Une nouvelle semaine a passé, et les sorties VO comme VF sont une nouvelle fois très nombreuses. Prenant notre courage à deux mains, l'équipe du site vous concocte une nouvelle fois la Checklist Comics afin de faire le tour d'horizon des sorties du moment. Qu'elles marquent l'actualité en faisant le buzz ou qu'elles resplendissent de qualité, voilà les parutions qui nous paraissent importantes à suivre cette semaine !
Bien entendu, votre chouchou a peut-être échappé à notre regard acéré, mais plutôt que de nous insulter, vous avez l'incroyable chance de profiter de l'espace commentaires pour nous indiquer quelles ont été vos lectures de la semaine, et le partager ainsi à tout le monde. Et comme ça on lit plus, ça fait plus de sous pour les libraires, les éditeurs, et le monde d'après a une chance de s'en sortir. Elle est pas belle la vie ?
Premier essai sensu stricto dans le creator owned de l'industrie américaine, Seven Secrets devrait continuer d'asseoir Tom Taylor comme l'un des scénaristes les plus bankables du moment. Il faut dire que Seven Secrets sait ménager ses effets, avec une introduction ici efficace, posant les grands concepts sans difficultés (un groupe d'individus qui voue sa vie à protéger des secrets trop puissants pour le reste de l'humanité) et ses personnages principaux - dont le jeune Caspar, immédiatement attachant. Taylor ne révolutionne rien pour le moment mais le bougre est efficace dans ce qu'il fait, on ne pourra pas le lui enlever. Daniele Di Nicuolo lui, livre une prestation soignée, et le trait aux influences asiatiques devrait séduire un public plus large que la moyenne des lecteurs de comics. Un peu comme une forme d'american manga ? Il faudra lire la suite pour s'en assurer, mais le premier numéro donne envie !
Qu'est-ce donc que ce truc, Big Girls ? En imaginant que la tentative de Hollywood pour ramener les monstres géants à la mode ait trouvé son public, il est possible que quelqu'un aurait cherché à faire un remake de l'Attaque de la Femme de 50 Pieds. Il est possible aussi qu'après Pacific Rim 2, 3 ou 4, quelqu'un d'autre aurait eu l'idée d'un crossover. Monstres géants contre femmes géantes, dans un décor de société post-pandémique en proie au chaos et à la dictature de la survie, entre Akira et Evangelion, voilà en quelques mots le pitch de Big Girls, série écrite et dessinée par le talentueux Jason Howard. Pas forcément aussi parodique que prévu, pas forcément aussi métaphorique non plus, la série va vite dans un rentre-dedans brutal et furieusement bargeot, à coups de meurtres de bébés infectés et d'allégories sur la place des femmes dans la société occidentale. Pour l'heure, difficile de se faire un avis (en dehors des planches, superbes) tant le projet ressemble à tout sans ressembler à rien. A voir si Howard saura tenir sa barque sur le long-terme.
La dinguerie n'est jamais totalement finie, avec un Grant Morrison toujours plus ample dans sa déconnade spatiale. Cette fois, le scénariste colle au plus près de sa promesse de série policière, avec de furieux échanges de tirs dans un convoi hospitalier, avec aliens-lions, aliens-anti-matière, et autres catégories d'aliens plus ou moins répertoriées. Le numéro va vite, la série reste rythmée et bien écrite dans l'ensemble, avec un Liam Sharp en forme qui charbonne pour livrer le maximum d'action à chaque single en rendant honneur aux idées farfelues du scénariste. Avec une promesse intrigante pour la fin de numéro (qui évoquera le passé d'Hal Jordan dans d'autres circonstances), la série reste l'un des immanquables de DC Comics à l'heure actuelle, et faute de saison 3, on reviendra pour les suivants.
- Commander chez Comics Zone (à venir)
On s'en doutait déjà avec l'incroyable cliffhanger du troisième numéro, Billionaire Island est bien la satire du moment qu'il nous faut. Russell est on ne peut plus déchaîné dans cette drolatique comédie d'espionnage, où l'on suit une journaliste et un activiste pris au piège sur Freedom Unlimited, l'île réservée aux plus grosses fortunes du monde, où tout est permis du moment que tu as le pognon qu'il faut. Concepts hallucinés (ce Business Dog, bordel), scènes loufoques et critique acerbe des inégalités de la société moderne, le titre se dévore avec un délice clairement non coupable si vous êtes un tant soit peu un sale gauchiste qui pense que la répartition des richesses se devrait, peut-être, d'être un peu plus équitable. De l'humour, particulièrement noir et grinçant par moments, mais quel bonheur. Mark Russell, vraiment, merci d'être là.
- Commander chez Comics Zone (à venir)
A la manière d'Urban Comics qui proposait il y a quelques mois les Dailies de Batman & Robin, Panini Comics se met aussi cette semaine aux oldies avec ce très joli album qui reprend d'anciens comics strips publiés autrefois dans la presse américaine (en dehors des comicbooks, c'était donc quelque chose de bien plus prestigieux), avec un ensemble de strips en noir et blanc, mais aussi les luxueuses pages du dimanche en couleurs. Tout une époque pour se replonger dans ces moments de lecture complètement différents de nos habitudes du jour, avec des histoires qui, forcément, ont un peu vieilli sur la narration, mais restent un trésor pour les amoureux des comics de patrimoine. Sur le livre en lui même, Panini a fait un très joli travail de fabrication, qui donne envie d'exposer le bouquin fièrement dans sa bibliothèque.
La série Docteur Fatalis de Christopher Cantwell et Salvador Larocca a trouvé son chemin pour rejoindre notre côté de l'Atlantique, le temps d'une première collaboration de six numéros entre le scénariste de She Could Fly et la Maison des Idées, imprimée par Panini. Bilan ? Passionnant, puis chaotique. Après une entrée en matière réussie, bien dialoguée et joliment illustrée, où se bousculent des concepts touchant à l'écologie ou à la géopolitique en Europe de l'Est, Cantwell cafouille dans la mise en route de son intrigue en milieu de volume. Plus verbeuse, plus confuse, moins évidente, l'aventure de Doom se mue en voyage initiatique de dictateur en pleine reconstruction après une cavale compliquée, avec son meilleur pote Kang, étrangement paumé dans ses propres réflexions peuplées de fumée violette. On ne sait pas trop quoi penser en reposant le tome, sinon que Cantwell a du talent, et aucun contrôle éditorial pour le guider. A suivre dans un tome 2 plus abouti, espérons le.
Dans la famille des retours périodiques de Garth Ennis sur le Punisher, la série Soviet a tout d'une bonne paire de pantoufles. Confortables, familières, réconfortantes quand il fait froid dehors. Le scénariste pioche une fois de plus dans son obsession paramilitaire pour rappeler que les soldats font aussi partie des victimes de la guerre, avec cette fois un rapport à la corruption et au passé trouble de la nation russe. Plutôt énervé, plutôt gore, le volume fait le boulot pour les fans de Punisher Max et du trait de Jacen Burrows, dans sa bonne moyenne, avec un polar bien mené et rythmé à coups de kalashnikovs contre M16 (ou le contraire). Bonne came, on attend maintenant Get Fury pour retrouver la version (géniale) du militaire borgne par Garth Ennis et Goran Parlov, d'ici peu.