie se contente de le manoeuvrer à distance, et en évoluant dans des situations dont il ne comprend pas lui-même la gravité, ce personnage d'apparence bonhomme et sans rien d'extraordinaire réussirait à chaque fois à remplir sa mission malgré lui. Tout en échappant aux tueurs à gages, à la mafia russe et aux nombreux contre-espions qui tentent d'arrêter cette curieuse légende du milieu.
Jay se contente d'évoluer à travers la vie sans être seulement au courant de sa propre efficacité ou des conséquences de ce qu'il entreprend. Jusqu'au jour où il finira tout de même pas entrer en contact avec sa double-vie involontaire, en répondant à un coup de téléphone en apprenant un secret qu'un espion plus professionnel aurait dû réceptionner à sa place. Le héros va donc mettre un pas dans ce monde secret qu'il arpentait sans le savoir, et finir par s'auto-persuader qu'il serait peut-être bien l'espion parfait dont tout le monde parle en s'apercevant qu'il parvient effectivement à se sortir de chaque situation par maladresse ou par accident.
Un synopsis plutôt couillon (vous connaissez l'Inspecteur Gadget ? Imaginez le sans Sophie et Finot) qui repose apparemment sur l'effet Dunning-Krueger, un principe d'auto-persuasion qui veut que certains individus sont sûrs d'exceller dans un domaine pour lequel ils ne manifestent aucune compétence ou connaissance réelle. Un peu comme vous quand vous essayez de monter un meuble sans la notice ou d'allumer le feu pour un barbecue. Vous n'y arriverez pas, vous êtes nuls, arrêtez. C'est Matt Kindt qui l'a dit. De son côté, Mike Richardson compare Spy Superb à un amalgame entre John Wick et le cinéma de Wes Anderson, ce qui pourrait qualifier plusieurs oeuvres de la biblio' du dessinateur au demeurant.
Le Hollywood Reporter, à l'origine de l'annonce, ne livre pas de date de sortie pour cette nouvelle aventure prévue en trois volumes. Sharlene Kindt, artiste peintre et épouse du créateur, se chargera d'illustrer la série après avoir déjà oeuvré aux couleurs de Dept H.