Après la sortie de Joker et les nombreux records accumulés au fil de ces derniers mois par le film de Todd Phillips, d'aucuns espéraient peut-être que cet ample succès commercial inspirerait d'autres studios à se lancer dans les films violents, ou clairement identifiés pour adultes. En particulier dans le cas des adaptations de super-vilains en chantier chez Sony Pictures, qui se seront lancés dans la course avec les projets Venom, Morbius, et autres.
Des personnages généralement présentés comme carnassiers et prompts à la démonstration visuelle de gerbes de sangs, bras arrachés, jets d'organes et ablations diverses. Un temps,
Sony avait bien considéré l'idée
de faire du premier Venom un film classé R, autrement dit, permissif sur le plan de ce qui peut être dit ou montré sans s'imposer le carcan d'un ensemble choquant pour les plus jeunes. Là où il a été dit et répété que les oeuvres en
PG-13, une classification plus ouverte au tout public, n'étaient pas incompatibles avec la qualité ou l'exigence artistique, dans le cas de
Venom, celle-ci se sera imposée comme le stigmate d'une envie de ratisser large. Quitte à copier les mécaniques de narration et de style qui auront fonctionné autrefois.
Après le succès de Joker, Sony Pictures ne compte apparemment pas changer son fusil d'épaule - en toute logique, à défaut de faire le milliard symbolique, l'adaptation consacrée à Eddie Brock aura elle-aussi suffisamment fonctionné pour se rassurer sur la qualité réelle du projet. On ne change pas une équipe qui gagne - c'est en tout cas en ces termes que le producteur Matt Tolmach présente les choses, chez CinemaBlend.
"Je veux dire, oui, je pense qu'il est important de garder l'idée du Rated-R à l'esprit, maintenant que ça marche. Mais, cela étant dit, notre premier film a vraiment bien fonctionné. Notre franchise existe telle qu'elle est actuellement, et je ne pense pas que qui que ce soit attende réellement qu'on s'y mette pour dire 'hey, regardez, ils l'ont fait'. Nous avons une place dans cet univers des adaptations. Donc non, ce n'est pas comme si, du jour au lendemain, qui que ce soit se posait la question de la classification."
Des paroles claires, et probablement erronées, attendu que les critiques reprochant à
Sony de ne pas être allé au bout de son idée avec
Venom se seront faites entendre à de nombreuses reprises. Le fait que les équipes de
CinemaBlend posent la question à
Tolmach,
comme d'autres l'auront posée à Avi Arad, soulève le double jeu du studio, qui énumère à coups de millions de dollars les raisons de ne pas changer, quand
Warner Bros. aurait un milliard de réponses à leur opposer.
Toutefois, avec une équipe créative
sensiblement plus impliquée et un nouveau metteur en scène, la possibilité de tomber nez à nez avec un
Venom 2 suffisamment bon pour occulter le problème reste une hypothèse tout à fait envisageable. D'ici là, il ne reste qu'à compter les mois en tentant de répondre à la question : un film avec
Carnage qui ne s'autorise pas les gerbes de sang, est-ce vraiment bien raisonnable ?
Venom 2 est attendu pour le 2 octobre 2020.