Le scénariste Rodney Barnes, bouille connue des plateaux de tournage devenu en quelques années un auteur fidèle dans l'industrie des comics, se spécialise peu à peu dans les adaptations de concepts originaires de l'industrie du cinéma. Pour Dynamite Entertainment, l'auteur de Killadelphia s'attaque à James Bond et au pan Army of Darkness de la franchise Evil Dead, en tant de trouver des axes sociétaux susceptibles de cadrer avec son écriture, généralement engagée sur le terrain politique. En l'occurrence, le bonhomme remonte à la source de l'iconographie afro-américaine dans le cinéma de genre aux Etats-Unis, avec une trilogie de romans graphiques consacrée au héros Blacula.
Un Vampire à Brooklyn
Barnes s'associe une fois encore à son camarade
Jason Shawn Alexander pour les dessins de ces trois projets, dont le premier devrait tomber au printemps 2022
sous l'enseigne Zombie Love Studios. Grand fan de l'original de
William Crain, le scénariste explique avoir pris conscience de la possibilité de placer des personnages noirs au coeur du cinéma de genre en tombant sur le premier
Blacula (1972), responsable de tout un tracé de monstres classiques croisés aux idées et à l'imagerie de la
blacksploitation (
Blackenstein,
Sugar Hill,
Dr. Black, Mr Hyde, etc).
Considéré comme un pionnier de cette représentation précise dans le film d'épouvante, Blacula suit le personnage du prince nigérian Mamuwalde, interprété par William Marshall. Au XVIIIème siècle, celui-ci tente d'intercéder auprès du Conte Dracula en faveur des esclaves envoyés vers le Nouveau Monde. Le vampire refuse, et transforme Mamuwalde avant de l'enfermer dans un cercueil. Quelques siècles plus tard, le personnage réapparaît dans la société contemporaine de 1972 à Los Angeles, où l'allégorie du monstre devient vite une parabole vers l'esclavage et le racisme normalisé aux Etats-Unis.
Peu de temps après le succès du premier film Blacula au cinéma, Marvel réplique en inventant le personnage de Blade dans la série Tomb of Dracula (1973). Or, avant même de se tourner vers la bande-dessinée, Rodney Barnes travaillera longtemps pour l'industrie du cinéma et de la télévision à différents postes de responsabilité, en se chargeant notamment du scénario de nombreux épisodes des Boondocks, mais également des séries Runaways et American Gods. Il tiendra également un rôle d'assistant sur le premier film Blade (1998), comme pour sceller cette passion de jeunesse, à la fois tournée vers les comics de super-héros, le genre et la représentation des héros noirs américains dans l'héritage tardive de Blacula. Croyez en vos rêves.